mardi 26 mars 2013

Fire away



Une année sous le signe de Ben "regarde tout ce qu'on peut faire" Whishaw, vous l'aurez compris.

On va essayer de survivre jusqu'à la prochaine, même si on ne promet rien.

Je suis assez contente, en tout cas, ce soir, d'être là. 

 
Keep rocking, friends of mine.

vendredi 22 mars 2013

Live fast, die young

 [Bad girls do it well]

"Non mais tu déconnes ?"
Je repose ma fourchette de purée.
Je suis peut-être allée trop loin dans la confidence pour confidence.
Je mâchonne dans le vide, j'attends que quelque chose se passe dans cette cantine. Que le tapis roulant explose. Qu'un des cuisiniers pète un plomb et nous balance ses andouillettes panées dont personne ne veut.
"Tu déconnes pas ?"
Nop.
"Non mais tu plais aux garçons toi ! Non ?"
Cuillère de purée. Réflexion intense.
"Oui."
...
"Ah, mais c'est parce que t'en as pas rencontré cette année aussi !"
"Wala."
Oulala mais j'ai pris un yaourt dis donc. Au citron. Trop super.
"Ouais, en même temps je réfléchis mais j'ai personne à te présenter, on est dans un milieu aussi faut dire..."
Combien il me reste sur mon solde de cantine ? Oulalah, toussa.
Je fais de mon mieux pour paraître détachée mais, en vrai, je viens de traumatiser ma seule collègue qui s'intéresse à peu près à moi.
Je viens de lui dire qu'on n'allait pas tarder, grâce aux idées brillantes de mon #attachéedepresse (et stagiaire de l'hormone), à fêter mon premier abstiversaire.
"Mais genre t'as choppé personne personne personne ?"
Je parle vite fait du mec du Havre, je m'aperçois que j'ai zappé le (les) malencontreux de Bratislava, sinon, je tourne, retourne, reretourne mon année dans tous les sens et non. Personne. Rien qui n'ait passé la porte de mon appartement.

Il faut dire que je ne me souviens pas de cette année. Donc ça n'est pas tellement choquant. Elle n'a servi à rien d'autre qu'à me remettre du trauma de mai, je n'ai parlé à personne, rencontré personne, à peine perdu quelques amis.

Ce qui me rassure un peu c'est qu'il est vrai que dès que je suis out there dans un état d'ouverture d'esprit et de confiance en moi total, je suis magnétique. Paf paf paf bang bang, je comprends même plus ce qui m'arrive, mon tableau de chasse se remplit de lui même. Sans que j'ai besoin de lancer une pokéball. 
C'est l'effet "j'en trouve un, j'en trouve dix", parce que ce que ton voisin possède devient d'un coup vachement plus intéressant. 

C'est dans cet état d'esprit que je me suis inscrite à un site de rencontre un peu différent de ceux que j'avais parcouru pour mon enquête pour le blog de l'hormone (je suis le Bernard de la Villardière de l'hormone, le saviez-tu ?).

Depuis, les messages drôles, intelligents, et intrigants de la part de mecs drôles, intelligents, et intrigants se succèdent. Je me suis habituée au petit bip bip si particulier de "Untel vous a choisie, hihihi" "Bidule vous a envoyé un message, à la cool." "Machin vous a mis 5 étoiles et une gommette à paillette". Je regarde ces jolis gens défiler, en me disant qu'ils ont l'air bien, sympas, nice to see and soft to touch. Leurs messages me font gazouiller, caressent mes yeux dans le sens du poil et mes entrailles dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. 

Et pourtant.

Je suis bloquée.

Ca fait trois semaines que ça dure et que je n'ai toujours pas cliqué sur "Reply".
 Impossibilité technique. 
La réponse est là, dans ma tête, elle est bien, ciselée, Heightsienne. 
Je m'apprête à vivre de grandes choses avec ces inconnus et peut-être même me faire décapiter au cure-dent par le psychopathe qui, statistiquement, se trouve parmi eux. Mais non. 

Je peux pas.

Je suis toujours cassée. Ca commute plus à l'intérieur.

Je sais quel jour on est aujourd'hui et ça suffit à me tordre le sourire à l'envers. J'ai peur qu'il me ré-arrive un quifaitmal, c'est pas conscient, c'est mon corps qui bloque.

Mon état de choc s'étend, s'allonge et grandit, je n'ai bientôt plus besoin des autres, j'arrêterai alors de me demander "pourquoi j'y arrive pas" ? et je tracerai ma route sans ce besoin débile de l'autre, d'un autre.

So I kiss goodbye to every little ounce of pain
Light a cigarette and wish the world away
I got out, I got out, I'm alive but I'm here to stay
So I hold two fingers up to yesterday
Light a cigarette and smoke it all away
I got out, I got out, I'm alive but I'm here to stay



vendredi 8 mars 2013

I'll wait all on my own like a flower in the snow


Dans mon optique de "ressentir à nouveau quelque chose, n'importe quoi", je suis retournée sur les lieux de ma dévotion amoureuse saison 2009/2010.

Le rideau s'est levé sur un autre garçon, plus brun, tout aussi charmant - sûrement - mais pour qui je ne ressens évidemment rien. 

J'ai conclu cette excursion en glissant un "c'est difficile pour moi d'aimer qui que ce soit d'autre ici."


Cette année là, j'ai vécu high as a kite. 
Je vivais la nuit, dansais jusqu'au petit jour, dormais avec des rockstars et me réveillais pour rejoindre ma Sorbonne sur les coups des 10h, 10h30. 
Les heures de vide étaient comblées par des bières et des œillades à un serveur tout à fait regardable. Les cours suivant je tapais frénétiquement Ligne 3. 

Entre le Luxembourg, ma Sorbonne, Le Reflet, un Mk2 de l'Odéon et Gibert, j'avais reconstitué un petit monde tout à fait acceptable que je rechignais à quitter pour la ligne 4. L'immonde, l'ignoble.
Cette année-là, l'année de tous mes rêves réalisés, l'année où le manque de sommeil rimait avec monts&merveilles, avait débuté quand, en octobre, je crois, un blond solaire avait scotché tout mon moi dans son siège (pourtant fort inconfortable). 

Je crois que je me suis perchée ce jour là et que je ne suis jamais redescendue. Un de mes derniers amis hétéro t'a trouvé ton surnom et tu es devenu comme mon ombre. Comme si nous étions un couple, aux yeux de tous, tellement c'était évident que tant que tu serais dans ma tête, le reste de ma personne serait inatteignable.

J'étais dans une bulle de poésie et de pas légers, méconnaissable. En roue-libre. En auto-gestion. 
Je t'ai protégé comme rarement j'ai protégé un garçon. Même réel, même palpable. 

Je te cachais farouchement, jalousement.

Il y a des moments où je tombais dans le caniveau de mon rêve. Des moments de doute, de pleurs, de réveils échevelée, à la bourre, à la masse. Le doute n'a jamais porté sur toi, mais sur moi.

Un soir de pluie, où, gravissant ma rue, je m'imaginais ce que ça serait de rentrer et de te trouver, où, accablée, je me suis agenouillée près de mon ordi, après avoir découvert l'appartement vide.

J'allais sauter dans la douche avant d'entamer ma deuxième journée, de mettre mon masque d'ombre et de nuit, de sortir, vers un de mes autres chez moi. Et puis ton mail. D'abord la réaction du delete that fuckin' spam à cause de l'adresse italienne. 

Et puis la déferlante, comprendre, en analysant le mail dans sa globalité. Ne pas y croire. Ne pas garder de cri pour soi - ce serait imploser. Danser, hurler. Mais pas dans la rue, pas à cause de la bière et des shots. 

Parce que tu étais toi, tel que je t'avais toujours imaginé. 

La suite, on la connait, puisque tu ne fais plus tout à fait partie de ma vie maintenant. 
Tu es une icône de 2cm² dans un programme quand je te croise encore.

Ma vie ne ressemblera plus jamais à celle que je vivais quand j'étais encore sous le coup de ton aura. C'était une parenthèse, longue, pleine, merveilleuse. 

Je t'ai sûrement plus aimé que la totalité des garçons avec qui je suis sortie pour de vrai. Tu es à peine en dessous de mes rockstars et de mon panthéon - life achievement. 

Alors que tous regardent le grand brun, son grand nez, ses grands yeux, son joli jeu, je garde l'image d'un jeune prince que j'aurais probablement suivi au bout du monde. 

C'était bien.

dimanche 3 mars 2013

Misery loves company


C'est à l'ombre de cette pyramide que se sont faites la plupart de mes mises au points vitales de cette année.

Il faisait doux, trop, sûrement, pour que je me planque dans l'ombre. J'étais à Rome. Dans un sanctuaire des plus mystérieux pour moi, depuis l'adolescence.

L'endroit où Percy Shelley (qui me poursuit, de New York à ici) et John Keats sont enterrés.
Les grands esprits se retrouvent souvent dans la mort, j'ai remarqué. 

J'ai compris, en cet endroit divin, pourquoi j'ai presque été déçue que l'humanité ne périsse pas dans l'apocalypse annoncée (et tout juste avortée, au moment de ces réflexions). 

J'ai compris que, pour moi, l'Homme n'avait plus grand-chose à faire sur Terre. 
Les grandes avancées ne sont que des répétitions ou des corrections de ses erreurs passées (trouver des cures pour des maladies que nous avons encouragées voire créées). 

C'est dans cet état d'esprit que je relis Les Misérables. Que je me dis, que moi, en tant qu'éditrice, je ne fais pas mieux que le reste de l'humanité moderne : j'édite du grand public pour apaiser les peines, pour que les gens puissent s'évader. Je ne créée rien, je remue la boue, je sépare l'argile de la bouse. Rien de bien grand là dedans. Mes icônes sont invariablement des gens morts il y a longtemps ou qui ont vécu désabusés.

Je suis passée aujourd'hui devant ma rockstar. Oscar. Punk avant l'heure. Dont la mort, un orteil dans le 20ème siècle, aurait dû nous éclairer. Nous donner un indice.

Je me découvre profondément réac quand je vois mes aïeux disparaître. Disparaître pour de vrai. Plus de place pour eux, plus d'endroit où aller les saluer, même après le trépas. En cendres. Mes grands-parents, les seules personnes que j'ai jamais réellement admiré. Dont je tiens un sens de la dignité aigu, et peut-être quelques autres qualités... Pourquoi pas de pyramides ? Pourquoi pas de mausolées ? 

Je me suis fait peu à peu à l'idée de n'être rien, dans un monde où être quelque chose n'a plus la même valeur qu'avant. Si j'ai acquis la confiance que j'ai aujourd'hui, si j'ai réussi à enfin être sûre de moi, c'est surtout parce que j'ai compris que le reste n'en vaut pas la peine.

Qui lirait Hugo maintenant ? Quelle maison le publierait ? Et s'il était publié, quelle carrière il aurait ?

I am reaching, but I fall 
And the stars are black and cold 
As I stare into the void 
Of a world that cannot hold 
There is nowhere I can turn 
There is no way to go on....

Ca ne me donne malheureusement pas envie de me battre pour autant. Un des garçons ayant fait le plus battre mon coeur, dans ma vie, était pourtant un militant. J'ai toujours aimé les révolutionnaires. 

Je serai une éternelle amoureuse à sens unique des Enjolras du XXIème siècle. 

Je suis également accro aux garçons pour qui la vie est un éternel printemps. Justes et optimistes. Déraillant seulement (et de manière contrôlée) au nom de l'amour. Un amour qui les a enlevé au monde des mortels bien avant que je ne les rencontre, bien souvent.
Des Marius. 

Vous l'aurez compris, je me situe entre l'intransigeance dépassée d'un Javert et la vie perdue d'avance d'une Eponine (c'est d'ailleurs comme ça qu'on m'a appelé une partie de mon enfance, il n'y a pas de hasard). 

Je me prends à regretter le temps où je m'ennuyais. Le temps où internet était encore loin. Le temps où je n'avais aucun confort, et un cerveau constamment assailli par des réflexions intenses. Le temps où je croyais encore tout possible. Où j'avais la rage et l'envie. Où j'étais persuadée que je réussirai ma vie.

Car ma vie, la voilà, j'ai eu tout ce que j'ai voulu. Sauf l'amour. Parce que c'est ce que je veux profondément, et que ce serait trop facile - je resterai donc une misérable au moins grâce à ce manque absurde.

J'ai eu tout ce que j'ai voulu, à bientôt 25 ans. Je n'ai plus d'aspirations autres qu'un peu plus de confort. Histoire que le temps passe plus vite, jusqu'au jour où.