lundi 19 juillet 2021

Staying in my play pretend


[Where the fun, it got no end]


Je ne sais pas trop ce qui est passé par la tête de mes géniteurs quand ils ont cru que j'allais être douée en gymnastique, en piano ou même en casting pour jouer la fille de parents divorcés dans une pub Nescafés. Mais en tout cas, ils ont essayé, et ont appliqué une, ma foi, fort belle politique de l'autruche quand, manifestement, je n'étais bonne à rien, et surtout pas à cela. 

Ce que j'aimais, c'était écrire des livres mi-drôles mi-horrifiques, recevoir du courrier et y répondre, crapahuter avec des chats, inventer des jeux de rôle à la récré (et les interpréter avec des cobayes qui tournaient beaucoup tant j'étais épuisante), m'imaginer plus tard ou morte ou les deux et collectionner les cailloux ronds et gris dans la gravelle de mon Pépé et de ma Mémé. 

Effectivement, vu comme ça, mon CV n'allait pas être aisé à vendre dans les repas amicaux. La course à l'échalotte de qui a la fille la plus merveilleuse était perdue d'avance. D'autant plus quand je suis passée de "bébé mignon" à "gamine quelconque" sur le plan physique (je ne parle pas de l'adolescence ingrate, cela tombe sous le sens). 

Je lisais beaucoup, car j'y étais obligée, c'était la seule activité acceptée pendant une grande partie de mon temps libre, une activité où on n'échange surtout pas avec ses parents, où on s'isole, loin des yeux, histoire qu'ils oublient leur troisième enfant qu'ils "n'auraient jamais dû faire". 

Chez mes grands-parents, bizarrement, mes activités étaient plus diverses (mais pas moins étranges), j'observais les fourmis, je draguais les chiens des voisins, je m'inventais des missions divines, je respirais les roses et je tournais autour d'un poteau. Meilleurs hobbies ever.

Mes grands-parents, eux, m'adressaient la parole et m'écoutaient. Ils étaient souvent amusés de mes petits commentaires décalés, parfois ils me faisaient les gros yeux mais se mordaient beaucoup la joue pour ne pas sourire et m'encourager à dire trop de choses "qui ne se disent pas" "parce que c'est comme ça" "tu veux une péq' au cul ? Non mais !"

Donc j'allais dire ces choses dans ma tête, à mes amis imaginaires, à mon futur moi qui serait forcément brillante, talentueuse et réussirait tout, serait aimée de tous, enfin reconnue comme l'exceptionnelle unique petite étoile qu'elle était. 

Jmelapétais déjà pas mal, à vrai dire.

Si les autres ne me comprenaient pas, c'est forcément qu'ils étaient cons. Trop gamins. Trop filles. Trop garçons. Trop violents. Trop sportifs.

Moi, j'étais parfaite. 
C'est pour ça que les gens s'obstinaient à me torturer et à me critiquer, y compris ceux qui m'avaient imposé la vie. C'est parce que j'étais trop drôle, trop unique et trop intéressante.
La preuve : j'arrivais à leur raconter les pires mensonges et à les faire marcher. C'est bien que c'est moi, qui menait la danse.

Cette personnalité de diva s'est faite dépecer au collège où la part sombre a pris toute sa place, toute la place et n'est vraiment partie, petit à petit, que quand j'ai frôlé la mort, six ans après. 

Quand j'ai dit au revoir à ma grand-mère, j'ai aussi dit adieu à la dernière personne qui riait à mes blagues, et croyait tout pareil que ce que la petite Johnson pensait d'elle-même. Rien n'était trop beau pour moi, je méritais un amour sans limites. 

Alors parfois, pour une heure ou deux, pour le temps d'une escapade de quelques jours, je secoue bébé Johnson et sa grosse tête, je lui laisse la place et, moi, je la regarde mener tout le monde par le bout du nez. Créer un gentil chaos et se réjouir d'en tirer toutes les ficelles.

Au fond de moi, l'idée ne mourra jamais : I'm Johnsy of Asgard, and I'm burdened with glorious purpose.


dimanche 4 juillet 2021

I promise to never go outside again


Si Rachel Bloom et Bo Burnham avaient fait un bébé issu de leurs dépressions respectives, ce serait moi.


Ce que je préfère dans la vie, c'est la musique et faire rire les gens, je ne suis absolument pas douée dans la première catégorie et pour la seconde, disons que je choisis avec soin mes spectateurs, afin de programmer mes bides.


Johnson a toujours voulu être clown, avant même de rêver d'archéologie, mais bizarrement, elle n'en a jamais parlé. A part à Pépé, parce que lui l'avait vraiment été, Clown.


J'ai toujours détesté les ambiances trop sérieuses. J'ai toujours été celle qui blaguait pendant les enterrements, et il y en a eu beaucoup. Et quand on n'avait pas d'argent, étudiants, eh bien on avait des idées, et SingStar, pour s'égosiller sur This Charming Man, et faire un solo au score quasi parfait sur Life on Mars (eh ouais, ouais, qu'est-ce tu vas faire ?)


Donc oui, donnez moi de la musique, des ami.e.s réceptifs à mon humour mi répétitif, mi absurde, mi noir, mi calembouresque, des chats (y en a trois en ce moment qui squattent mon intérieur, à partir de quel moment il faut mettre un videur devant ma fenêtre et leur interdire l'accès ?) et je suis presque bien.

Pour être heureuse, il faudrait que je retrouve l'écriture, en régulier, et pour ma gueule, pas en vendant ma capacité à parler de tous et de rien tant qu'il s'agit de le faire avec un clavier et pas de vive voix. 

J'entame un virage, un saut dans le vide, je me casse d'une situation que beaucoup envieraient. J'ai attendu d'avoir un minuscule parachute, mais parachute quand même, et surtout, j'ai un système de soutien plus béton que des cheveux d'adolescents des années 2000. 

La chute est impossible quand j'ai trop de choses à faire, trop de gens à voir, et un espace sain où j'ai l'ermite pendant les 3/4 du temps restant.

J'ai toujours envie de brûler des cismecs, surtout ceux qui me préféraient bizarrement quand j'étais pas féministe tout en critiquant le fait que je me permette d'être militante maintenant alors que je me suis déconstruite sur le tard. Déjà, qu'ils l'ouvrent sur le sujet est une preuve qu'ils devraient s'immôler eux mêmes sept fois avant de parler. 

La colère n'est jamais loin, mes ami.e.s écoutent patiemment mes sorties vénère en hochant doctement de la tête, parce qu'ielles savent qu'après la tempête viendra le calme, et celui-ci sera marqué par une blague finale pour signifier que maintenant le second degré est à nouveau autorisé.

Je dois être chiante à vivre, ouais, à fréquenter aussi, mais pourtant, la plupart de mes connaissances de maintenant me subissent depuis avant. 

Hell, je deviens même le mètre-étalon des personnes à pét' au casque auprès de mon cercle à coup de "Si Johnson arrive à se stabliser, les autres n'ont pas d'excuses" (ne faites pas ça chez vous, chacun a sa progression, son chemin, son évolution, je ne suis un modèle pour personne et ne veux l'être).

Par contre, je suis la personne la plus folle (moi j'ai le droit) de mon entourage et bizarrement, celle que mon entourage appelle quand ça va vraiment pas, pour que je mette de l'ordre là-dedans. Ou celle que mes amies autruches fuient quand elles ne veulent pas qu'on creuse là où elles ont enterré leurs jolies têtes.

J'ai une utilité, et elle n'a aucun lien avec mon activité pro. Je l'ai compris tard. Déconstruire mon capitalisme est sûrement la prochaine étape, mais je suis en bonne voie.

Mardi, j'ai rendez-vous pour tout plaquer. Pour recommencer loin d'une situation toxique qui m'a tant apporté et tant coûté. En prenant mon temps, sans compromission. Et sans dire oui à la première boîte venue qui me traitera comme une cheap whore.

Je suis un phoenix, j'ai renaqui de mes cendres déjà, qu'est-ce qu'une fois de plus dans une vie qu'on peut stopper si tout va trop mal, sur une planète déjà condamnée, parmi des Hommes qui se sont déjà collectivement suicidés mais ne veulent pas qu'on leur rappelle ?

Et bon dimanche !