mardi 30 juin 2015

If the businessmen drink my blood


[Like the kids in art school said they would
Then I guess I'll just begin again
You say, "can we still be friends?] 

Il y a 10 ans, je venais de passer mon bac, je n'avais pas encore les résultats, et j'avais tué le temps en assistant à mon premier festival rock. Oh et j'étais amoureuse, et c'était réciproque.
La vie commençait, enfin.

J'avais orienté toute mon existence sur l'après ça. Le départ dans mon premier appart. Loin. Recommencer à zéro avec d'autres gens. Etre enfin moi, et peut-être, on sait pas, me faire des amis, et un début de carrière et et et... 

Quand j'ai fait pleurer ma psy, j'ai dû lui expliquer que de toute façon j'étais bloquée. Qu'il fallait que j'attende d'être partie pour commencer à vivre. Appréhender le concept même de liberté, même juste un peu. 

A l'époque, j'avais une idée plus juste et affirmée de moi-même. Je savais qui j'étais, et malgré tout ce manque de confiance, je savais ce que je valais. 

J'ai réussi à devenir ce que je voulais. Mais le problème a toujours été ce que je voulais. 

Et si j'avais toujours eu tout faux ?
Sur ma carrière, mes amis, mes aspirations amoureuses.

Ma seule certitude, désormais, c'est que tous les êtres qui m'ont aimé sans conditions sont morts à présent. 
Alors qu'est-ce qu'il reste ? 
Tout ce chemin parcouru ne m'a menée nulle part.

J'aimais bien la Johnson passionnée et sûre d'elle (même si en total trou noir de confiance en elle). Je l'aimais tellement bien qu'on l'appelait Slapette, et que les gens me trouvaient d'une prétention totale. Et quelques gens biens l'aimaient bien.

Une poignée d'entre eux a vu à travers, la vraie moi, avec les failles et les bosses et la fureur et le potentiel de destruction, d'elle-même comme de tout ce qui se dressait sur son passage.

L'une d'entre elle, peut-être la dernière à m'aimer depuis aussi longtemps, peut-être la femme la plus forte que je connaisse, peut-être la plus lucide quant à qui j'étais vraiment, et la plus réfractaire aux idées reçues, aux préjugés et aux a priori, peut-être la plus malchanceuse, plus que moi encore, mais qui s'est toujours battue, et doit à nouveau se battre maintenant, la bataille de sa vie, la bataille pour sa vie.

Si jamais le capitalisme réalisait des miracles, s'il permettait de faire l'ultime bonne action, je lui filerai de mon compte temps sans cligner des yeux. Je lui offrirai tous les jours qu'il me reste et ferai même un emprunt à taux dégueulasse pour lui permettre de retourner le sort en sa faveur. 
Pour qu'elle ait la chance de voir si ce qu'elle voulait en valait la peine.

Je ne supporte pas l'idée qu'elle puisse, peut-être, ne jamais le savoir, quand moi je gâche de l'air à le brasser. 

jeudi 18 juin 2015

You've all got boyfriends anyway




Ca discute sec du concept de l'âme soeur autour de moi, et tout le monde a l'air assez surpris que je n'y crois pas. 

J'explique alors assez rationnellement que c'est un truc de propagande chrétienne poussant à la monogamie, et que ça valait sûrement quand on avait une espérance de vie de 30 ans. 

Ma théorie, c'est qu'on a une poignée d'illuminations dans une existence. De personnes qui captent tout l'air d'une pièce et rendent très flou tout ce qui les entoure. De personnes qui échappent à toute logique : c'est juste eux. L'évidence.

Bien sûr, après une sale rupture ou une déception quelconque, on se vautre dans le drame et le grandiloquant et on a tendance à auréoler toute relation de la sorte.
Mais le contrecoup a lieu quelques mois après, quand on a la tête froide et les idées claires, et que l'évidence est toujours là et qu'elle fait froncer les sourcils.

Ca givre une vie, ça ralentit la progression, ça rend les autres moins savoureux. Ca donne envie de rétorquer tout le temps "oui mais lui...". 
Les non-regrets sont toujours en place, accompagnés de quelques "Et si...".

Quand, avec quelques coups dans le nez, je me pose huit minutes pour compter les étoiles, c'est toujours à la même personne que je pense.

Ca fait assez longtemps pour que je sache que ça ne passera plus. Qu'il fera partie des cendres des rencontres passées qui reviennent t'étouffer au détour d'un moment de faiblesse.
D'une soirée à l'air un peu trop doux, quand tu cherches sur quel torse appuyer ta nuque pendant un concert. 
D'un courant d'air qui t'enveloppe quand tu aurais aimé trouver, dans un demi-sommeil, un bras ferme.

C'est si injuste pour ceux qui tentent leur chance après. C'est si infamant que certains brillent plus que d'autres, impactent jusqu'aux odeurs autour de nous. 
C'est si terrible, qu'un simple souvenir soit la force en présence la plus puissante de votre vie. 

Je choque les quelques amis qui veulent bien écouter jusque là quand je révèle que certains soirs, quand je m'écoute moi même un peu trop, c'est à celui qui me tapait pourtant dessus que j'en appelle. 

Il me manque. Pour rien au monde je ne voudrais qu'il revienne. Mais il me manque. C'est le seul garçon de ma vie à avoir voulu passer tant de temps avec moi. Les autres n'ont fait que me fuir. 
Et s'il m'a repoussée quand même, et brisée, et humiliée, et anéantie, et... Il est le plus coupable, mais aussi le seul à avoir été réel, même si ça n'a jamais été officiel. Réel pour nous deux. 
Celui là revient peu, car faudrait quand même pas trop déconner.

Le dernier en date occupe une tâche d'arrière-plan continue, et ça commence à être relou. C'est insidieux. Pas réfléchi. Surtout pas voulu. 
Mes amis restent sur l'image de la Johnson virevoltante, avec un crush à chaque nouvelle lune, et pourtant, je suis sage depuis plus d'un an maintenant,et de toute ma vie, quand je respire bien fort et que je ferme les yeux, c'est vers l'un ou l'autre que mes pensées se jettent. Comme la voiture de James Dean. 

Ni bourreau, ni victime, juste des personnes qui vous marquent plus que d'autres.
Mais au fer rouge, dans les recoins bien chiants à atteindre de votre âme. 

Soulmates are real but = bullshit






mardi 16 juin 2015

When I feel heavy-metal




Je suis la meilleure des amies. Je me plierai en 4 pour briser en 1000 vos pires ennemis, et ce sans que vous ayez à me le demander. Parfois même, avant que vous ne réalisiez que cette personne vous veut du mal. Parce que Love > Justice.

J'ai ce Bad Gremlin en moi qui surgit avec un peu d'alcool, un peu d'agacement et beaucoup de curiosité quant à "qu'est-ce que ça fait si j'appuie là ?".

Alors l'autre jour, quand BadGrem a repéré un Dorian Gray, ses petites dents pointues se sont refermées sur les motivations douteuses du jeune homme et ne l'ont plus lâché.

Qu'est-ce qu'un Dorian Gray ? Un type à la beauté sans défaut. De ces beautés lisses, qu'on n'oserait même pas toucher tant elles rappellent des statues millénaires. Cette beauté allant, chez ces énergumènes, de pair avec un intérieur vérolé à l'extrême.
Du coup on n'en a pas l'air, mais on est pareils. Et il y a une sorte d'entente de façade. Le Dorian a besoin d'être regardé, choyé, admiré, et roucoule gentiment en faisant le moins possible usage de ses charmes, parce qu'il ne faudrait pas se fatiguer. Tout lui tombe dans la bouche, de toute façon.

Moi, je suis encore mi-Johnson tandis que je sens le Bad Gremlin prendre de l'ampleur, à l'intérieur. Alors le Dorian ne se méfie pas tout de suite, il ne me jauge pas comme un adversaire, encore moins comme un adversaire à sa hauteur, mais comme une plébéienne avec un peu d'esprit, sûrement capable de le distraire le temps d'une bière.

Car le Dorian a déjà sa proie, et il ne sait pas que je le sais. Sauf que manque de bol pour Dorian, il a choisi de s'attaquer à des gens que j'estime. Erreur fatale.

Avec mes coups d'avance, je commence doucement mais sûrement à avancer mes pions. Deux caresses dans le sens du poil et une claque. Deux caresses, une claque. Isoler l'ennemi pour mieux remettre en question son emprise sur la tablée. Faire remarquer innocemment son manque de substance. Le syndrome "coquille vide" qui caractérise nombre de garçons trop beaux.
Enfin, et surtout, me mettre entre lui et sa victime désignée. Elle est protégée, et je ne risque rien car je vois clair dans le jeu d'échec de cette soirée et que je n'ai aucun attachement à cet être.

Le dernier coup est porté, tout en subtilité, quand le vide est fait autour de lui, quand je l'ignore moi-même après avoir écouté ses tirades d'une oreille distraite, alors qu'il commençait à s'écailler en recherchant désespérément à se faire passionnant.
 
Poor Dorian. 
I just wanted to destroy something beautiful.  

Ma soif de sang étanchée, je laisse BadGrem prendre le contrôle total le temps d'une nuit. Elle l'a bien mérité.

C'est tellement pratique de mettre ses pulsions sadiques au service de l'amitié.
Tout le monde gagne, sauf celui qui en a l'habitude.

mardi 9 juin 2015

Nothing makes one so vain as being told that one is a sinner.



Je m'emmerde dans ma vie petite bourgeoise, dans ma petite bourgeoise de vie, que vais-je bien pouvoir faire aujourd'hui ?

Oh je sais ! Je vais écrire un livre. Peindre un tableau. Sculpter un homme nu !
Ah fichtre, je n'en ai ni le talent, ni la patience, ni les matières premières...

Qu'ai-je à portée de main de facile et d'immédiat qui pourrait me divertir ?
Mon homme ? Mon cochon d'inde ? Les recettes de ma grand-mère ?
Non, tout cela c'est si... quotidien. 

On s'habitue à l'amour comme à toute chose. Arrive un moment où il en faut plus, toujours plus. Alors pourquoi pas me servir du coeur inusité de ce courtisan qui me poursuit de son assiduité et essayer de le greffer à l'existence de cette gourgandine dont j'observe l'absence de vie comme la chose la plus exotique qui soit ?

Je serai le Dr Frankenstein de l'amour, je ferai battre en rythme ces deux coeurs dissonants : celui qui bat pour moi et celui dont je me suis entichée.

Oh ennui bientôt terrassé par mon ingéniosité ! Je serai l'ange bienveillant couronné, l'entremetteuse géniale qui aura tué deux oiseaux d'un même petit caillou. Oh quelle idée brillante. Je vais créer du bonheur à partir de rien. Devenir la bonne fée de deux vies qui n'ont rien demandées !

Puisque j'y ai eu droit moi, ça ne doit pas être très sorcier, d'insuffler des sentiments dans un désert ? De forcer deux intimités à se rencontrer ? 
Ca va le faire tranquille, et ça va remplir mes journées, de drames en retournements de situation, de déchirements en retrouvailles. Le happy-end est obligatoire. Mon exemple vaut loi.

Et qu'importe si l'un, ou même les deux, en paye le prix fort.
Je m'ennuie moi, et on ne s'apitoie pas assez sur mon sort...
 


mardi 2 juin 2015

If you want it you can lose, don't bother




Le couloir est vide alors j'ose un petit serrage de poing de la joie, discret, accompagné d'un demi sourire. Parce qu'il ne faut pas trop en faire, ma vie n'est qu'à moitié cool.

Elle a longtemps été complètement nulle, donc c'est une demi victoire. Une moitié de gain. 50% de chance d'être heureuse quand je me lève le matin.
Un jour sur deux. 

J'ai reçu une brouette de bonnes nouvelles, donc je profite d'être seule dans ce couloir pour évacuer un peu de cette vapeur euphorique qui est montée en moi. J'ai peu l'habitude.

"ouais enfin bon, avec ça on est toujours seule."

Allons bon.

"sérieux. C'est pas une réussite ; tu n'es pas considérée ou reconnue : tu es utile, tu es une petite main de l'ombre qui fait son job et à qui on demande rien d'autre, parce qu'on souhaiterait surtout pas qu'elle s'éternise plus que nécessaire dans le coin."

Mon petit poing se desserre, mon sourire fond en une resting bitch face tout à fait habituelle, et je reprends mon chemin. Les épaules un peu moins tendues et nouées que de coutume.
C'est déjà ça. 

"ne crois surtout pas que tu as ta place où que ce soit. Tôt où tard, ça s'envole. Les gens s'approchent, voient ce qu'il y a vraiment à l'intérieur et fuient."

Je sais.

"n'oublie jamais que le seul mec à qui tu as plu en trois ans a carrément préféré la solitude à ne serait-ce qu'apprendre à te connaitre."

Oui, c'est vrai.

"tu es juste là au bon moment, au bon endroit. Une habitude dans la vie des autres, quand ils ne t'oublient pas, tu ne fais aucune différence. Tes seules victoires, tu les remportes dans les endroits où tu es remplaçable. Personne ne fera de toi la personne centrale de sa vie. Tu ne fais que passer. Alors baisse la tête, et rentre chez toi."

Chez moi.