lundi 16 septembre 2019

I fought the law

[Chat féliniste pas content]

Mon tote-bag tête de mort a beau être rigolo, parfois il est très premier degré. 
C'est pour ça qu'il se retrouve plein de traces de colle séchée (qu'on dirait autre chose, mais j'ai arrêté les hommes donc bon). 
A Lisbonne, je me prends à rêvasser devant des murs vides qui n'attendent qu'un coup de brosse de mes mains agiles pour que je le recouvre de messages anti-féminicides.

Mais bon, les copines sont pas là, et l'attirail passait pas à la sécu d'Orly, alors je me contente de participer à la lutte sur whatsapp (I KNOW c'est pas sécurisé, lâchez moi les ovaires).

J'étais assez chonchon de partir en vacances au milieu de nos vagues d'action qui prennent place pendant tout le grenelle de Marlène S. mais les billets étaient pris avant que je ne me mette à parcourir les rues pour y réclamer notre place. 

Juste avant de mettre les voiles, je voyais aussi pour la dernière fois ma psychiatre, qui m'a déclarée sortie de la zone d'état d'urgence mentale. (En même temps, une meuf suicidaire qui s'endette sur 20 ans, c'est plutôt bon signe). Elle m'a glissé que ce qu'on faisait avec un réel impact sur sa patientèle et que de plus en plus de femmes parlaient de leurs situations de violences conjugales grâce à nos témoignages et notre volonté de péter les dents au silence.

Alors voilà, c'est un peu rapide pour beaucoup de gens, mais j'ai vécu l'agression de trop, celle du non-retour, celle qui me pousse à me prendre de la colle dans les cheveux et peut-être une amende ou deux. 

Si j'ai viré les mâles non déconstruits de mon chez-moi, le boulot est loin d'être fini : la rue est à moi aussi. Grâce à ma pote Slou, j'ai un casque pour écouter de la musique qui sert de repousse lourdeaux, mais parfois, ça ne suffit pas. Et, les gars, maintenant que j'ai décidé de ne plus me laisser faire, mieux vaut que vous compreniez que si j'ai quelque chose sur les oreilles, un sourire de bull-dog et que je vous fusille du regard. 
Parce que j'ai aussi un poing américain électrique à la maison.

Il n'y a pas de good guys, seulement des mecs qui ne réagissent pas quand leur pote agresseur leur raconte ses méfaits. 

Et si tu sens agressé par cette phrase, c'est que tu fais très certainement partie du problème.

Je crois même que les mecs les plus dangereux sont ceux qui se consolent en se disant qu'eux sont au-dessus de ça. Vous ne l'êtes pas. Je ne suis pas sûre qu'un quart d'entre vous agirait s'il voyait une femme se faire harceler dans la rue, mais sans aller jusque là, combien seraient prêts à aller voir leur patronnat pour réclamer des paies égales pour leurs consoeurs et eux-mêmes ? 
Oui, c'est bien ce que je pensais.
Non pas que j'aie énormément de mecs non-déconstruits dans mes lecteurs. 

La bagarre de la rue c'est aussi la rendre plus propre : pourquoi sentent-elles la pisse ? pourquoi nous ne pouvons pas nous balader le nez en l'air au clair de lune sans craindre de s'entendre siffler (ou bien pire) ? pourquoi est-ce qu'on évite certains quartiers ? qui nous harcèle dans le métro ? 

Vous avez la réponse.

Parce qu'on a jamais vu une femme baisser son pantalon pour se frotter le clitoris en regardant lascivement un ado se rendant au collège.
L'inverse est quotidien. 

Donc mon tote-bag tête de mort, mes fringues pleines de colle et moi, on revient à Paris dès demain.
Et on récupérera la rue.

dimanche 15 septembre 2019

Their eyes look like my eyes

[Chaõ, seul mâle dont j'ai requis l'attention depuis a long long time]


Il a fallu attendre un dimanche pour passer enfin une chouette, très chouette, journée lisboète. 

Bien sûr, si j'avais été dans mon état "normal", je n'aurais jamais pris des vacances censées être reposantes dans un endroit pareil.
Je ne supporte pas la chaleur (et la chaleur commence pour moi après 25°), je déteste le bruit, la crasse et les villes pentues. 

J'ai été servie, moi et mon cerveau complètement en vrac qui avons fait notre valise de manière totalement anarchique et bigarrée. C'est à dire que mes chaussures ouvertes les plus confortables ont été portées et reportées et leur semelle est légèrement lisse.

Autant vous dire que les ruelles à pic de Lisbonne c'est un peu l'aquaboulevard pour yours truly. 

Ça et le fait que je suis arrivée par une compagnie low coast dont le personnel ne sait pas si notre destination était dans l'espace Schengen ou non, avec 30 minutes de retard, en plein cagnard, dans une station de métro où tous les escalators/ascenseurs étaient en panne. J'ai donc porté ma valise (ciel, que c'est dur d'être une femme célibataire et globe-trotteuse !) en faisant un détour d'1 km dû à une sombre histoire de mauvaise sortie de métro.

Une fois arrivée à mon adresse, j'étais seule dans un gigantesque appartement découpé en plusieurs chambres, seule avec Jean-Porto, le proprio, qui, dans son petit polo bleu, adorait répéter mon prénom (première cause de jugement de ma part, continuez, je vous trie comme ça) et d'inventer la moindre occasion de me toucher. 

Jean-P m'a dit qu'il me fournirait des serviettes de toilette "plus tard", moi j'ai hoché la tête, mais sans savoir que, de guerre lasse, j'allais me résoudre à me sécher à l'air libre car pas de serviettes avant le lendemain matin.
Pas de savon non plus. Nulle part.
Même pas pour les mains.

J'ai failli voler le liquide vaisselle - parce qu'étant venue en avion LOW COAST j'avais pas ma panoplie l'Oréal voyez-vous - et puis finalement j'ai repéré la salle de bains sur les trois où un nigaud avait oublié de remballer ses shampoings. Je me suis donc servie allègrement et depuis je sens le Axe XXX for menly men (les mouches adorent). 

Bref, après plusieurs déconvenues - des restos pas aussi bons que les guides le prétendent, rien de végé nulle part, des trucs fermés ou semi-fermés où on t'informe de ça qu'après avoir payé ton billet, j'ai fini par passer une journée fantastique, ce dimanche.

Je me suis réveillée en stress, comme depuis mon arrivée. Je n'arrive pas à me détendre et je fais des rêves étranges. J'ouvre la fenêtre et m'aperçois que pour la première fois depuis mon arrivée il n'y a personne dans les rues et tout est extraordinairement calme.

La température est également plus clémente, et je vois des nuages à l'horizon. 
J'ai du mal à me décoller la croupe de mon lit Qwing Size (je rentre de toute ma longueur dans sa largeur, c'est génial comme concept) et finis par mollassement me traîner au jardin botanique où un premier quiproquo a lieu avec le mec de la billeterie (car le billet est obligatoire, c'est écrit en gros et en rouge) qui me dit "it's truie" je m'apprête donc à repêcher trois pièces d'un euro quand il me répète "it's truie" je lui fais signe que j'ai bien entendu, mais que j'ai des petits doigts potelés et non agiles et que ça se pêche pas on demand trois pièces de un euro. Je remets le nez dans mon porte-monnaie et il s'énerve : "IT'S TROUIE YOU DONNE AVE TOUPET !" 
Alors je suis quasi sûre que ça se voit que je n'ai pas de perruque, donc je le regarde d'un œil obscur et il me fait signe de passer.
Donc le billet est obligatoire pour une entrée obligatoire et TROUIE veut dire "free" en anglais portugais. 
Je suis beaucoup plus instruite quand je parcours les allées pleines de succulents (avec la voix de Mr Burns disant "Exceeellent" dans la tête pendant toute la balade). Il y a aussi des gros cactus (cacti ? cactem ?) et des WC publics qui sentent pas le muguet.



[J'en profite pour chopper des idées déco pour mon appartement de propriétaire]






Bien sûr, les serres sont fermées et en travaux, comme 80% de ce pays. 
Là, j'ai un choix à faire, soit je sprinte sa race pour arriver au premier cimetière de la journée (que personne ne me juge je vous préviens) soit je dois revenir demain et c'est tendu lulu. 
Me voici donc avec mes chaussures glissantes et google maps au poing, en priant St Vincent de pas péter mon smartphone sans qui je serais incapable de rentrer à l'hôtel ou chez moi. 

J'arrive finalement dans un charmant petit cimetière britton nommé logiquement "Cimeterio des inglese" qui a la bonne idée d'être ouvert seulement 2/3h par jour, si bien que les lève-tards comme moi arrivent échevelées pour profiter pleinement du calme et de la quiétude des lieux. 









C'était chouette. C'était petit et chouette. Et ça tombait bien parce que je commençais à avoir faim. Comme on est dimanche et qu'ici tout le monde est à la messe de 7h à 22h, je me dis que le mieux à faire c'est de sandwicher dans le parc attenant. Oui, au milieu des enfants qui ont une semaine d'énergie accumulée à dépenser.
En fait, ça s'est super bien passé.

Je me suis quand même éloigné dans le second point snack du parc pour prendre café et ginger ale (il n'y a qu'en France qu'on ne voue pas un culte au gingembre, je pige pas pourquoi). L'espace d'un moment, je me relaxe vraiment, et je vis un chouette moment... jusqu'à ce qu'un touriste fasse peur à un pigeon qui fonce dans mon verre et me le renverse dessus. 

Maintenant je sens le Axe et le gingembre. Les mouches m'aiment d'autant plus.





Je fais un détour par une église avec puits de lumière plutôt badass avant de tracer jusqu'au 2e cimetière de la journée, comparé, comme tous les cimetières monumentaux, au Père-Lachaise (mais ils ne l'égalent jamais)(bisous bisous Oscar). 

Je passe le portique gigantesque et le premier truc que je vois après le gardien patibulaire, c'est un chat. Je m'écrie donc "Chat !" en me dirigeant peu gracieusement vers lui telle un bébé d'un an. Bien sûr, il se réfugie sous une voiture et me voilà à quatre pattes en train d'appeler ce chat "chat" dans plein de langues pour voir laquelle fonctionne le mieux (il s'avère que c'est "mushi mushi", eh oui). 

Puis je me dis qu'il est temps de se poser un peu, je me dirige donc vers un banc, mais je vois qu'un autre chat y est affalé. Je ne veux pas le déranger alors que c'est l'heure de la sieste alors je vais vers un second, qui est aussi occupé par un félidé, et ainsi de suite. Je finis par m'asseoir à côté d'un chaton noir qui ne semble pas avoir confiance quand je lui affirme que je viens en paix. Ce banc est trop petit pour son fessier et le mien, alors il s'en va, en me jugeant fort, sa maigre carcasse roulant du cul entre les caveaux.







Ce cimetière était très beau mais un peu trop propre à mon goût et somewhat malaisant. En effet, les caveaux monumentaux ont des portes vitrées. Jusqu'ici c'est plutôt classique. Mais pour une raison (que je suppose être les mouvements de sol) ou une autre, les morts sont entreposés en lits superposés sur des étagères à la vue de tous.
Dans leurs cercueils sous des napperons faits mains par tata Amalia, mais tout de même.
Je baisse les yeux et discute avec les chats et les pigeons, qui ont signé un traité de paix pendant les heures les plus chaudes et se partagent les coins d'ombres sans sourciller.

Puis je tombe sur Jean-Chaõ, qui est comme les petits fantôme dans super Mario : il s'approche de moi seulement quand j'ai le dos tourné. Je comprends que c'est pour chiper dans mon sac, mais je n'ai aucune bouffe pour lui malheureusement, et on finira par jouer ensemble et lui me parlera beaucoup mais sans que je puisse le toucher.









J'en croise une bonne vingtaine, tous amochés, faméliques ou atteints de maladies dégénérescentes. Ils ont l'air d'être entretenus ici, alors j'ai le coeur moins gros que si je les avais croisé en pleine rue. 

Je me dirige vers la sortie quand je vois un caveau entouré de rubalise, je m'aperçois que le toit est à l'envers, à terre, je l'examine vite fait avant de m'apercevoir que les cercueils en coloc et leurs napperons sont... à ciel ouvert, tout simplement.

Gros gros malaise s'en suit.

Je suis un dédale de rues jusqu'aux rives du Tage. Le quartier est fort joli, et je m’assois à la locale, sur une marche devant une porte pour reprendre mon souffle et profiter. 
Lisbonne c'est beaucoup de cardio. Là, un moment de silence époustouflant me prend. Tout est en phase. Ca ne dure qu'une poignée de secondes, mais je suis définitivement en vacances.

Les petites rues deviennent de plus en plus escarpées jusqu'à me larguer devant la porte du musée d'art Antique qui, comme tous les musées, est un méli-mélo de trucs n'ayant à peu près rien à voir les unes avec les autres, dans d'imposantes et de très belles bâtisses remplies de surveillants à moustache qui jugent autant que les chats (ça doit être une histoire de faciès pileux).

On retiendra le magnifique jardin qui donne sur leur golden gate et leur christ rédempteur (oui....) et plein de grues. Mais ça me va. Mon Pépé, il aimait les grues, alors je décide de boire une bière en face d'elles. Je suis tellement bien qu'un moustachu viendra me secouer pour me dire "on fermaõ".


Je me dirige avec le peu de batterie qui me reste vers un miradouro (point de vue), bien sûr, il est en travaux et fermé à 80% comme tout ce putain de pays, mais je prends quand même quelques photos badass et je poursuis ma route jusqu'au resto que j'ai repéré (au prix de nombreuses recherches parce que, encore une fois, ici c'est poisson, spaghettis bolo, ou crève). Je suis en avance et je pense avoir fait fausse-route quand je me retrouve dans un cul-de-sac rempli de garçons se pressant tous vers des "bains publics" en tenue très, euh, estivales.  

Finalement, je repère la petite porte de ce resto spécialisé dans le HOUMOUS (oui ça mérite des caps) et je me remplis l'estomac (ou plutôt, je créée une île de pois chiche dans la bière qui y flotte).

Mon portable n'a plus de batterie, alors je lis mon bouquin de érotico-vampirico-lisboète à la lumière de la bougie. Je me demande bien comment je vais rentrer. D'autant que j'ai repris une bière, mais je finis par retrouver le chemin le moins chiant (c'est-à-dire le moins casse-gueule X le moins en pente) jusqu'à mes penattes où je roule sur mon lit géant le temps de récup un peu de batterie et de ressortir me reprendre une bière chez les petits pioupious du Duque Brew pub qui est devenu mon rade aussi vite que j'y ai posé mes fesses (et qui est à 40m de ma chambre, donc pas trop de risques de me prendre un mur). 

C'était ENFIN une journée réussie, pleine de rebondissements et de surprises, j'ai pas chômé. Demain, je prends enfin le tramway (si je réussis à comprendre comment le bousin fonctionne) pour aller zoner à Belèm et puis il sera déjà l'heure de rentrer libérer les cat-sitters qui s'occupent de Molly-la-sanguinaire. 



lundi 9 septembre 2019

Out on the wiley, windy moors


[01/09/2019]

Au dernier moment, j'ai failli baisser les bras, rester parmi les badauds comme simple spectatrice. Et puis je me suis engueulée intérieurement : "meuf, tu as survécu à bien pire, tu vas pas faire demi-tour maintenant alors que tu t'es tapé une traversée de Paris en ligne 13".

Survivre, étant le mot-clef, ici. 

Alors je me suis avancée, timidement, avec mon air ronchon, mes lunettes de soleil qui me protègent des UV mais surtout des gens, soyons francs, et mon outfit "ne me remarquez pas svp" : tee-shirt gris, jean noir et bottes qui permettent de courir vite.

Il faisait un vent à décorner tous les diables cocus sur le parvis du Trocadéro. Des chinois étaient en pleine protestation contre le prélèvement de leurs organes par le gouvernement (alors je me suis renseignée et c'est très sérieux, en fait). Des vendeurs à la sauvette vendaient pas trop à la sauvette. Un soprano s'égosillait dans une sono pourrie. Les pigeons pigeonnaient. La Tour, elle, trônait. 

Je me suis approchée de gens qui semblaient être in charge et j'ai récupéré le petit foulard violet distinctif (j'ai pas rejoint le mouvement parce que leur couleur c'est ma couleur ok, je vous rappelle que j'ai eu ma carte au modem malgré ma détestation de l'orange)(pourquoi je rappelle tout le temps que j'ai eu ma carte au modem ?)(je crois que je tente d'expier un truc). 

Bref.
Je sais pas trop où le mettre. Clairement pas en fichu. J'ai du mal à me mettre des choses autour du cou depuis qu'on a tenté de m'étrangler. Donc je l'ai attaché en brassard.

C'est là qu'on m'a donné un numéro.
C'est là qu'on m'a donné un prénom. 

Ma gorge a été serrée toute la journée. Parce que c'est pas dans mes habitudes de faire ce genre de truc, mais que ça fait partie de mes résolutions de ma nouvelle vie, de bouger pour ce qui m'anime. 
A partir de là, c'était réel, il y avait une position à tenir, des consignes et une attention à donner. 

Rien de compliqué en soi, si ce n'est de ne surtout pas flancher. 

Les gestes étaient simples mais deviennent très difficiles quand on est sur place, au milieu de 99 autres participant.e.s, que le vent souffle à balles et que toute la presse s'est donnée rendez-vous en face de vous. 
Et puis il y a ce prénom, sur ma feuille, à scander au bon moment, pour donner une voix à l'une de celles qui en ont été privées. 

Hier, on retrouvait la centième femme assassinée en France en 2019. Sur mon panneau, j'ai le numéro 64. Je ne le sais pas sur le moment, mais Elle est décédée en juin dernier. Depuis juin il y a eu 36 autres meurtres. 36 meurtres, juste le temps d'un été.

Alors les questions se bousculent. Qu'est-ce que je fous là ? Est-ce que ça sert bien à quelque chose ? 
Et la colère monte : Qu'est-ce que je peux bien faire d'autre ? 
Et les yeux picotent, quand on apprend les circonstances de la découverte du 100ème "corps". 
Et la colère reprend le dessus pendant le discours qui montre que ces féminicides coûtent 1 milliard chaque année au contribuable, quand le gouvernement ne débloque qu'un seul petit million pour sa "grande cause nationale du gouvernement". 

L'action va très vite, et finalement, on agit sans trop y réfléchir. A l'intérieur, une sorte de calme et de torpeur propres à la concentration, se confondent, et j'agis comme un robot. J'ai du mal à partir. A laisser mon panneau, mon numéro, mon prénom par terre, comme convenu. J'aurais envie de faire quelque chose de plus. Là, maintenant. Mais je ne sers à rien, là, maintenant.

Alors je suis partie le long des quais, à travers les grappes de touristes, entre bateaux mouches et Palais de Tokyo. Un quartier où je n'avais plus foutu les pieds depuis 10 ans. Sans trop me rendre compte, toujours entre deux eaux dans ma tête, j'atterris dans un jardin caché, puis me pose sur les escaliers du Grand Palais. 

Je regarde le ciel, le Pont Alexandre III, je me dis que Paris n'a jamais été plus à moi. Qu'il est tant que je reconquiers ses rues.

Au sortir de ma première sortie militante, je suis convaincue d'une chose : c'est dans l'action que je me sens le moins mal.