mardi 20 octobre 2015

I keep falling, maybe half the time


[But it's all the rage back home]


Je crois que c'est de l'ordre de la Pensée magique. Vous savez, comme quand l'Amélie Poulain du pauvre était persuadée que si elle marchait sur toutes les lignes, par terre, son fiancé reviendrait de la guerre. 
Et bien je crains d'être affectée.

C'est simple, dès lors que je me laisse avoir un sentiment de reconnaissance sincère, dès que les derniers doutes s'envolent et que ma confiance est acquise, dès que je formule cet amour... PAF ! La personne me trahit, d'une façon ou d'une autre.

Je me souviens qu'avant cet été cauchemardesque, j'étais très proche d'une personne qui m'avait été fidèle au plus profond de ma semaine de l'horreur de 2013, où tout s'était écroulé. Elle faisait partie de ces connaissances professionnelles qui se révèlent être quand le personnel ravage tout. 
Quand quelqu'un est présent quand il n'y a vraiment rien à espérer de vous, vous pouvez vous dire qu'il n'est pas là par intérêt. 
J'ai baissé ma garde. 
Et j'ai été sacrifiée sans savoir ce qui me tombait dessus, parce que je lui ai fait confiance les yeux fermés. 
J'ai bossé durant 6 mois, mis beaucoup de forces dans la bataille, je me suis engagée personnellement, moi et ma réputation reconstruite, celle qu'on avait reconstruite à deux, je lui ai donné tout ça. Et, sans explications, le château de carte s'est effondré. Ca m'a mis sur la paille, m'a fait repartir de zéro sur beaucoup de plans, et naviguer de jobs alimentaires en double plein-temps. J'y suis encore, dans cette ornière, plus que jamais. Et je n'ai eu aucune explication. Rien.

C'est une règle, dans nos sociétés, de ne jamais justifier. D'évacuer les choses par la petite porte et de ne rien expliquer. 
Je déteste ne pas comprendre. 

Alors depuis, je m'efforce de vivre avec ce couteau planté entre les deux épaules, qui a rejoint le reste de ma collection.
Celui-ci me fait particulièrement mal, parce qu'il remet en cause les fondations, les critères de ceux à qui j'accorde ma confiance. J'ai une grande tristesse devant ce côté que j'aime pourtant bien chez moi : celui de m'emballer fort, vite, pour les choses. L'espace d'un instant, je me suis dit qu'avec des gens comme ça, je pouvais aller partout, ça m'a rassuré à l'échelle de l'Humanité. Alors me prendre dans la gueule l'exact contraire a fini de me faire vaciller. 

Je suis une ombre depuis quelques mois, avec l'impression tenace de me balader entourée d'un cube en plexiglas. Que quoi que je fasse, où que j'aille, rien n'y fera, je n'arrive pas à atteindre et on ne m'atteint pas. 

Souvent, je pense à des choses mais ne les dis plus. Je ne m'impose plus dans la vie des autres. Je ravale mes envies de sociabilisation, car tout le monde saute sur l'occasion de ne pas passer du temps avec moi. 

Hier, j'ai revu quelqu'un de mon passé. Quelqu'un qui m'a surprise, parce qu'elle n'avait aucune raison de me le dire, mais m'a fait part de la reconnaissance qu'elle éprouvait à mon encontre car à un moment donné j'ai pris le temps, sans rien attendre, de lui filer un coup de main. Parce que j'ai partagé un peu de mon savoir pour l'armer, pour ne pas qu'il lui arrive tout ce que j'avais éprouvé.
Ca m'a presque donné envie de pleurer. A force d'être persona non grata, on en oublie qu'on a forcément, à un moment, eut un impact positif dans la vie de quelqu'un.

A force d'être seule, on en oublie qu'on n'est pas un fils de pute.