mercredi 21 décembre 2016

All that remains are words in the rain



C'est l'heure du bilan de 2016, autrement dit : la seule note drôle de l'année ! Profitez-en.

En janvier, Bowie est mort et Paris et moi avions la gueule de bois. 
Avec le recul, j'ai compris que je n'avais pas été la seule, loin de là, à me prendre un tsunami de solitude post-13 novembre, et une grande pulsion de vie par ailleurs. Ça a consisté, chez moi, à m'habiller comme une ado et à sauter sur tout ce qui bougeait après m'être enquillé 3 grammes.


Si ça n'a pas duré, c'est parce qu'on sait tous que je suis mariée à mon travail et que mon truc préféré dans la vie, c'est dormir, et que les colosses de 2 mètres qui ronflent au milieu des cadavres de bouteille, ça obstruait passablement mes 8 heures de beauty sleep.


Et puis j'ai eu une nouvelle amie. Une copine qui a eu une promotion, si vous préférez. Celle qui m'a permis de LE voir, en VRAI, en sourire cosmique et en humour désarmant.


A 27 ans, j'ai vu Léo en chair, en os et en smoking, et la moi de 12 ans a fait une crise d'hystérie qui dure jusqu'à présent.
Et puis il a enfin eu son Oscar et je me suis dit que c'était une signe, que tout était possible et que j'allais bouffer du lion et tout écraser sur mon passage, mais qu'avant, il fallait que j'aille rendre visite à mon Oscar.

Et au lieu d'aller au Père-Lachaise, je me suis rendu where the Wilde things are, à Dublin.
J'y ai bu de la bonne bière, appris beaucoup sur la révolution et la non-compromission en général et... fait un black-out dans la National Library après une expo sur Yeats, quand j'ai compris que je ne serai jamais le génie que j'ai toujours été persuadée d'être.


J'ai donc entamé toutes les phases du deuil de mon amour propre, et le cœur toujours en miette un an après à cause de "celui avec qui il ne s'est rien passé", j'ai décidé de me plonger dans l'anonymat des salles de concert, toujours plus loin, toujours plus mieux, toujours plus fort.
Et je n'ai pas été déçue quand j'ai retrouvé mes petits galopins de Fat White Family, en mars.



Ils ont été mon exutoire de ce premier semestre  2016 dont le thème était "Deuil & gueule de bois", ce qui leur va à ravir.
Leur colère a été ma colère, et j'ai commencé à essayer d'envisager d'autres formes de génie que ce que mon cerveau de petite fille avait envisagé un peu strictement.


Puis vint le moment où mes finances n'ont plus été partie prenantes de mes nuits folles, de mes 3 concerts par semaine et du rafistolage récurrent des boyaux de Marlowe, le chat noir de ma vie. 

[Moi, quand je consultais mon compte au printemps 2016, allégorie.]

J'ai donc zappé mon anniversaire, cherché du boulot, failli crevé dans un incendie lors d'un entretien d'embauche et, à ma grande surprise, trouvé plutôt rapidement une mission de 6 mois qui allait me sortir enfin la tête de l'eau et le cul des ronces. 


J'ai fêté ça avec les We Are Scientists, avec qui on s'envoyait des mots doux par l'entremise d'une amie vachement plus douée avec la langue anglaise que yours truly. 
Pour pas oublier que j'étais une punk dans l'âme, et la nuit même avant mon premier jour, j'ai grave pécho, et suis arrivée à newjob avec 4 heures de sommeil, 1,5 grammes dans le sang et des cernes de 8,4 mètres. 


Tout s'est stabilisé, mes semaines étaient blindées, avec des pointes à 60h hebdo, pas mal de stress et de défis intellectuels et relationnels à relever. Mais alors que j'allais enfin prendre 5 minutes pour souffler, je me suis manger dans la gueule successivement : le réveil de mon coeur et le Brexit. 
Autant vous dire que j'étais...


J'ai vite refermé le sarcophage en plomb qui retient mon palpitant et l'empêche de faire des conneries, et j'ai pleuré mon Europe en soupirant qu'on ne pourrait pas tomber plus bas.
Et puis il y a eu le 14 juillet et Donald Trump, et depuis je vis au jour le jour en me disant que tout est possible. 

[Moi, m'adressant à l'univers à l'été 2016, allégorie en jaune et bleu.]

J'allais quoi qu'il en soit fêter orgasmiquement l'été, la fin des emmerdes de fric et le début d'une nouvelle vie, à Rock en Seine. Mes seuls jours de vrai congé (avec des vrais morceaux de Vivi dedans, en plus) avant un automne qui s'annonçait chaud patate. 

Et ce, avec Yannis. 


Tout allait en s'améliorant : je reprenais du poil de la bête, mon chat-Marlowe d'amour allait vachement mieux, ma BFF allait emménager dans la coloc du bonheur à la rentrée et je commençais à me dire que j'avais assez de sous pour peut-être me payer des vacances, en 2017. Je vous jure, je rayonnais presque comme le petit (dés)astre que je suis.

Bien évidemment, rien ne s'est passé comme prévu.


A part Yannis.


Marlowe est mort, aussi brusquement que douloureusement.
J'ai été en-dessous de tout. 
Moins que rien. 
Là pour personne et surtout pas pour moi.
Tout ce que j'avais réussi à patiemment reconstruire après son opération de l'été d'avant et les dettes qu'elle avait entraîné s'effrondrait en même temps que disparaissait ma seule famille.
Mon seul amour inconditionnel et réciproque.
Mon connard-fils-de-pute de chat noir cyclothymique.

J'ai serré les dents, en attendant qu'on le brûle, pour pouvoir enfin faire mon deuil, puisque ce serait le thème de ce second semestre aussi, finalement.

Mon petit con à la queue en panache a fini par aller rejoindre son illustre ancêtre dans un cimetière de Greenwich, mais ça n'a été que le début des emmerdes.

De désillusions en désillusions, tout ce que j'avais attendu patiemment en 2016 se révélait au mieux décevant au pire accablant. A chaque embellie, un événement me replongeait la tête sous l'eau, sans relâche. 


J'ai assisté avec incrédulité à l'abandon du navire que je représentais par la dernière personne pour qui j'aurais été prête à tout.

Ce fut paradoxalement libérateur. 

Ne plus avoir de personne d'exception dans ma vie, seulement un champ de possibles, humains ou autres.


J'ai quand même repris un chat. Une maine coon (re)nommée Molly Brown, parce qu'autant vivre entre meufs badass. Une boule de poil surnommée "pompomcat" qui hurle des slogans de motivation et me force à vivre. Si Marlowe l'avait croisée, il aurait à coup sûr réagi ainsi :


Et puis il y a eu un mois de novembre plein d'émotions. Une nuit folle dans les rues de Paris suivie d'une déclaration aussi inattendue que bienvenue du mec le plus mignon de l'univers. Une parenthèse insensée comme il n'en arrive que dans cette ville. 


Puis un voisin, qui m'a prévenu un peu tard de la naissance de son premier né, en mode, "au fait, petit détail !"
#lesgarçonsc'estpasdesmecsbien

J'ai pris mes clics, mes clacs, et les coordonnées des quelques gens biens rencontrés à newjob et je suis allée me consacrer à de nouveaux défis chez jobdemoncoeur.

Et nous voici en décembre, à l'aube d'une année où je n'ai prévu de faire QUE mon travail de base. 


Où j'ai prévu de développer ma vie personnelle (ahahah)(j'avais prévenu que ce serait une grande tranche de rigolade cet article !)... 


Où je vais panser mes plaies en regardant Molly virevolter (en se prenant beaucoup de murs, quand même), en écoutant toujours WAS, les Fat White et Foals (et sans aucun doute le nouveau Phoenix). En regardant des vidéos de Brendon Urie tout nu, les soirs où ça va vraiment pas. 

Mais pour ça, comme dirait une de mes plus vieilles amies "il va falloir survivre à Noël"... 





samedi 10 décembre 2016

They said I swam the sea that ran around



C'était la plus grosse journée, de cette semaine, de ce mois, et sans doute de l'année.
Après une année à cumuler deux voire trois jobs et à n'avoir pas assez de temps pour ressentir quoi que ce soit, c'était la dernière ligne droite.
Le dernier gros truc.
On dit souvent que je suis trop stressée, pour moi, ce sont les autres qui ne le sont pas assez. Ce n'est pas moi qui prend trop à cœur les choses, ce sont eux qui devraient penser un peu plus aux autres.
Généralement c'est sur mes épaules de perfectionniste que les gens se délestent de ce qu'ils n'ont pas envie de faire. Mais samedi, je n'en pouvais plus. Samedi, gérer les imprévus, les dysfonctionnements du système et les atermoiements aléatoires, c'était trop.

Le petit coffre où j'enfermais toutes mes émotions s'est fendillé, doucement, presque imperceptiblement.
Et alors que, maquillée et au top, j'allais sortir de chez moi et affronter le monde extérieur, tout s'est effondré.
Je me suis surprise à pleurer comme un bébé. Des sanglots muets tellement il n'y avait plus d'air dans mes poumons.

Je me suis reprise, car c'était ma grosse journée. Je suis sortie, j'ai assuré.

J'avais toujours les yeux humides et brillants quand j'ai parlé dans le micro et que j'ai tenté de communiquer ne serait-ce que 5% de tout ce que j'avais envie de transmettre à ces gens. Sur ce que je fais actuellement et qui est tellement une conséquence de tout ce que j'ai vécu.

Si je me suis effondrée, plus tôt ce matin là, c'est qu'une question me taraudait depuis la veille : pour qui fais-tu tout ça ?

Pourquoi tant de sacrifices. Pourquoi ne pas tout plaquer et aller gagner ta vie dans un boulot où tu serais émotionnellement détachée ?

Je ne rends personne fier. Je ne fais pas ça pour ma famille. Ils n'étaient pas là pour mon big day. Ils me laissent rarement en placer une sur ce que je fais. Sans doute parce qu'il faudrait se poser la question de leur rôle dans tout ça. De pourquoi je publie justement des livres sur ces sujets-là. 

Devant le miroir, ce matin là, j'ai vu l'ado que j'étais. Celle qui n'avait personne à qui parler au sens propre, puis au figuré. Et elle m'a fait comprendre que c'est pour elle, que je brassais tout cet air. 

Pour que les "comme elle" de maintenant aient une lueur d'espoir. Une certitude que tout ira mieux, un jour. Qu'il faut s'accrocher et qu'on peut s'en sortir.

Donc oui, je fais tout ça pour moi. Ce qui est rassurant, puisque si je le faisais pour qui que ce soit d'autre, je serais fort désappointée. 
Je fais tout ça pour une certaine version de moi, qui avait un besoin vital de l'imaginaire pour échapper à son quotidien. 

Je fais ça pour tous ceux qui ont été des éclaircies. Tous ceux qui ne rentraient pas dans les cases, comme moi, et qui ont été là, même 5 minutes, pour la version mal dégrossie et traumatisée de ma personne.

Et je fais ça pour un ou une comme moi, qui, quelque part dans sa cambrousse attend désespérément un signe. Quel qu'il soit.

C'est ma façon de ne pas oublier qui j'étais et ce que j'ai subi, de combattre ceux qui me l'ont infligé, comme je n'ai jamais su le faire au moment où ça s'est produit, de remercier les rares qui sont passés sans juger, sans se moquer et sans heurter, et de rendre tout cela un tant soit peu utile.