mercredi 30 octobre 2013

Baby I've been here before

[I've seen this room and I've walked this floor you know] 

Je finissais une note de mon ancien blog - le même qu'ici mais ailleurs, avant - en disant que je ne reviendrais jamais en normandie du bas, que je n'avais plus rien à y faire.

C'était il y a 5 ans, et j'étais loin de me douter que je me retrouverai sur le même banc, de la même église, à regarder un autre cercueil. 

Celui de quelqu'un parti - vraiment - trop tôt. 

Je n'avais jamais assisté à un enterrement de "pas vieux". De vraiment pas vieux. 

Bien sûr, des gens de mon âge sont morts, des gens que je connaissais, mais je n'y suis jamais allée.
Pour se confronter à ça, il faut être la famille, ou tout comme.

Là, j'étais la famille. Ou tout comme. Car c'est la famille qu'on voit de loin. Rarement. Pour les enterrements.

Alors non, on ne se réjouit pas forcément des retrouvailles. On a tous des têtes cernées et la goutte au nez. 

On se dit à bientôt sans trop y croire et on a les seuls fou rires sincères de notre famille d'handicapés communicationnels. 

Moi j'assiste à tout ça dans le backseat au propre comme au figuré. Pas vraiment dedans, pas assez dehors. 

Tout revient donc à moi et mon nombril. Seule entité que je connaisse réellement dans ce peuple d'étrangers sensés être les miens. 

Mon nombril me dit "Hey, Johnson, ça pourrait être nous là, bientôt, ou même hier. Tu te souviens ? Tu te souviens de tes fesses sur la corniche cet été ? Tu te souviens des pilules arrosées à la vodka de tes années lycée ? Tu te souviens du dernier étage de l'ancienne maison et du vertige qui disputait ton envie pourtant ferme d'en découdre avec l'après ? C'est peut-être nous dans 15 ans, entre 4 planches, 3 bouquets de fleurs et un milliers de gouttes d'eau bénite assenées au goupillon."

Mon nombril me casse les couilles parfois. Mais, là-bas, dès qu'il me laissait partir deux minutes, la réalité était trop forte, trop brutale, trop irrespirable. Alors je me réfugiais chez lui. 

"Johnson, je sais qu'en théorie on a fini les conneries, mais est-ce que tout ce qui t'arrive sur le coin de la gueule et qui parait s'enchaîner tragi-magiquement ce serait pas un peu de l'auto-destruction déguisée finement calculée et préméditée ?"

Je ne sais pas, nombril. Sûrement. En grande partie. Pas que.
Il y a eu pas mal de malveillance et de gens sans âme apportant le dernier coup derrière la nuque. 
Le coup de vent qui te ferait tomber d'une corniche. La pilule en trop qui ferait lâcher un organe vital. Le doigt qui administrerait la pichenette salvatrice, te projetant du haut de la lucarne du second.

J'ai beaucoup joué avec le feu. Je garde toujours un élément de risque dans ma vie.
Et pourtant je sais très bien, au moment où je fais certaines choses qu'elles vont se retourner contre moi, probablement. 

La vie serait tellement linéaire et sans saveur si tout s'y passait sans chaos. Sans drame, sans heurt et sans larmes.

Je ne veux pas mourir. Je veux vivre pleinement. Et ma seule méthode semble être le flirt poussé avec la fin, pour mieux s'en éloigner d'une grande poussée des deux pieds contre le fond de la piscine.

Ca fait longtemps que je dois écrire le roman de mon suicide : je suis au chômage, allons-y.

mercredi 16 octobre 2013

Confusion I'll greet like an old friend


C'est ridicule.

Je fronce le nez, les yeux, les sourcils devant mon écran. 

J'assiste à la parade nuptiale d'une connaissance et je bouillonne. The boy is mine the boy is mine the boy is MINE. 

Bon. Je ne sais même pas si j'en aurais envie. Je n'ai rien fait pour. Je ne le connais même pas. Mais, cette jalousie féroce me gagne et me possède bientôt jusqu'à influencer mon humeur pour toute la soirée.

Jusqu'à, surtout, remettre en question une amitié par rapport à l'éventualité infime d'une relation un jour avec ce type que ma subjectivité a qualifié d'exceptionnel et qui pourrait très bien être une pourriture infâme. 

C'est ridicule. Confus. 

Ca me rend hostile.
Le manque. La frustration aggrave la situation.

Le sentiment de solitude, l'hiver venant. 

De solitude extrême. Diffuse. Captivante.

Ce sentiment d'avoir quelque chose à dire mais que les paroles restent bloquées derrière les dents, même une fois la bouche ouverte.

Je suis à un croisement amical. Je ne l'ai pas vu venir.

Il y a, dans ma vie, ces amis qui me font froncer les sourcils. Qui mettent les pieds sur mes plats-de-bandes en me gênant vraiment beaucoup. En m'indisposant.
C'est très clair : ce ne sont déjà plus mes amis, mais, encore fallait-il en prendre conscience, et mettre en branle le projet d'acter ce constat. 
Les prémices d'un grand nettoyage de printemps.

Le souffle, long, soupiré, qui accompagne cette prise de conscience : oui, ok, t'es bien gentille Johnsy, mais qui te reste-t-il après ? 

Tes amis sont tous des étrangers, qui ne sauront jamais qui tu es, car ils ont débarqué trop tard. Ils connaissent quelqu'un que tu ne connais pas toi même. Ils savent qui tu es devenue, mais pour eux tu l'as toujours été.

Or, les vrais amis savent ô combien c'est plus compliqué.

Mais les vrais amis sont aussi ceux que j'ai lassé. Ceux qui décrochent leur téléphone au bout de la 5ème sonnerie, et de ma 3e tentative de les joindre. Qui m'écoutent d'une oreille distraite, distante de tous les kilomètres qu'ils ont souvent mis entre nous et qui soupirent eux aussi, discrètement, mais pas assez pour que ça m'échappe.

Alors les mots restent bloqués. Ils restent là - parce que je ne vais quand même pas embarrasser quelqu'un qui, s'il ne l'est plus tout à fait maintenant, a été fondamental dans ma vie, à un moment donné.

Il y a les amis dont la vie TGV file à 100 à l'heure et qui prennent 5 minutes pour te saluer sur le quai d'une gare de campagne où tu sembles être bloquée. Grève SNCF all the way dans ton existence.
Quand ils embarquent à nouveau et démarrent en trombe, tu as les mots toujours bloqués dans les joues, mais amers, cette fois. Car tu n'es même pas sûre qu'ils soient heureux. Et 5 minutes de temps en temps c'est bien seulement quand tu peux repartir en sachant ces gens importants sur de bons rails.

Et mes amis jeu-de-hasard, sur lesquels j'ai misé avec un peu trop d'entrain, qui ne sont rien dans ma vie, ni palpables, ni vraiment présents, surtout pas fiables. Pour une seconde de leur temps, je donnerais beaucoup. Trop. 
Je suis droguée de ceux-là. Ceux-là même qui, selon les standards de mes amis fiables, de mes rocs, de mes fréquentations quotidiennes, n'existent pas...

Il manque définitivement quelqu'un près de moi. 
Je ne suis pas satisfaite de l'état actuel des choses. De cette position inconfortable qui fait que les efforts doivent être fournis par moi, encore et toujours, car je suis une chaîne isolée de l'arbre social. 

Je ne suis la priorité de personne.
Je sais que les gens font des enfants pour remédier à ça.
Sûrement la pire raison de toutes. 



mardi 8 octobre 2013

Cheat on me


Pendant 6 mois après ma rupture d'avec lui, j'ai monté mes 4 étages en m'attendant à le trouver là.
Il a fallu 6 mois pour que j'oublie ce sacré numéro, et la possibilité qu'il apparaisse à chaque instant, à chaque recoin de ma vie. Par surprise.

Je n'ai pas eu beaucoup de garçons dans ma vie, et j'ai eu tendance à laisser entrer les seuls qui étaient assez fous pour s'y aventurer. 

Depuis, j'ai appris à virer les fous dangereux, mais quelque chose reste. Une attente. Une impression que tout peut arriver. Un manque de surprises. D'inattendu positif. 

Je pouvais m'endormir seule, en pleurant, et me réveiller, au coeur de la nuit en le découvrant à mes côtés.

Je vous rentrer me faire des pâtes, me préparer une soirée dvd et recevoir un skype disant "je suis chez toi dans 10 minutes".

C'était dangereux. C'était un symptôme de sa perversion narcissique, mais ça donnait à ma vie une saveur extatique.

Le pire comme le mieux, il pouvait tout m'arriver et jamais, jamais, je ne pouvais prévoir le déroulement d'une journée en me levant le matin. 

Ce côté de mon existence est à présent sous contrôle.
Est-ce que les événements extraordinaires parsemant ma vie maussade sont perdus ? Est-ce que maintenant que j'ai une vie plus ou moins stable et mesurée, je n'ai plus le droit à ces miracles d'une poignée de secondes ? Ces choses qui font s'emballer le coeur et tressaillir les veines ?

C'est comme si j'avais enlevé l'option "mode aléatoire". Je suis moins malheureuse, mais tellement moins heureuse, aussi.