vendredi 15 juillet 2011

Drive


On my way back to Normandie, où m’attendent, as usual, le baldaquin, la terrasse, la Seine, au pied, mais plus le chat. Faudra s’y faire. Bye Lucifer. 

Je ne suis rentrée qu’un minimum depuis sa mort, je ne sais pas si ça se voit. Là, il était temps.
D’une part parce que ma garde-robe entière y est passée et que je n’ai plus rien à me mettre à Paris. SOS-maman-lessive. Un des seuls segments de ma vie pour lequel je ne suis pas indépendante. Well, il en faut bien un, pour avoir une raison de revenir. Et ma raison à moi ne sera jamais le lien qui m’unit avec mes parents. 

Ami d’enfance était plutôt surpris que mon père me traite d’enfoirée, très fort et très publiquement, la semaine dernière. Et, connaissant mon caractère, s’est étonné que je ne me lève pas pour lui en mettre une. Ou au moins que je l’ouvre. Mais non. Je n’ai pas relevé, parce que dans la bouche de mon père c’est presque un surnom sympathique. C’est vous dire le tableau. Là-dessus, ami d’enfance enchaîne sur le fait que mon daron aurait été un formidable seigneur féodal. Ouais. C’est à peu près ce qu’il a fait étant donné qu’il était patron. Patron. Tu vois le truc qui veut tout et rien dire et que tu rames à expliquer la profession de ton père à chaque rentrée des classes. Le mec qui rentre à pas d’heure quand t’es déjà couchée et qui part au boulot avant que tu te lèves ? Ouais celui-là, qui trouve ça anormal que tu le traites comme un étranger après et qui te coupe les vivres pendant toute ta fin d’adolescence. Puis, ami d’enfance enchaîne sur ô combien ses yeux sont bleus, et que c’est dommage que le reste autour gâche tout. 

Ouais le sourire carnassier, la structure osseuse massive et l’implantation de cheveux anarchique. J’ai eu tout ça. J’ai eu les yeux aussi – consolation prize. 

Je crois que si j’ai fait des études de communication (oui, une fois pour toute, je suis diplômée de Lettres modernes techniquement et de métiers du livre dans les faits mais je n’ai jamais foutu un pied à la fac comme vous l’entendez, et j’ai l’équivalent d’un bac+4 en infocom) c’est avant tout pour ça. Comprendre dans quel bin’s j’ai pu être élevée. Dans ma famille recomposée d’amis rapiécés, on me dit sans me dire que j’ai aussi un sérieux problème de communication. Que je baisse les yeux souvent, que j’ai l’air ailleurs, et surtout en face des garçons. Des garçons pas gays, évidemment. 

Mon autisme des relations humaines réelles m’a causé pas mal de problèmes dans le boulot où je suis et dont le contrat (merci Jésus, Bouddha & Bob l’éponge) s’achève vendredi prochain. J’ai trouvé, l’espace de 5  ans, la réponse dans l’alcool, médicament magique qui me faisait dire aux garçons qu’ils étaient beaux et que je les aimais. Plus pour me débarrasser de ça que pour obtenir quoi que ce soit d’eux (non, quand il y a un risque de relation possible, je ferme ma gueule, c’est bien connu). Cette période est finie, plus parce que mon corps m’a dit stop que parce que je l’ai décidé, mais si Carl peut continuer à boire avec son pancréas foutu, je ne peux pas imposer aux autres le fait que j’ai perdu mon modjo de normande qui tient l’alcool au profit d’un cerveau joueur et de nerfs trop à fleur de peau. 

Il va donc falloir que je prenne mon taureau intérieur par les cornes – ou que j’essaye la drogue. Et que je trouve des solutions pour communiquer autrement. A jeun. Dire des trucs pas trop à côté de la plaque et ne pas tomber dans la misanthropie dès que quelqu’un me juge sans me connaître, parce que, c’est vrai que quand je l’ouvre, je trouve des gens biens.

Mais jamais de garçons hétéros célibataires. Non jamais de garçons hétéros célibataires.

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