[Je sais pas ce qui m'a possédé, l'espace d'un instant, pour que je réussisse à prendre une photo où Antinoüs a l'air d'être grumpy cat]
Le calme est tel que j'en ai oublié la terreur que j'avais de rentrer chez moi le soir, pendant longtemps. Quand ma vie était dirigée par si mes voisins allaient bien vouloir me laisser vivre, oui ou merde.
Je pourrais profiter de ce calme pour écrire. Parce que j'en ai besoin. Mais, forcément, rien. Pourtant j'ai plus ou moins compris quelle forme devait prendre mon grand-oeuvre, à force de le trouver pour les autres.
Bizarrement, je ne développe pas de jalousie pour mes auteurs qui, eux, produisent en masse et dont je suis le filet de sécurité luxueux.
Parce que c'était ça mon vrai but dans la vie. Et je ne supportais pas l'idée de ne plus écrire un jour, de ne jamais rien finir, de ne pas réussir la seule chose que je sais faire, en somme.
J'ai réussi en mode à peu près, j'ai shadow-réussi.
Je ne pense pas que ça soit un manque de talent. Seulement un manque de timing et une configuration bancale. Un manque de mental.
Je me suis fait la réflexion, il y a quelques jours en lisant un commentaire sur mon écriture, en mode "mais c'est évident que tu écris bien", que ça faisait peut-être des années que je n'avais plus rien lu de tel.
Je suis lue donc ça va de soit => non, je suis lue parce que j'ai étalé ici ma vie très très privée, par besoin, et par projet - par continuité & nécessité.
J'ai toujours été lue au blog et très peu à la fiction. Je crois que j'ai été incomprise à chaque fois, mais qu'on ne comprenne pas ma vie, que je ne comprends sans doute pas moi même, me vexe tellement moins que lorsque l'on sort circonspect de mes histoires.
Je n'ai été que très peu poussée, par des gens qui croyaient globalement en moi et qui étaient trop occupés à colmater mes brèches sur tout un tas d'autres sujets.
J'ai toujours tout réussi toute seule, et je crois que je fais l'unique caprice de ma vie. Celui de vouloir être accompagnée, applaudie, aimée, reconnue, pour quelque chose que je sais de qualité - ou potentiellement bon.
Je fournis du contenu à des yeux acérés qui apprécient parfois la forme autant que le fond, mais qui donnent très peu en retour. Des gens que j'ai lu pendant longtemps, sur leur chez eux, et qui m'encourageaient et m'enthousiasmaient magnifiquement - mais qui ont baissé les bras sur ce support, rendant leur prose inaccessible à mes tentatives de collaboration passive.
Mais l'âme soeur littéraire va tout aussi sûrement m'échapper que l'amour tout court.
Au final, ce sera peut-être moi la jolie chose en puissance transformée trop précocement en grumpyJohns'.
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