jeudi 21 novembre 2013

Where I walk past the trees to look for my love.


C'est fait, je suis entrée en hibernation.
Ca veut dire voir moins de monde, et s'enfermer. Sous des couches de vêtements que je ne porte qu'entre novembre et février, dans des pièces chauffées dont on ferme bien les portes, dans des endroits sombres où mon esprit s'aère. 

C'est toujours à cette période là que je campe à la Comédie-Française.
Pour ceux qui ne suivent pas - et ça n'est pas grave, handicapant à la limite, mais pas grave - c'est un peu ma maison à Paris.
Alors OUI je dis ça de plein de choses, mais si vous y réfléchissez bien, ça se compte finalement sur les doigts d'une main.

Si un jour je deviens folle et que vous cherchez comment remettre la main sur moi, vous me trouverez forcément... devant le centre culturel Suisse. 
Mais ça n'a rien à voir avec une affinité quelconque : c'est juste que dès que j'ai trop bu et ce même si je commence la fête à l'autre bout de Paris, c'est toujours là que je me retrouve.
Je me perds puis je me retrouve devant le centre culturel Suisse. 

Donc, si vous me cherchez en dehors de ces circonstances là, et que je suis forcément dans un endroit horcrux, vous me trouverez soit au Père-Lachaise (les vrais savent sur quelle poignée de tombes exactement), soit au Truskel (avant c'était la Flèche d'or, et puis ça a changé, mon coeur a déménagé, toussa), soit, donc, à la Comédie Française.

C'est comme ça. 

Quand je suis une Heights sans divertissement, je m'en vais trôner sur un siège en velours rouge en prenant bien soin de snober mes voisins.

Je ne m'explique pas pourquoi ce lieu plus qu'un autre, sans doute en partie parce que je traînais là-bas déjà quand j'étais encore normande. Mais alors pourquoi pas le Louvre ? La terrasse de l'institut du monde arabe ? Un bateau mouche ?

Je ne sais pas.

C'est toujours là-bas que je me sentirai le plus en sécurité. 
Je regarde d'ailleurs toujours les troupes de lycéens comme s'ils piétinaient mes jardinières. 

Dans mon autisme automnal, rien ne peut me sortir de ma torpeur voulue. De cette extrême concentration dans laquelle je me plonge pour me couper du monde. Surtout pas de jeunes chiens à l'esprit errant et erratique. 

Bien sûr, c'est un lieu d'amour. Au propre comme au figuré. Et, même s'il s'agit de ma maison, elle n'abrite aucun visage familier.

A part Lui. 

Le seul amoureux dont je suis fière. Celui avec qui j'ai eu la relation la plus satisfaisante et la moins blessante.
Ma bulle de chaleur universelle.

Mais ça n'est même pas lui que je retourne voir. Ca n'est personne de précis. S'il est là tant mieux. Même si. Même si non. Parce qu'il me fait invariablement battre le cœur une fois de trop. Un peu à côté. Un peu désaccordé. 

Alors c'est mieux quand il n'est pas là. Je peux froncer les sourcils et non sourire malgré moi. Je n'ai pas besoin de regarder par-dessus mon épaule en ayant peur de. Je suis une ombre du public. Rouge sur rouge, rien ne bouge.

Je crois que si je devenais Phantom à 100%, c'est cet opéra là que j'hanterais. 
Je connais déjà quelques portes dérobées, quelques trappes et quelques murs creux. 
Je n'ai pas encore une loge à mon nom, mais c'est un détail qu'un meurtre ou deux suivis de lettre de menaces aux gérants sauraient régler. 

Mais Gaston m'égare.
On parlait de Jean-Baptiste.

Je crois que si j'aime autant cet endroit, c'est que je n'ai de pire ennemie, de pire fardeau et de pire crainte que la déception. Et qu'il ne m'a jamais déçue. Et qu'il ne peut, je le crois sincèrement, jamais me décevoir.

Alors oui, quand la nuit est longue, que le ciel est hostile et que la réalité a quelque chose de routinier : vous savez où me trouver.


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