mardi 19 août 2014

[Summer Music Memories - Part 1] Ask her if she wants to stay awhile



J'avais sixteen, et pas eighteen, et j'étais loin d'être une beauty queen
Malgré cela, j'avais une autre chance, et phénoménale avec ça : celle d'être les deux baskets à San Francisco. 

Je jonglais, à l'époque, avec 5 disques, achetés avec mes faibles économies. Je venais d'avoir internet à la maison, mais je n'avais aucune idée de comment télécharger illégalement et le streaming, à l'époque, c'était radioblog et basta. (oui.)(je suis un fossile.)

Autant vous dire que quand mon papa a sorti ses dollars dans le virgin megastore de 4 étages et m'a dit "il y a une offre à 20 dollars les 5 cd, vazy", j'ai cru que c'était un miracle et que Dieu, Bouddha et Bob l'éponge avaient uni leurs forces pour venir m'adoucir la vie. 

La condition c'était d'acheter des cd introuvables en France. J'ai donc foncé. 

1.22.03.Acoustic de Maroon 5 était justement sorti un mois avant. Je l'ai agrippé de mes petits doigts adolescents et l'ai pressé contre mon coeur.

J'aimais beaucoup, mais beaucoup Songs about Jane, et je pressentais un avenir radieux pour ce petit groupe pop plutôt anodin. Etait-ce le sourire d'Adam ? La solidité de tous leurs singles ? Cette normalité relative à chacune de leurs apparitions sur MTV (Cribs and so on) ? 

Je ne sais pas. Mais avant de repartir en road trip vers L.A, puis San Diego, il me fallait ce disque.

Le soir de son acquisition, je me suis réfugiée contre la fenêtre de ma chambre d'hôtel, cachée entre le rideau et la vitre et j'ai regardé les femmes de ménage dans les tours voisines. Il était plus de 22h. J'étais en peignoir siglé de cette grand chaîne, les cheveux humides et les yeux dans le vague. Persuadée d'être un petite chose incomprise, partagée entre ses illusions de futur prometteur et son savoir profond que rien ne changera jamais vraiment. 

She will be loved était l'hymne parfait de cette sensation. Elle l'est toujours. Je dois bien vous avouer que rien n'a changé. Et que la partie "verre à moitié vide" de mon cerveau, a eu raison sur toute la ligne.

J'ai traversé des déserts cet été-là, au propre comme au figuré. J'ai lu un des livres fondateurs pour moi, celui que j'achète à toutes mes amies qui partent loin, longtemps. J'ai zoné dans des motels, vu des couchers de soleil avec des cowboys, pique-niqué sous des rochers suspendus avec des natifs américains. Pour autant, ça n'est qu'à S.F que j'ai trouvé la couronne musicale à tout ce flot de sentiments mélangés.

Ce n'est qu'avec la version acoustique de cette chanson que j'ai vraiment senti le réconfort déferler. La proximité de sa voix, la chaleur du son, les souffles et les respirations. Les maladresses. Les paroles, enfin, avec la puissance insistante des accentuations très personnelles d'Adam. C'est ce qui m'a donné les armes pour écrire, une semaine plus tard, fasse aux déferlantes de La Jolla. 

Je n'ai jamais été aussi seule que lors de mes voyages répétés aux USA.

Avec cette chanson, je l'ai toujours été un peu moins.

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