[The bird of prey has finally flown away]
Et l'amour dans tout ça ?
Parce que j'ai bien conscience que je ne parle que de ça, ici et dans la vraie vie, et que je vous fait mon autobio accélérée en évitant le sujet.
Disons que l'amour physique n'a commencé qu'une fois le lycée terminé. Dans le sens où j'ai connu mon premier baiser à 17 ans, une fois mon bac en poche. J'ai toujours été un peu à la masse au niveau des relations humaines.
L'amour théorique, quant à lui, m'a rendu malheureuse dès la sixième. En primaire, je n'avais que des idoles de papier glacé. J'étais folle de Léo Dicaprio, et l'avenir m'a donné raison. J'ai toujours eu un goût très sûr, en matière de garçons.
Au collège, quand mes hormones ont commencé à venir toquer à la porte, je pensais que ça m'arriverait comme à tout le monde, de sortir avec un mec. Que c'était un passage obligé.
Ca a fait partie de mes désillusions terribles.
Moi la néonazie de l'hormone n'aimant que les blonds aux yeux bleus, j'ai commencé par avoir des crushs sur des types s'appelant Farid, Omar et Salah. Autant vous dire qu'ils ne correspondaient que de très loin à l'idéal "Léo".
Ils étaient tous très populaires et ne m'auraient donc envisagée pour rien au monde. Je les ai gardés comme des secrets, sous clef. Je les regardais quand je pouvais et je m'imaginais dans quel monde science fictionnel ils pourraient être approchables.
Aucun scénario n'était viable.
Dans l'ensemble, même si je ne le vivais pas très bien, ils n'ont jamais été horribles avec moi. Je crois qu'ils avaient un bon fond, tous les trois. Ils se sont foutus de ma gueule quand notre société moyen-âgeuse ne leur en donnait pas le choix, quand il n'y avait personne d'autre sur qui taper. Mais le dernier, par exemple, me prenait toujours dans son équipe, en EPS, avant que je sois la dernière choisie. Parce que je le faisais rire, parfois.
Et ça, c'était m'épargner un déshonneur de plus. Et c'était cool.
Je savais pertinemment qu'il me faudrait attendre l'après. Je me disais qu'au lycée, peut-être... mais je tentais de ne pas m'emballer.
Il n'y a eu qu'une exception au collège, quand même. F. un garçon un peu limité mais drôle et qui a été ce qui se rapproche le plus d'un "pote" pour moi. Quand j'ai appris qu'il allait déménager, et changer d'établissement, mon coeur s'est emballé. J'étais au pied du mur, bien forcée d'admettre que oui, ptet qu'en fait c'était plus qu'un pote. Alors je me suis pas dégonflée. J'ai fait un truc fou. Je lui ai filé mon numéro, sur un petit bout de papier, en lui disant que ce serait con qu'on perde le contact, après.
Fière de moi, je suis allée récupérer mes affaires. Il faisait beau ce jour là, je crois. C'est assez rare, en Normandie du haut, pour être noté. Quand je suis sortie du bâtiment, j'ai repéré F. en pleine discussion avec un pote à lui. J'étais tout près d'eux, je me suis dit que j'allais les rattraper (en pleine crise de confiance, la meuf), arrivée presque à leur hauteur, je l'ai entendu dire "...T'sais quoi ? Y a Johnson qui m'a filé son numéro" "Oh ? Et tu vas en faire quoi ?" "Bah qu'est-ce tu crois ? *rire gras*".
Je n'ai pas eu le temps de comprendre, d'interpréter.
J'ai vu F. faire une boule de mon petit papier et le jeter par dessus son épaule.
Nombre de mes copines ponctuelles m'ont abandonnée parce que je les empêchais d'accéder à un statut social où elles pourraient avoir un copain. La plupart ne s'emmerdaient pas et se mettaient à m'insulter, comme les autres, en présence du garçon de leur choix. De toute façon, si ça marchait pas, je serai toujours à la même place quand la tempête serait passée... Je n'ai jamais été un sacrifice, ni même un dommage collatéral.
Donc, même accompagnée, j'étais seule. C'était plus supportable, mais pas tout à fait quand même.
Alors rien que le fait qu'on me foute la paix au lycée. Qu'on accepte que je sois seule était une avancée grandiose. Je n'avais quasi jamais à raser les murs. Ce n'était plus à la mode de prendre en grippe un individu. Et surtout, il y avait tout à coup pire que moi. J'étais sortie des égouts et j'errais dans le caniveau.
J'ai profité de ce calme pendant un bon trimestre de seconde avant d'avoir le coeur déchiré par quelque chose de nouveau.
Cette fois, ce n'était la faute de personne. Cette fois, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.
Cette fois, j'étais dans la merde. Parce que cette fois : j'avais eu le coup de foudre.
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