Vivre un drame à l'intérieur d'un drame, c'est bien ma veine.
Le genre de truc auquel tu t'attends pas, tu te dis pas toi.
Il a l'air inoffensif, il a des jolis yeux. Tu es bien saoule mais ses potes disent que c'est un mec bien, en plus lui il a pas de copine, pas comme les derniers que t'as ramené chez toi. C'est déjà un progrès.
Jusqu'au bout tu es consentante.
Ou presque. Parce que beaucoup d'alcool quand même.
Tu l'avais senti un peu pressent quand vous vous êtes retrouvés tous les deux, du coup t'avais un peu les nerfs. Mais au final, t'es bien contente de pas être seule.
Sauf que ça va trop vite. Qu'avant même que tu aies pu en placer une sur le fait que tu prends pas la pilule et qu'en plus vous vous connaissez pas et qu'il faudrait vraiment se protéger là, c'est trop tard. Il est déjà partout sur toi, en toi. Et le joli garçon fluet pèse désormais trop lourd pour tes petits bras.
Alors tu lui dis "Non, arrête" plusieurs fois, mais ça ne s'arrête pas. Tu le pousses, mais c'est impossible, pas dans cette position. Il ne bouge pas. C'est comme s'il n'entendait pas. Tu finis par crier.
Tu te souviens que ta coloc est là, à deux portes, et que c'est une meuf et qu'elle va comprendre et qu'elle va venir. Mais tu cries et tu paniques et tu bouges mais rien n'y fait.
Alors en désespoir de cause, tu griffes et tu tires ses cheveux.
Là, il a un mouvement de recul, un mouvement de réflexe.
Tu en profites pour gueuler plus fort, et te dégager. Il a l'air hébété. Tu sais qu'il n'est pas méchant, mais il a quand même fait ça.
Tu t'enfuies dans la salle de bain où tu t'enfermes et tu pleures, en te disant que merde t'avais bien envie de le revoir, éventuellement, celui-là, à la base.
Beau, drôle, intelligent. Tu l'as pas fait des tas de fois, mais tu as déjà ramené des garçons, et jamais, jamais, tu n'aurais imaginé ça. Pas avec lui, pas chez toi.
Ca n'arrive qu'aux autres.
Depuis, il y a le vide et le froid.
Tu as bien essayé de le localiser. Mais, après avoir quand même dormi chez toi, il a bien pris soin de vérifier que tu n'avais aucun moyen de contacter qui que ce soit de son groupe d'amis, et il est parti.
Il ne te reste qu'un prénom, une vague occupation, et beaucoup de trous noirs.
Le vide et le froid, tu dois les gérer seule. Parce que tu es toute seule. Parce que ta coloc t'a laissé gérer toute seule. Parce que la pote avec qui t'étais en soirée t'a laissée toute seule et que pour te consoler tu t'es laissée attendrir par lui.
Parce qu'à force d'être seule, tu deviens folle. Tu sors, tu bois, et ça te réchauffe un peu de savoir que tu plais autant. Qu'ok on te claque la porte au nez dès que tu ouvres un peu ton coeur, mais au moins y a plein de bras qui veulent bien de toi.
Que t'as besoin de personne.
Ce soir, j'ai besoin de plein de gens. Je sais pas comment le dire, je sais pas comment faire. Parce que ça tombe mal cette histoire. Ca tombe quand plein de gens ont besoin de plein de gens.
Plein de gens avec des drames différents, mais autrement plus importants. De ceux dont on ne se remet pas.
Alors pardonnez-moi de ne pas avoir été assez forte pour décrocher mon téléphone et vous appeler et vous le dire, mais c'est ici que s'inscrivent mes drames, et c'est ici qu'ils continueront à s'amonceler.
C'est ici que je me sens moins seule.
J'avais besoin de passer par là.
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