Dans ma carrière amateure d'aimant à rockstar, il y a un point que j'ai toujours souhaité ne pas dépasser.
Le point Groupie. Appelons-le le Point G.
Attention : oui, je suis une amatrice de rock et de jolis minois, surtout quand les deux vont de paire, et je me pâme en sautillant hystériquement et en hurlant des prénoms à consonance anglo-saxonne, souvent. Mais c'est pas ça une groupie.
Croyez-moi, j'en ai fréquenté (brièvement), il y a quelques années à la fashion week (don't ask) et même si je voulais : je fais pas le poids. Ou je fais trop le poids.
Une groupie, c'est trois mètres au garrot, dont deux et demi de jambes. Un style vintage-trendy-post-avant-gardiste on point et une impeccabilité esthétique à l'épreuve des tourbus sans douches.
Non vraiment, même si j'étais née aussi bonne que la plus bonne de tes copines, j'aurais pas pu concourir, moi qui ait besoin de 18h de sommeil pour ressembler à quelque chose qui s'éloigne un tant soit peu de la petite fille de The Ring.
Je n'ai donc jamais sauté le pas du sexe avec une rockstar (haaaaaan)(la déception est palpable, I know). Il y a eu des bisous (Aaaaah !), des câlins à l'arrière de taxis, des dodos sages perdus dans Paris, mais pas de sexe. C'est ma barrière perso, pas un jugement. Rien de plus facile que de toucher le zizi d'un musicien - mais je ne saurais que trop vous conseiller de vous protéger, parce que rien de plus facile que de toucher le zizi d'un musicien.
Tout ça pour dire que quand je me suis pointée ce soir à la Mécanique Ondulatoire (aka la salle la plus poisseuse cracra de Paris), à 20h55, alors que la 1ere partie débutait dans 5 minutes (j'aime pas attendre, j'aime pas les gens, alors je me faufile comme une furette au dernier moment), j'ai décidé de faire un tour aux WC. Et là, je suis tombée nez à nez avec le frontman de Paws qui devait jouer dans 5 minutes donc, mais qui, pour l'instant, semblait pris dans les phares d'une voiture entre les dits-WC et ma personne. Le Monsieur (qui ressemble à un mix de Kelly Jones et de Jason Schwartzmann, si tu sais pas : google) avait un regard paniqué que je connais bien : celui de la rockstar in the corner, qui peut plus s'échapper et qui va devoir - fioulala - COMMUNIQUER avec la populace fanatique.
J'ai donc pris mon air le plus détaché (parce que bon... ce n'est que le mec qui ressemble à KJ et JS d'un groupe que personne connait à part moi à Paris) et j'ai pointé les toilettes du doigt.
Comme un gros bâtard, il m'est passé devant et y est resté trois plombes. Son activité n'impliquant aucune chasse d'eau et le contexte étant qu'il devait jouer dans 5 minutes (je le rappelle), je vous laisse tirer les conclusions qui s'imposent quant à la raison pour laquelle il a failli me faire imploser la vessie.
Comme si ça suffisait pas, les deux autres membres du groupe me sont également passés devant (et non dessus, on a éclairci ce point plus haut) pour aller se repoudrer le nez.
Je commençais à être sacrément vénère, et encore, j'avais pas encore découvert que la tireuse à bière était en panne (sacrebleu).
Le bon côté de tenir la porte des WC à des rockeurs, c'est qu'on rate pas leur concert pendant ce temps là. Du coup je suis descendue en même temps qu'eux, et j'ai profité de la trouée qu'ils ont percé dans la foule pour me tailler une place de roi dans la toute petite salle.
Là, j'ai eu un sentiment de flottement, un truc allait pas. J'ai mis quelques instants à comprendre et puis ça m'est apparu : je voyais trop bien. Tout était dégagé entre mon mètre soixante quatre et la scène.
J'ai analysé vite fait l'audience autour de moi, malgré mon absence de lunettes, et j'ai failli dire tout haut "Jésus Marie Josette".
Car... j'étais entourée par toute la 3eB du collège Albert Camus de Jeunots-sur-Seine.
Il était trop tard pour m'extraire de cette pelleté d'école des fans, alors j'ai serré les fesses.
Puis j'ai entendu derrière moi les 4 seuls autres énergumènes majeurs du concert s'étonner à voix haute de l'âge du public d'oompah-loompah nous entourant.
Au-delà du racisme anti-jeune primaire qui est sorti de moi par vagues, ces marmots ont putain de réussi à aller chercher mon instinct maternel très loin dans l'intestin grêle où je l'avais remisé. Des minots d'1m50, certaines en nu-pieds, d'autres avec leurs eastpacks qui commençaient à chouiner que "c'est fort quand même hein !"
Et puis le moment que les autres majeurs et moi on craignait tous est arrivé. Le POGO.
Un carnage.
Des bras mineurs, des jambes mineures, pas forcément verticales, partout. Des slams ratés, des faces écrasées sur un sol depuis longtemps non-nettoyé.
J'ai regardé El Bastardo faucheur de WC sur sa petite scène et je me suis dit que l'investissement en poudreuse valait pas forcément la chandelle vu le pouvoir d'achat de la jeunesse qui les écoutait (et qui a même pas de CB...)
Et je me suis dit bien fait pour leur gueule de voleurs de toilettes.
Musicalement (parce que oui, y a quand même eu du son)(fort), ça se tenait. Mais les amplis étaient saturés, donc je jugerai d'avantage sur l'énergie, qui est exactement ce qu'on attend d'un groupe punk anglo-saxon, même si j'aurais préféré qu'ils tacheronnent pas leurs meilleures chansons en débutant par elles et en les expédiant (tâcherons !)
Pendant la mi-temps, j'ai vite compris que les schtroumphs puceaux étaient là pour SWMRS, un groupe californien formé de 3 blonds et de mini-Joe Armstrong. Le fils de Green Day.
Le chanteur - un des blonds - est le sosie de Jon Robinson (google it, mate, I'm not your fuckin' mother), s'habille comme Kurt C. et essaye de couvrir les larsens de son frère désaccordé avec une voix à peine sortie de sa mue. Il est chou. Ils sont choux. Ca n'empêche, Mini-Joe (il s'appelle Joe comme son darron, trou story) les écrase tous de charisme, même caché derrière sa batterie. C'est le sosie de Papa, le rideau de cheveux en plus qui doit sans doute lui offrir un peu d'anonymat, de temps en temps.
Ça pogote comme jamais. Je me planque derrière la muraille de majeurs (nous nous sommes réunis pour faire face ensemble au cas où les mômes aient une crise de croissance subite et décident de nous dévorer).
Ca se passait pas trop mal. J'ai touché beaucoup de jeunes garçons, mais je vous jure que, pour une fois, c'était pas voulu. J'ai réussi à me prendre personne dans la gueule et la musique s'améliorait de morceaux en morceaux. Je kiffais ma race, je dois l'avouer, moi qui était venue pour Paws et qui n'avait compris qu'ils n'étaient "que" 1ere partie un peu sur le tard.
Et là, ce fut le drame.
Jon Robinson look-alike, dans un français parfait, a annoncé un "Mour de la mort". Devant la mine dubitative de toute la 3emeB, il a ajouté "A Wall of Death, y'know?" en faisant le signe de séparer la foule en deux, tel un Moïse surfeur boy d'Oakland. Les majeurs et moi avons secoué la tête en synchronisation totale, interdits devant cette idée-à-la-con bien digne d'une belle bande de jeunes.
Précisons que la Méca doit faire 6 mètres de large pour pas beaucoup de haut. C'est une PETITE cave.
Mais la foule de prépuceaux veut faire plaisir à notre ami francophile - surtout les groupettes de devant, celles qui doivent avoir des crampes à force de faire des coeurs avec les doigts - et tout le monde s'écarte. C'est la mer noire. Enfin, la mer rouge.
Et me voilà atterrée, une main sur un mur, histoire de rester avec les gens qui jouent pas le jeu, quand les boys lâchent les tigres et déchaînent les bombes à hormones qui leur sert de public.
C'est WWI. On cherche tous des tranchées où se planquer, mais impossible. Nous sommes condamnés à sautiller pour essayer d'échapper au gaz sarin qui s'échappe des aisselles de ceux qui ont oublié de demander à leur reum de leur racheter du Axe.
Je suis à deux doigts d'aller tirer les (si jolis) cheveux de Mini-Joe quand Cole (oui, en fait le chanteur a un vrai prénom) me fout un taquet mental que j'ai pas vu venir et qui m'éclate sur le parquet de mes quinze ans à moi.
Cole dit qu'il va jouer Can't stand me now.
(Là, si tu vois pas de quoi je parle, non seulement tu googles, mais tu arrêtes de venir ici car à quoi bon, si je t'ai pas inculqué ça en 11 ans de blogage, on ne tirera plus rien de toi).
Can't stand me now ou la chanson fratricide du groupe contemporain DE MA VIE. Le groupe de Carl B.
Et là, c'était serious business.
Parce qu'autant vous dire que piquer ma place aux toilettes, c'est pas une bonne idée sachant que j'ai déjà assommé un Russe de trois têtes de plus que moi, mais reprendre cette chanson (qui est celle par laquelle j'ai connu les Libs) en live, en ma présence, c'est un risque de l'ordre de la fission nucléaire.
J'ai regardé Fake-Jon-FranColePhile dans les yeux et je lui ai mentalement ordonné de pas se prendre les pieds dans la moquette. (Si les Paws aiment à n'en plus douter la poudre, les SWMRS fleuraient bon les herbes de Provence).
Son bro' n'avait toujours pas accordé sa guitare mais, à deux chansons de la fin, tout le monde avait abandonné, surtout le bassiste, et il n'y avait bien que Mini-Joe pour sauver la rythmique de tout ce petit monde.
Et puis Bam.
An ending fitting for the start, quoi.
Je dirais même plus : You twist and tore our love apart.
Y avait plus de barrière entre les quinzenaires et moi. C'était la reprise la plus punk de cette chanson mythique que j'aie jamais entendue.
J'étais comme mille ronds de flan, au moins. A deux doigts de la transe.
Et c'était lumineux. Comme les yeux de Cole Becker quand il s'excuse pour son français parfait et fait des parallèles entre la haine des parisiens pour Marseille et celle des Oaklandais (?) pour L.A.
Je suis ressortie avec trois points d'ouïe en moins à chaque oreille, un nouveau groupe à faire tourner en boucle dans mes playlists - et pas celui auquel je m'attendais.
J'ai vécu le Wall of Death le plus surréaliste du monde (et ça vient de la meuf qui a porté Philippe Katerine lorsqu'il a slammé sur son public assis) et je sais pas trop quoi rajouter de plus.
A vous les studios.
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