Je ne sais pas à quel moment les vacances ont commencé. Si c'était à la première gorgée d'organic beer dans mon resto préféré. Ou quand j'ai poussé la porte de ma chambre de poupée.
Peut-être que les vacances ont commencé au dessert. Quand je me suis aperçue que je n'avais plus peur et plus honte de dîner seule. Que je m'attardai, livre en main, à table, sans rusher ce moment non partagé.
Bien sûr, c'est toujours mieux à deux, mais à un, ça peut être "juste bien".
Cette ville je la connais assez. Je ne la parcours pas sans but.
Je sais où je vais et mes bottes me portent d'un quartier à l'autre plus facilement qu'à Paris encore.
J'ai optimisé ce voyage pour ne pas réitérer l'expérience dublinoise d'il y a un an. Où, chercheuse d'or dans la grand nord, j'avais fini par perdre la tête et faire un black-out dans la bibliothèque nationale.
Ici, j'ai blindé mes jours de théâtre et de comédies musicales, entre découvertes et vieux amis.
Ici, je ne prendrai pas le risque d'aller payer mes hommages à Lord Marlowe (RIP), je ne prendrai aucun risque car il faut que chaque jour compte.
Je sais avec qui j'aimerais être, dans l'idéal. Mais il est de la nature de notre relation d'être hors de portée. Alors je me contente de sourire à cette idée en buvant mon english tea.
C'est assez absurde mais dès que je traverse la Manche, je passe magiquement au thé, moi et mon litre de café quotidien.
Je me suis efforcée de survivre, jusqu'ici, pour ces moments là. Et de maintenir mon indépendance durement gagnée. Etre seule ou accompagnée n'est pas tant un problème qu'être stable et de bonne humeur. Voire heureuse.
J'ai essayé pendant un moment ce que beaucoup de mes amies font pour vivre mieux : vivre accompagnée.
Avoir le numéro d'un garçon qui, si je l'appelais, rappliquerai sans nulle doute.
L'expérience n'a pas pu durer car ma nature profonde a repris le dessus.
Je n'ai pas supporté l'inconsidération constante d'une telle relation - toute non exclusive et non définie qu'elle ait été. Je n'ai pas supporté quelqu'un qui n'était pas habitué à moi. Qui mettait mes paroles et mes pensées en doute. Quand bien même ceux qui savent, ceux qui m'ont apprise, ont conscience de ce qu'il m'en coûte de les exprimer. Pire, quand je partageais mes expériences, elles étaient interrompues par des background check au sens littéral du terme.
Ne pas être sue, ne pas être crue, c'est une chose, mais être niée et réinterprétée, n'était pas acceptable. Pas conciliable avec ma vie.
Deux secondes avant, je pouvais tout supporter au nom de ma petite expérience, mais au moment où les mots "Si tu étais vraiment comme ça, alors tu serais une exception" sont arrivés à mes oreilles, tous les possibles ont été annihilés. J'étais de nouveau indie Johnson, seule contre tous. Sans présence contre laquelle cuver le week-end. Sans personne à qui écrire pour me tenir compagnie quand je suis perdue avec mes 3 grammes dans la nuit parisienne. Sans sujet d'étude qui m'aurait peut-être permis d'avancer encore dans ma compréhension du monde.
Voilà les quelques mots écrits, le cul posé sur Picadilly Circus, qui ont lancé mes premières vacances depuis un an. Une poignée de jours à Londres, pour oublier, me retrouver et surtout me mettre grave bien.
Quelques mots pour un thème : errer, surtout la nuit.
Je m'en vais vous conter les prochains jours, avec un peu moins d'introspection et beaucoup plus d'action, ce que ça a donné.
Keep calm & wander in the night.
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