jeudi 15 juin 2017

Driving at ninety down those country lanes


[Quand j'ai vu ça, ça m'a fait une sorte de... fussoir.]

Il fait 12 000 degrés à 8h30 du mat' quand je pars avec une heure d'avance pour une des réunions les plus importantes de mon job.
Réunions auxquelles je ne vais qu'une fois tous les 6 mois quand personne d'autre n'est dispo et qu'il faut bien désigner quelqu'un.

J'ai préparé un itinéraire, j'ai pris un petit déjeuner équilibré, choisi mes fringues en mode mi-présentable mi-confortable. 
Je prends ma correspondance easy - je m'assois dans le RER. J'ai 3/4 d'heure devant moi. Je suis large.

Ca fait des semaines que j'essaye de me mettre moins en colère. De respirer. De prendre les choses plus calmement. Pour l'instant ça fonctionne plutôt bien (merci Nintendo de m'avoir fourni une application aussi absurde que celle sur Magicarpe, vous faites beaucoup de bien à mon mental).

Mon arrêt approche. Je me lève. Je lisse ma robe. Je me mets devant les portes, prête à dévorer le bitume en quelques pas graciles quand... ce putain de RER C de merde ne marque pas mon arrêt.

Ni le suivant. Ni celui d'après.

C'est la boule dans la gorge et les yeux humides que j'envoie un désolé et désolant message de retard à ma boss. 

Je me retrouve à Choisy-le-Roi (ouais, toi-même tu sais pas). Qui a la particularité de n'avoir AUCUN taxi à proposer à une jeune fille désespérée à 9h du mat'.
Je sors mon portable teigneux acheté d'occaz, qui a toujours refusé de se montrer coopératif, surtout pour les questions de géolocalisation et qui s'était levé du pied gauche, si tant est qu'on puisse imaginer un Samsung anthropomorphique.

Je finis par repérer un Uber pas trop loin. J'en ai pour 15 balles mais je m'en fous, je peux ENCORE le faire. Je clique pour confirmer.

Ma carte est refusée.

Ah bah oui.
J'imagine que si des caméras me suivaient, je serais déjà millionnaire en abonnés Youtube. 

Je respire fort et je retourne m'engouffrer dans la bouche de l'enfer AKA la gare RER. Je me trompe d'automate. Je finis par trouver celui qui voudra bien me délivrer le précieux sésame pour la gare qui m'intéresse.

Je cours dans la prochaine rame passant à ma portée. Celle-ci dessert bien sûr toutes les gares sauf celle qui m'intéresse.

Retour à Paris.

J'hésite 2 secondes à abandonner, mais rien ne se met entre Johnson et ses objectifs, encore moins quand il s'agit d'un engagement. 

J'ai vaguement le souvenir qu'un bus passe dans le coin qui m'intéresse depuis ce quartier.
Je pars à sa recherche... tout comme une quarantaine de parisiens en goguette qui semblent grogner contre la ligne qui fait n'importe quoi ce matin.

Je ne m'énerve toujours pas. J'attends mon tour. Je me serre contre un mec en costume, je n'ai pas le choix, lui a le cul posé sur la seule barre à laquelle je pourrais me tenir [insérer ici blague grasse et libidineuse]. 
J'essaye de canaliser mon équilibre intérieur tandis qu'au 3e feu rouge je vois qu'il est l'heure du début de la réunion.

Pas mal de gens sortent au prochain arrêt. Je peux enfin respirer. Me tenir. Me recentrer. Le temps de lire un sms de déception de ma boss et de grimacer. Puis le chauffeur annonce bien avant mon stop que c'est mon terminus, parce que LoL. 

Je sors au milieu de la 6 voies, en sandales d'été pas du tout adaptées à ma marche rapide. Je lance google maps qui dit n'importe quoi. Je trottine presque en touchant au but.

J'arrive en sueur dans le bâtiment. Le mec de l'accueil m'indique l'étage, l'ascenseur, le bureau et le numéro complémentaire de là où je dois me rendre. Le temps de mémoriser tout ça, je me recoiffe dans l'ascenseur. J'arrive. La standardiste est au téléphone. Je lui fais des grands signes essoufflés à base de "...réunion ... en retard... LET ME IN."

Elle raccroche, me sourit, et m'annonce patiemment que "C'est à côté". Comprendre : LE PUTAIN DE BATIMENT D’À COTÉ. 

A l'intérieur, je me décompose comme un zombie corporate.
Je cavale jusque dans la prochaine étape labyrinthique de mon périple. 

Aucun accueil. Je zigzague entre les gens. Je comprends qu'on m'a indiqué la mauvaise salle.
Je finis par trouver mon graal. 

J'ai une demi heure de retard. Je titube, le feu aux joues, jusqu'à me trouver une place. 
Plus tard ma boss rira de bon coeur en disant "mais qu'est-ce que tu faisais à Choisy-Le-Roi, t'étais chez un de tes petits copains ?"

J'ai failli lui répondre que non, j'ai le chic pour sortir avec des mecs qui vivent encore chez leurs parents (et bizarrement, pas seulement ceux qui sont en âge de passer le bac aujourd'hui) et puis je me suis dit que j'allais juste rire en tentant de paraître crédible et de lâcher un "Oh la la, j'aurais préféré !"

Il était 11 heures du matin, j'étais déjà au bout de ma vie et la journée ne faisait que commencer.

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