Tout a commencé à la fête de noël du boulot.
J'avais bien dansé, bien bu, merci petit Jésus capitaliste d'avoir financé tout plein de champagne pour me faire oublier, l'espace d'une soirée, à quel point je suis sous-payée (il faut dire que je cherche : je suis une femme, et je fais un "métier-passion" dans le domaine culturel).
J'avais pas franchement envie de rentrer chez moi tout de suite, alors je propose à mes collègues les plus proches de poursuivre dans un bar, mais personne n'est chaud (beaucoup bossaient le lendemain). A ce moment-là, un type se manifeste. On bosse ensemble, mais pas franchement régulièrement et on a dû échanger trois mots, et en tout cas rien de personnel. Lui est ok pour aller danser. Moi, je me méfie pas, je me dis qu'il peut rien m'arriver parce que je sais où il bosse, ha ha.
On monte dans un taxi, après que j'ai tenté une dernière fois de convaincre d'autres gens de nous accompagner parce que quand même partir à deux est un peu chelou et je sais d'avance qu'il va y avoir des rumeurs.
A peine ai-je posé mon séant sur la banquette arrière du taxi que ce collègue que je ne connais donc vraiment, vraiment pas (à l'époque le seul truc que je savais sur lui c'est qu'il jouait à Pokémon Go, c'est pour dire) tente de m'embrasser.
Premier réflexe de meuf qui a intériorisé pas mal de misogynie au kilomètre carré : "c'est ma faute, j'aurais dû être plus claire, il a dû croire que je lui faisais des avances, suis-je bête."
Je le repousse une première fois en lui tenant à peu près ce langage : "mais euh... qu'est-ce que tu fais ?" (car comme toute femme ayant élevée comme elle, je sais qu'il ne faut pas provoquer l'ire d'un homme avec lequel on est coincée que ce soit dans une voiture en marche, un ascenseur, son bureau ou sa propre maison).
Il tente à nouveau. Je le repousse à nouveau. J'essaie de comprendre ce qu'il n'a pas compris quand j'ai proposé "d'aller dans un autre bar pour continuer à danser". Je lui demande s'il avait des vues sur moi depuis longtemps et que je l'aurais zappé, parce que ma foi, c'est fort possible, je mets rarement mes lunettes.
Il s'embrouille dans ses réponses, mais arrête de me sauter dessus, donc c'est déjà ça.
On arrive dans le bar, où il se trouve qu'à l'époque je connais tout le monde, des videurs aux serveuses en passant par le patron et généralement les DJ. Je me sens donc déjà plus safe et je me dis que je peux rattraper le quiproquo et finir la soirée sereinement.
Je commande des verres au bar histoire d'être du côté où on peut parler sans se hurler dessus et au moment où je me tourne vers ce type pour lui demander ce qu'il veut, il m'embrasse. Cette fois, surprise, je ne peux pas le repousser tout de suite, donc il atterrit sur ma bouche avant que je m'écarte.
Un peu désarçonnée, je prends mon verre et je vais du côté de la piste de danse, en me demandant quoi faire maintenant pour me sortir de la situation ?
Il me suit et danse un peu, mais très vite essaye de me coincer contre un mur. Et quand je lui dis que je voulais juste danser et que je suis désolée s'il avait mal interprété TOUTE NOTRE RELATION mais que je coucherai pas avec lui. Je lui dis vraiment ces derniers mots. Plusieurs fois.
Et là il entre dans la phase "culpabilisation". C'est une sérénade que les cismecs jouent à leurs mères, leurs soeurs et leurs copines depuis la nuit des temps.
"Bah moi je croyais, et maintenant à cause de toi je vais pas être bien au boulot demain et tout"
Ca dure tant et si bien, et je commence à être si fatiguée (et alcoolisée, rappelons-le) que je le prends en pitié et je lui dis "ok, tu peux dormir chez moi, mais on couchera pas ensemble".
Fast-forward, on arrive chez moi, je lui déplie le canapé et là, il fait un caprice pour dormir dans mon lit une place, avec moi.
A ce point-là, je suis tellement claquée que je renonce à argumenter, de toute façon il se barrera dans 4h pour aller bosser et je vis en coloc donc j'ai qu'à hurler pour que quelqu'un débarque et m'aide à le foutre dehors.
Ca ne l'empêchera pas de tenter malgré tout d'initier un rapport. Je le repousserai une énième fois.
Alors, pour l'empêcher de continuer, je décide de l'endormir. Je sors ma meilleure arme avec ce genre de types : je lui raconte ma vie.
Aussitôt leur cerveau se déconnecte, passe en mode avion, et il sombre bientôt au pays des nuages.
Le matin venu, il s'en va bosser.
Ma vraie nuit peut commencer.
Quand je me réveillerai, quelques heures plus tard, je trouverai sur mon téléphone une bonne dizaine de textos de collègues disant "alors comme ça t'as couché avec XX ?"
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