jeudi 26 octobre 2023

Baby, do you miss the days before hope knocked on your door?

 

Au bon vieux temps où tout le monde avait un blog, je pestais devant mon écran quand mes prefs ne postaient qu'une ou deux fois par an.

J'avais ce sentiment d'abandon que je ressens à la moindre occasion. Ne serait-ce qu'avec le temps qui passe.

Et maintenant, c'est moi qui le cause. Sûrement. S'il reste quelqu'un par ici. 

J'ai un peu halluciné en voyant que je n'avais posté qu'une fois, en 2023.

C'est pas parce que j'ai conscience que plus personne ne vient ici, en vrai, j'en sais rien, j'ai jamais vraiment suivi ça. J'écris pour moi avant tout. C'était ma première forme de thérapie, quand j'étais pas sûre de ce que j'avais de tordu dans le cerveau, quand je pensais que c'était forcément du génie.

J'ai pas le souvenir d'avoir vendu mon âme au diable. De toute façon, elle vaut pas grand-chose, vu le nombre de fois où j'ai failli me foutre en l'air. Mais mon souhait s'est quand même réalisé, avec la même dérision que si j'avais signé mon nom en lettres de sang.

Je vis de ma plume.

Je gagne même plus d'argent que quand je bossais en entreprise. Job où j'écrivais, certes, mais c'était anecdotique.

Là, j'aligne les pages, les chapitres, les tomes, les séries. Tout est de ma main sauf les quelques mots d'un lexique trop précis que je google trad. 

Et non seulement ça ne me rend pas heureuse, mais en plus j'ai maintenant la preuve que, si je ne suis pas un génie, je suis encore moins talentueuse, et même pas "douée".

C'est un mythe qui a été entretenu parce que la littérature a toujours été le sujet le moins mauvais pour moi dans un environnement scolaire de province nécrosée.

Arrivée à Paris, c'est ma pugnacité et ma détermination sans égales qui ont fait la différence, mais jamais, je n'avais pris le temps de réaliser que j'étais mauvaise à ce qui me passionne le plus.

L'année passée, on me l'a dit sur tous les tons, comme dans la tirade du nez de ce bon vieux Cyrano. 

C'est donc acté. 

Je ne suis pas la plus mauvaise, certes. Il y a toujours pire que soi. 

Mais mes éditeurices soufflent devant mon travail, au mieux, ou même grimacent, ou même pleurent, je crois.

Les gens comme moi seront, de toute façon, bien vite remplacés par des I.A.

Je commence à réfléchir à ce que ça donnerait, une Johnson qui essuie des verres, dans le fond du café.

Ou une Johnson sans dents, qui vivrait de son allocation adulte handi.

Il ne faut jamais réaliser ses rêves, comme il ne faut jamais rencontrer les gens qu'on admire.

J'aurais aimé rester la petite fille innocente qui écrivait les aventures de son groupe de copines qui tombait inopinément sur leur star du moment (le footballeur Michael Owen, tmtc) et l'aidait à traverser des embûches avant qu'il ne tombe éperdument amoureux de la moi de 14 ans.

Ouais, bon. 

Je suis retombée dessus il y a peu et j'ai souri avec tendresse devant cette auto fanfic complètement cabossée sur la forme mais avec tellement de drôlerie et de bons sentiments dans le fond. 

Ma job coach, ma psy, me ressassent que je devrais écrire pour des humoristes.

Je ne suis pas sûre qu'elles fréquentent les scènes de stand-up et qu'elles se rendent compte d'à quel point le secteur est bouché.

Mais j'ai déjà le titre de mon spectacle : "DERNIÈRES AVANT EUTHANASIE".

Sur le bureau de mon ordinateur, trône toujours en bonne place la petite plaquette de Dignitas. 

J'ai effectué mon premier voyage en Suisse le mois dernier.

L'idée est toujours là, repoussée par une fatigue qui, si elle m'empêche de vivre, m'empêche aussi de me battre pour mourir.

Les raisons de se réjouir deviennent plus rares avec l'âge. Je ne suis pas de celles qui se marient ou se reproduisent et créent donc leurs bonheurs. 

Moi, je vis sous mes chats, en m'accrochant à eux comme à un gilet de sauvetage du Titanic, en comptant leurs jours en même temps que les miens.

 Et je pense souvent, à la moi haute comme trois pommes, déjà bien niquée par la vie, mais qui vivait sa meilleure existence dans le jardin de ses grands-parents, entourée par une atmosphère sépia, entre ennui confortable et amour véritable. Mon Rosebud à moi.



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