J'ai un aimant à rockstars, à gens "connus" dans l'absolu, mais à rockstars surtout.
L'équivalent d'une rockstar, dans le panorama littéraire français actuel, c'est Frédéric Beigbeder.
Du coup je m'attendais à le voir à tous les coins de rues des bars que je fréquente, mais j'ai quand même mis deux ans de parisianisme à tomber dans la même soirée que lui.
C'était une soirée à la Flèche d'or, plutôt tranquille, plutôt encore plus tranquille que la soirée moyenne à la Flèche d'or - déjà hyper pépère. Ma comparse m'a juste dit "oh c'est Beigbeder, là", j'ai juste jeté un coup d'oeil, et je me suis dit "ah bah ça c'est fait.", et puis je pensais que c'était tout. Mais non.
Ca devait être trop tranquille, du coup, au moment où j'allais recharger mon verre de rosé, j'entends un murmure réprobateur dans la salle, je regarde, et je vois Frédo au bord de la scène entrain d'agiter les bras et de gesticuler. Puis il saute près du chanteur, vole son micro, et se met à courir avec en braillant d'une voix d'enfant agaçant "je te le rendraiii que si tu chantes du George Michaaael" (chacun ses perversions)(personnellement j'aime beaucoup George)(je ne juge donc pas). J'étais donc là, un sourcil en l'air, à moitié apeurée qu'un Beigbeder en pleine régression renverse mon verre de rosé au beau milieu de sa course en rond qui ne menait, par définition, à rien.
Et puis le chanteur (de quel groupe, je ne m'en souviens plus), s'est penché, a pris une voix paternaliste, ferme mais douce et lui a dit "rends le micro, c'est bon, je vais le faire" - ou quelque chose du genre.
En retournant m'asseoir, mon verre de rosé préservé serré fort contre moi, que s'éleva dans la Flèche une version inédite de Careless Whisper.
Pourquoi je vous raconte ça maintenant alors que ça s'est passé il y a un an ? Parce qu'hier j'ai revu Frédo. Mais cette fois je l'ai un peu cherché. Je suis allée au débat "Fnac Mix" au Palace, et ce pour 2 ou 3 raisons :
1) c'était au Palace
2) il y avait Gaspard Proust (et il a lu un extrait d'American Psycho et c'était bon)
3) parce que je suis un super héros des temps modernes et que j'ai réussi à fusionner deux soirées en une
En gros, le poney de bataille de Beigbeder en ce moment c'est que le livre numérique "pouah c'est pas bien", parce que cette révolution venue des internets va couper la tête de l'aristocratie du papier et qu'on est rien qu'une belle bande de communistes qu'aimeraient bien couper la tête à Gutemberg. Or so.
Pour discuter de ça (mais surtout faire vendre son livre)(une liste des 100 livres à sauver si jamais la Terre venait à imploser) il avait invité ses potes des écrivains, et ils ont lu (big up Régis Jauffret), et ils ont discuté, fait semblant de débattre. Il y a eu des extraits de films et de la musique, mais un peu parce que c'était le principe et juste pour éviter le zéro pointé du hors sujet. Ca a bu du champagne. Et Frédéric Taddéï au milieu de tout ça semblait n'avoir rien à ajouter (même si ses interventions, toujours courtes, étaient les meilleures).
C'est quand Beigbeder a sorti une tirade sur l'ère du blog qui a tout cassé de la fiction et du grand Roman papier que j'ai compris que c'était sûrement le plus blogueur d'entre nous.
Multimédia, égotiste, parano, bavard, omniprésent, Beigbeder n'a pas de blog : Beigbeder est un blog.
Et même s'il se prend pour le nouveau McLuhan en déclarant un peu gratuitement "Le livre est un message in a bottle", je pense qu'il est plutôt l'incarnation de ce que son pote Moix décrit comme le héros type de la grande littérature : "un petit personnage" que les événements / le style / le contexte historique fait devenir grand. Un blogueur, en somme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Veuillez écrire un truc après le bip visuel : BIP