Envie de secouer très fort la tête de gauche à droite et de refuser tout ce que la vie compte me balancer de plus.
Je me suis longtemps auto-molestée par ce que je pleurais trop facilement. Je viens de comprendre, qu'en fait, à force de retenir les émotions, je suis brisée de l'intérieur.
Je ne réagis plus violemment quand on me déçoit. Je ne réagis plus à rien. Je me suis faussement blindée. Ce ne sont pas les agressions extérieures que j'empêche d'entrer mais les milliers d'émotions intérieures que j'empêche de sortir.
Je suis affolée. Tous les jours. Sur un fil. Constamment. Je ne dis rien. Je ne dis rien et quand je me demande "et de toute façon à qui le dirais-tu ?" je m'aperçois qu'il n'y a jamais grand monde, autour.
Je suis la solitude et le malheur incarné. Et, en écrivant ces lignes, je sais qu'elles seront interprétées comme mélodramatique. C'est juste ma réalité : je vis avec.
Je me prends des shoot de bonheur de temps en temps, factices, temporaires, bien imités mais pas suffisants, juste pour voir comment ça fait.
Je suis admirative des gens heureux comme je suis admirative des gens en couple comme je suis admirative des gens qui arrivent à faire ce dont je me sens incapable.
Travailler sur un livre dont le personnage principal est autiste m'a rappelé, qu'une fois de plus, moi qui ne le suis pas, je devrais pouvoir regarder les autres dans les yeux.
J'en suis toujours incapable. Si, maintenant, j'affronte le regard des autres, je ne le fais jamais vraiment. Ou je ne tiens pas très longtemps. Agripper mon regard à un autre est beaucoup trop intime pour moi. Vous vous imaginez aisément dans quel état je suis quand on m'empoigne à pleins bras alors que je n'ai pas d'alcool dans le sang.
Je crois qu'en m'éduquant on a trop fait rentrer dans ma tête que le contact physique était un passage obligé. J'en fais une réaction limite allergique. "Fais la bise aux gens" "fais un câlin" "donne la main", tant de choses qui étaient un supplice pour moi et que j'ai arrêtées dès que j'ai pu.
Je me retrouve coupée du monde et d'un sens. Je ne touche plus. On ne me touche plus. Au sens propre comme au figuré.
Une seule exception à ça : ma grand-mère, qui ne m'a jamais obligée à la serrer dans mes bras, qui m'a toujours laissée venir à elle. Cette grand-mère que je perds à petit feu comme on perd son dernier lien avec l'humanité.
Alors oui, j'ai envie de stopper le temps, de me planquer sous ma couette et d'attendre le Déluge.
Si j'étais croyante, ce serait le moment idéal pour prier.
Mais même pas.
Après l'année dernière, j'ai peur que ce coup du sort étouffe la dernière étincelle en moi, me transforme en reine des glaces à tout jamais. Ou du moins, pour le temps qu'il me reste.
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