mardi 10 janvier 2012

King of clubs

[Je veux ça sur la tête de mon cadavre, s'il vous plaît]

Dimanche, j'ai pris le bus, traversé Paris. Mon sac à main défoncé sur l'épaule et une démarche peu assurée de fille déjà maladroite à la base + talon + pavés, je suis arrivée dans la cour du Louvre. Toujours un peu plus calme quand les bâtiments me dépassent, à la fois symboliquement et physiquement.

Au Louvre il ne peut rien arriver : si ces choses ont traversé les millénaires, je le peux aussi. Easy.

J'allais rendre visite au grand amour de ma vie. Celui dont je porte le deuil plus de 2300 ans après. 

Je marcherais jusqu'à l'hindus pour lui, alors quand la meuf de la caisse, après déjà 1h d'attente pour acheter mon billet m'a dit "oh bah moi je veux bien, mais vous avez plus d'une heure d'attente encore pour rentrer dans l'expo" j'ai failli lui répondre "prend garde à ma sarisse carte bleue et va te faire voir chez les grecs". Parce que moi, j'avais rendez-vous avec l'histoire des Macédoniens. 
Et avec Alexandre le Grand.

Je suis très fluctuante et mon attention est difficile à capter si vous ne me faites pas rire, ou que vous n'êtes pas blond aux yeux clairs. Mais si vous me parlez avec talent d'Alexandre, je deviens chat devant la cheminée. Et je pourrais vous écouter en ronronnant toute la nuit. 

Il y a tout dans son histoire, tout ce qui me plait. Tout ce qui fait un grand roman, un grand film, une grande vie. L'Humanité, en fait, aurait pu s'arrêter après lui, car à quoi bon vivre si on ne fait pas au moins aussi bien que lui ? 

Je tiens de lui mon obsession pour les amis proches, les alliés, et le contrôle de leur vie. Ils ne sont pas au courant mais j'ai bel et bien mes Hetairoi. Sauf qu'ils ont pas de chevals et dans l'ensemble ils n'ont jamais fait de service militaire de quelque sorte que ce soit. 

J'ai eu mes Aristote. J'ai eu la mère ultra possessive et interventionniste. J'ai eu un père presque borgne (en tout cas, au niveau des idées politiques). 

J'ai les colères, aussi.

J'ai même mon Héphaïstion.

Je ne me compare pas à lui, attention, je n'oserais, mais j'adhère au mode de vie qui fut le sien, et je vois pas tellement ce que le notre a de plus (à part les traitement contre la malaria qui empêchent de mourir à Babylone à 32 ans). 

Le truc c'est que je suis une archéologue contrariée. Que j'aurais aimé passer ma vie dans la poussière, des archives et des sites, et trouver, un jour, peut-être, des écrits de la main d'Alexandre (tous perdus) ou, ô god, sa tombe encore inviolée. 

Mais ça n'arrivera pas. Alors je me contente de rêvasser. De nous trouver d'autres points communs que la tête constamment penchée à droite. Ou les cheveux (oui, il n'était pas blond hein, mais châtain/rouquin)(je sais, ça surprend). Ou un de nos deux yeux (il en avait un marron). 

J'ai des envies de Macédoine, de voyage sur ses traces, et d'Alexandrie. 

J'ai comme l'impression qu'en suivant son fils, je trouverai certaines de mes réponses.


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