Voilà. Pas besoin de lire la note précédente, elle a été résumée par Cocteau il y a quelques dizaines d'années.
Quand je suis arrivée à Paris, je faisais plein de petites crises cardiaques, à tous les coins de rues.
Un beau garçon. Un beau bateau. Un bel immeuble. Un beau tableau. Un beau nuage. Un beau ciel d'hiver.
Je regrette ce temps où je le prennais.
Où je l'avais.
Où, avant de m'endormir, dans mon minuscule 10m² de Saint-Cloud, je préparais ma prochaine évasion du week-end. Tel ou tel musée. Telle expo.
La vie était réglée comme du papier à musique mais surprenante. Presque plus que maintenant où je me laisse porter, la plupart du temps. Où ma présence à un endroit dépend plus de ma santé que de ma volonté.
Non vraiment, rien de nouveau, la preuve en est qu'en marchant, les yeux dans le vide, d'un métro à l'autre, j'ai tout à coup réalisé que le dernier garçon à avoir posé ses mains sur moi était probablement le même que l'avant-dernier. Sans que j'aie fait le rapprochement avant.
Deux hook-up dans deux bars différents avec pour seuls indices un vague souvenir d'à quoi il ressemblait mais surtout de comment j'étais ressortie de ces deux rencontres : avec l'impression d'avoir rencontré quelqu'un de nouveau, alors qu'en fait, je me leurrais.
Je pensais qu'à Paris on pouvait semer les gens, dans la foule, décider de couper les liens avec eux et les noyer dans la masse. J'ignore très bien les gens. C'est un don partout ailleurs, mais à Paris, c'est la norme.
On ne sème pas les gens, ils sont tout autour, on les croise : on décide juste de ne plus les voir.
C'est un village.
Car, même si nous sommes plus nombreux : nous nous ressemblons tous.
Moi ? Je suis d'une typologie particulière. La marginale intégrée. Bipolaire de facto. Celle qui s'est évadée à Paris pour mieux s'emprisonner. Élargir ses 10m² à 20 arrondissements comme si elle s'enroulait dans une couette en refusant de se lever.
Je ne serai jamais adulte, puisque Paris le permet. Je ne serai jamais mes parents, merci Paris. Je pourrai perdre les gens. Les retrouver. Les reperdre. Ne plus penser à rien. Me laisser porter par le monde autour de moi, car nous sommes assez nombreux et qu'il y aura toujours un métro.
Je pensais qu'un jour un garçon viendrait, me parlerait de vieux films en noir et blanc avec ingéniosité et érudition - ma version du prince charmant. Crèverait ma bulle. Mais, je le sais même si je n'y crois : on attend trop de quelqu'un dès lors qu'on attend quelque chose de lui.
Je commence à croire qu'il en va de même de la vie.
Ne rien attendre, dans l'espoir d'être surpris : est-ce déjà trop attendre d'elle ?
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