[...a tale best told softly]
C'était une journée qui avait bien commencé. Autour d'une table de petit déj' dominical comme je n'en ai jamais connu, la faute à pas de famille.
Et puis nous sommes partis défendre l'égalité, avec un peu moins de sang qu'en 1789, mais sûrement autant d'enthousiasme.
Sur la centaine de personnes que j'aurais pu croiser à cette manifestation, il a fallu que je tombe sur ceux qu'il aurait mieux fallu que je ne vois pas.
Comme la gentille écervelée en laquelle je me transforme quand je suis contente, j'ai remarqué qu'il y avait pas mal de gens de twitter à la ronde, au démarrage du cortège. Des gens croisés dans la dernière époque heureuse de ma vie. Sans que je fasse le rapprochement. Sans que je me méfie. Sans que mon bouclier naturel ne remonte à mon cerveau et ordonne à mes jambes de fuir.
Je sens qu'une main se resserre autour de mon bras, si je n'ai aucune présence d'esprit, quelqu'un d'autre en a pour moi. Quelqu'un de bienveillant, heureusement, qui m'extirpe de là avant que je n'en vois trop.
Parce qu'ils étaient là, les amis perdus après la rupture. La double-peine. Se faire larguer en un clic par un garçon, et voir s'éloigner les gens qui avaient gravité autour de vous. Je ne demande jamais aux gens de choisir, je m'efface, toujours. Mais là, je n'ai même pas eu mon mot à dire : on m'a fuie. La seule raison invoquée, par la seule personne qui a osé s'approcher une dernière fois fut ma trop grande douleur.
Je souffrais trop et donc ils ont préféré s'en aller.
Mais eux, sont toujours ensembles, et sont là, et paraissent soudés. Et ils vivent. Et ils sont passés à côté de moi, tandis qu'on me tirait à travers la foule. J'ai regardé leurs visages, familiers mais plus tellement. Ma première réaction, quand je les ai reconnus, a été un sourire, de l'oreille gauche à l'oreille droite, et puis le souvenir : eux non plus ils ne veulent plus de toi. Avance.
Alors oui on passe à autre chose, on vit, on oublie les noms de famille de ces gens, on oublie surtout combien c'est dur de voir ces gens s'échapper de sa vie, un rejet après l'autre. Et celui-là, on se dirait presque qu'il nous manque. On se souvient qu'on a rêvé de lui, pas plus tard qu'il y a deux nuits, est-ce que c'était un hasard ? Un avertissement ?
C'est la douleur qui est revenue, en rafales. La douleur de l'époque où j'étais heureuse, au coeur d'un groupe de gens dont j'avais tout à découvrir et qui me passionnaient chacun à leur façon. De gens que mes amis plus anciens (plus fidèles aussi) ne comprenaient pas. De gens que je défendais bec et ongle, sans savoir vraiment pourquoi. Juste parce qu'ils me laissent être près d'eux et en apprendre un peu plus. De gens qui m'ont effacé de leur vie avec une facilité révélant le plus dur à entendre : que je n'étais rien qu'une fille de plus, une amitié à date de péremption, une amie jetable une fois que leur pote aurait fini de la consommer.
Je crois que ce sont des gens que j'ai vraiment beaucoup aimé. Pas longtemps. Mais profondément.
Je crois que c'est pour ça qu'on n'a plus jamais revu mon sourire de la journée.
De la politique individuelle.
RépondreSupprimerSi on était dans leur tête, on entendrait leur motivation.