mardi 16 avril 2013

In the darkness, the trees are full of starlight


Je ne sais pas si c'est parce que la formatrice avait un peu trop malmené l'image de la France que mon inner-Enjolras a érupté.

Mais, voilà. Alors qu'on m'expliquait qu'il fallait avoir une représentation mentale positive (de l'autre et du monde, en général) et que c'était la clef d'une communication réussie (et donc d'une vie parfaite dans une société parfaite avec des gens parfaits qui répondront tous "oui" à tout), même lorsque nous devions faire passer des messages avec lesquels nous n'étions pas d'accord.

Ca m'arrive tous les jours. Je les fais passer, oui, mais je garde mon droit d(e ne pas)exprimer ce que je pense vraiment. Pour ma formatrice, il faut se convaincre soi-même pour être crédible, car l'autre sent tout. Il faut donc accepter les messages qu'on nous envoie comme du tout cuit. Pour le bien de l'entreprise/de la France/de l'univers.

Comme personne ne l'ouvrait et que je me sentais basculer doucement mais sûrement vers Le meilleur des mondes, j'ai donc dit "mais, la pensée unique, c'est pas un peu dangereux ?" "Mais non mais non voyons, vos supérieurs savent ce qu'ils font.", "Et, selon vous, je ne peux pas garder mes opinions et faire avec ?" "Oh mais non, voyons, ce serait tellement plus confortable si vous en étiez persuadée !"
"Je préfère mes opinions au confort."

Autant vous dire que EnJohnlras était lâchée. Que je retrouvais les bancs du collège/du lycée/des hautes études (non je déconne, tout cela a commencé quand j'ai voulu cramer l'école Maternelle avec Elizabeth T.) où la confrontation a toujours été la même. 

Mon esprit buté contre celui d'un professeur sensé être "éclairé" (pour ceux qui ne suivent pas : j'ai failli me faire virer 3 semaines avant le Bac comme ça), je ne me suis jamais attaquée aux faibles, toujours à celui sensé être mon égal intellectuel (c'est comme ça que j'ai fait chialer ma psy, deux fois), et ça peut vous en dire beaucoup sur mon égo.

Je voulais voir jusqu'où allait la théorie en 10 points que la formatrice nous servait depuis 48h. J'ai, comme toujours, cherché le fil qui dépasse et sur lequel il ne faut surtout pas tirer.

Je ne sais pas pourquoi je fais toujours ça. Pour le challenge intellectuel ? Parce que mes oreilles ont reçu trop de bouse prémâchée ? Parce qu'il faut bien que quelqu'un parle ?

Je sais combien ces petits combats que l'on croit grands sont vains - je suis une fan des Misérables, hein. 
Je sais que le petit meurt toujours à la fin, même si c'est en chantant.

Cette fois, pourtant, à la pause, ils sont tous venus me voir, ou presque, les uns après les autres, pour me taper sur l'épaule et me dire "merci" "tu as raison" "on pensait tous ça".

Depuis quand moi JohnsyJohns, je suis devenue la porte parole d'un peuple, aussi insignifiant qu'il soit ?
Je vous rappelle qu'il y a 10 ans, on me jetait des cailloux en pleine figure, quand même. 

On m'a très - trop - souvent dit de fermer ma gueule (mon père le premier), pour que je le fasse. Je crois que je dirai toujours ce que je pense, je crois que j'écrirai toujours ce blog quand personne ne sera là pour l'entendre. 

Je me suis retenue de lancer "To the barricades!" ou "Until the earth is freeee!" - encore une fois, je sais comment se finissent ces choses.

Je me suis juste rendue compte qu'on ne m'avait jamais prise au sérieux parce qu'on m'étiquetait ado-rebelle, et que maintenant que je suis une jeune cadre dynamique, ma parole a malheureusement plus de poids.

"Malheureusement" car je suis assez fatiguée, et isolée, pour avoir renoncé à dire quoi que ce soit qui compte vraiment.


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