[I represent to you all the sins you never had the courage to commit]
J'en suis au point le plus zen de ma vie.
Et c'est étrange.
Car ça arrive alors que je n'ai peut-être bientôt plus de job, que je suis bientôt sans appartement et que je n'ai plus vraiment de famille.
Et moi, je passe mes nuits à faire des expériences sociologiques seule dans des bars.
Ca m'est venu d'un ras le bol général lié au fait que je ne rencontre jamais personne de nouveau.
J'ai appris, en grandissant, à surmonter chaque obstacle et chaque blocage, d'une manière ou d'une autre. Car mon ennemi mortel est l'immobilisme.
J'ai eu le déclic au Sziget :
Problème = Ne jamais rencontrer de gens nouveaux
Solution = Rencontrer des gens nouveaux.
On peut dire que, depuis quelques temps, je me surpasse à ce niveau. Alors, forcément, c'est la roulette russe, et je me suis retrouvée une fois de plus à pleurer dans un noctilien... mais le bon côté de ma tactique débile c'est que j'avais un autre garçon à mes côtés quand les larmes ont jailli.
Un garçon qui, je pense, se souviendra longtemps de ce que les conséquences de vos actes, vous garçons qui nous laissez dans le flou, à envoyer des sms engageant pour ne plus jamais répondre ensuite.
Il a pris mes larmes dans la figure pour tous les autres.
Des larmes de ras-le-bol, et d'incompréhension, et de frustration.
Pas de tristesse. Pas de détresse.
Il fallait juste que ça sorte, et je suis assez contente qu'elles aient servi : le garçon à côté de moi dans le bus a répondu à mon sms du lendemain.
Je reste toujours dans mes limites, ou presque. Je flirte avec le danger sans jamais m'y vautrer.
Deux garçons ont marqué mon expérience sociologique de vendredi-nuit. Le premier était un type plutôt énervé, qui pensait avoir affaire à une minette bourrée de plus qui venait lui gâcher sa soirée en parlant à son BFF. Du coup, je lui ai parlé à lui. Comme un défi. Je l'ai convaincu de ma culture musicale, du fait que, même bourrée, j'étais capable de tenir une conversation et il a fini par me laisser le suivre un bon bout de soirée. Puis il s'est figé. M'a fixée. Et a dit d'une voix atterrée : "Mais... t'es jolie en fait ?"
C'était drôle.
Ce "En fait" je me le prends un peu trop souvent pour le considérer comme anodin. Comme si je n'avais pas un physique facile, ou du moins, pas évident. Comme s'il fallait s'habituer à moi pour me voir bien, pour me voir mieux.
Mais oui, vendredi, j'étais jolie, et je ne voulais pas gâcher cette robe, ces cheveux et ce maquillage à boire seule devant des séries.
Alors j'ai foncé.
Une fois l'alcool profus dans mon sang, ça a pu commencer.
Une fois seule, et sans mes amis, sans gens qui comptent autour, ça a pu devenir intéressant.
Livrée à moi-même, obligée de me prendre en main et d'aller vers l'autre. Poser sa dignité à côté de soi le temps qu'on m'adresse la parole et ensuite l'arborer de nouveau, parce que faut pas déconner.
Le deuxième garçon est bien sûr celui du noctilien. Celui qui te prend par surprise, alors que tu as enfin décidé de jeter l'éponge, vers les 4h du matin. Celui que tu croises devant les vestiaires. Celui que tu suis sans trop savoir quoi en penser. Celui qui s'avère être plutôt intéressant mais qui, dès qu'il croise des gens qu'il connait, se met à parler moyen de toi.
Je suis un aimant à garçons déjà pris, et je reconnais désormais ce changement de comportement/symptôme d'entre mille : donc je rassure le gars "ok, j'ai compris, tu as une meuf, mais on peut parler, parler c'est bien aussi."
Et oui, en fait, j'avais envie - besoin, de parler avec un mec. Pas un énième gay BFF. Pas le mec d'une copine.
Un mec lambda, un inconnu croisé une nuit.
Un inconnu qui prend à revers et fait écho à l'autre inconnu quand il me dit "Je pensais pas, je pensais vraiment pas, mais je t'aime vraiment bien en fait.".
Je souris en coin. On est dans ma rue. Je le ramène chez moi alors que le jour se lève.
Nous sommes on ne peut plus sages.
Une envie de discuter jusqu'à tomber dans le coma et de m'endormir à côté de lui.
Mais non. C'est le privilège des officielles.
Je me refuserai toujours d'être la maîtresse, mais être la tentation est troublant.
Etre l'objet qui fait vaciller la volonté. Soi. Alors qu'on ne fait vaciller rien ni personne, habituellement.
Avoir un impact, dans la vie de quelqu'un. De quelqu'un qui a osé me dire "oh mais ma copine elle sait que je l'aime pas", de quelqu'un à qui j'ai fait les grands yeux en lui hurlant "nononononon me dit pas des choses pareilles c'est horrible affreux nonnonononon".
J'ai eu un pincement au coeur pour cette fille et toutes les autres qui sont utilisées comme des objets de confort. Avec qui on reste par habitude.
J'ai trouvé ma place plus enviable.
Je suis celle qu'on fuit au petit matin par peur de faire une bêtise.
Je suis celle qu'on ne reverra jamais et je resterai une image figée.
Je suis Dorian Gray.
Je ne tiens qu'à dire que j'adore te lire.
RépondreSupprimerAlors fais attention à toi, dans tous les domaines.