Clairement, je devrais être dans ma Happy place. Les deux pieds dedans, même.
Dans une main, mon billet pour les Libertines, une des dernières choses à faire avant de mourir qu'il me reste à accomplir, dans l'autre un article annonçant ma nomination à un poste dont je rêve depuis mes 16 ans.
Oui mais voilà, je pourrais bien être assise sur une montagne d'or, être best friend avec le clone d'Oscar et auteur best seller acclamée par la critique, je ne serais ni comblée, ni parfaitement heureuse.
Comme dirait Michel, "il manque quelqu'un près de moi" et quoi que je fasse, où que j'aille, rien n'y fait.
Je ne regarde pas cette situation de manière passive : je fais mon auto-promo auprès des potes en mode "présentez moi quelqu'un", mais l'homme-hétéro-célibataire est une denrée rare et généralement on garde un stock pour soi. Je suis également sur un site de rencontres où je rate mes embryons de relations aussi invariablement que dans la vraie vie.
Alors, quand je foire, je me dis "fuck that, je vais rencontrer des vrais gens, plutôt." et quand les vrais gens ne pointent pas leur nez, trois mois après, je me reconnecte en me disant "ici je vais trouver, c'est sûr.". Ce cercle de l'enfer dure depuis 2 ans.
Donc voilà, j'habite à 10 minutes à pieds du boulot, le boulot que je voulais faire, j'ai des amis jolis et intelligents et presque toujours à l'heure, un chaton doux - à défaut de gentil et d'affectueux -, un ciel bleu au-dessus de la tête MAIS.
...Mais je ne peux me retirer de l'esprit l'idée que je n'aurai jamais profité de mes jeunes années. Que si on m'aime plus tard, cela ne m'empêchera jamais de ressentir cette frustration intense de ne pas vivre une idylle tant que je suis en bonne santé, en pleine possession de mes moyens et assez folle pour aller faire des festivals de zoulous à l'autre bout de l'Europe.
Le deuil de l'amoureux du lycée que je n'ai jamais eu n'est jamais tout à fait passé, donc vous imaginez bien ce que sera celui de l'amoureux de jeunesse. Celui qui compte quand on a 20 ans.
J'ai fait le tour de tout ce qui clochait physiquement chez moi, je ne peux donc plus m'occuper l'esprit en me disant "quand tu seras plus jolie, peut-être...". Je me suis aussi totalement déstressée sur tout et ouverte sur beaucoup de choses. J'ai fait du chemin. Je suis moins malaimable qu'avant.
Je ne vois plus trop par quel bout prendre la suite des opérations. Je veux dire : moi je m'aime bien, alors pourquoi aucun garçon n'en serait capable ?
Je suis donc reléguée à la place de celle qui attend ("MAIS QUAND ON ATTEND IL N'ARRIVE JAMAIS RIEN, C'EST BIEN CONNU." => Ta gueule, les gens.), alors je tente de regarder dignement vers l'horizon, mais souvent je tombe sur un crépuscule et ma tête s'effondre entre mes bras.
Ne pas partager sa vie est très triste. Surtout pour quelqu'un qui a toujours été si solitaire. Personne ne m'a jamais accompagnée, pas de sa propre initiative. A choisir, les gens ont toujours opté pour une autre. J'aurais bien aimé croire ceux qui me disent que ça ne peut que changer, que c'est mathématique. Mais l'historique est là.
Plus les jours passent et plus je suis persuadée qu'il n'y a de place pour moi dans le coeur de personne.
Plus les jours passent et plus je deviens un gros cliché.
Malgré tout, je m'aime un peu beaucoup moi-même quand je trouve la force de m'indigner, malgré tout cela, quand des types agissent comme des gros connards. (On est un gros connard pour moi à partir du moment où on est lâche, ce qui vous englobe tous sauf le Dalaï Lama). Les plus gros connards sont ceux qui s'en prennent à mes copines, forcément. Et au-delà de ceux qui outrepassent les limites, il y a ceux qui pensent que ma génération c'est l'open-bar de la meuf. C'est genre "Alors je prends ton cul mais je veux pas trop de ton coeur, enfin... juste assez pour me sentir unique et important.". (Je suis sûre que la situation existe en inversant les sexes, je parle juste de mon expérience et à travers mon prisme hétéronormé et féminin à 99%.)
On ne peut pas être aimée lorsqu'on est bradée, divisée en lots, louée trois nuits par semaine et inexistante le reste du temps. Pour moi, même si une histoire est courte, elle doit être intense et inspirée. Si on n'a pas vraiment envie de l'autre, mais seulement "d'un autre", si on consomme plus qu'on ne créée, c'est là que la misère prend toute sa place.
Mais là n'est pas la question pour moi, car personne ne m'a proposé même une intérim dans sa vie.
Je navigue en parallèle de la vie des autres sans y entrer vraiment.
Je ne fais partie de l'existence de personne.
Je suis remplaçable et oubliable. Jetable.
La seule fois où j'ai cru être autre chose, il s'est avéré que j'étais une erreur.
Que personne ne vienne plus me dire que je n'ai pas le droit d'être malheureuse avec tout ce que j'ai, et que j'en demande trop.
Ca n'est pas un caprice, c'est la base.
Et j'estime qu'un équilibre humain ne peut être atteint seule, quand bien même je le souhaiterais de toute mes forces.
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