dimanche 19 juillet 2015

I don't need to sell my soul



[He's already in me]

Les longues marches dans un Paris déserté restent le seul avantage de cette fournaise quotidienne.
Avoir le temps, c'est aussi explorer. Prendre une route jamais envisagée avant parce que biscornue ou rallongeant le chemin, pas assez efficace en somme.

Se réfugier au cinéma jusqu'à ce que les éléments daignent redevenir vivables, laisser tout l'air et l'espace au chat mourant de chaud dans son manteau perpétuel. 

Rêver d'échappées, planifier du tangible, du plaisant. J'essaye de donner un sens, de paver ma vie de buts.
Depuis 10 ans que je vis (enfin) seule, ça a toujours été ainsi : vivre pour le voyage, le concert, le festival qui va pointer son nez et justifier d'endurer le reste.

Mes amis gobent un peu trop vite ma comédie de la fille arrivée qui a des social skills, au moins le minimum. Mais c'est une torture extrême que d'avoir à fréquenter des gens, beaucoup de gens, dont je n'ai pas choisi la présence dans ma vie. 

C'est pour ça qu'au final, renoncer à cette quête Don Quichottesque d'un autre spécial est sans doute la décision la plus sensée que j'ai pu avoir.

Je ne renonce pas à la fréquentation des autres, j'aime l'humain par dessus tout, c'est ce qui me fascine : le vivant, en opposition au reste, que j'aime tout autant. C'est juste plus simple, pour moi, d'être entourée de morts, leur mode de communication est plus adapté à mes skills. Je réfléchis toujours à me reconvertir en gardienne de cimetière.

Les vivants répètent inlassablement des schémas et n'apprennent jamais. Ils bougent beaucoup mais n'avancent pas. Ils détruisent mais oublient bien souvent de reconstruire.

Je n'ai jamais joué avec les mêmes règles du jeu que mes contemporains, d'où l'exclusion tacite dont je fais l'objet et la fascination extrême que je peux provoquer en même temps. 

Ce n'est pas que je n'aime pas être en compagnie de quelqu'un, c'est juste que l'humain me fatigue, que les intérêts de chacun ne s'accordent jamais assez bien pour mon perfectionnisme mental. Qu'il y a toujours quelqu'un pour crier, exiger, imposer, prendre à un autre. 

Ma vie sauvage me va bien. Surtout depuis que je ne suis plus vraiment une jouvencelle et que les regards ne s'attardent plus trop sur moi. Personne ne vient plus trop me faire chier, et j'ai développé des techniques particulièrement efficaces pour semer ceux qui s'aventureraient dans ma bulle. 

Je n'ai pas grand chose à faire sur votre Terre, puisque tout ce pourquoi je suis douée m'est rendu inaccessible par d'autres humains. J'ai un énorme potentiel gâché et une fatigue qui, désormais, me fait renoncer à batailler ferme et à me prendre des murs.
Je les rase en attendant que ça passe.

En attendant que Damon, Damien, Carl ou le Phantom viennent raviver le peu de flamme qu'il me reste. Je me sens très vieille à 27 ans, et je ne vois pas pourquoi vous insistez autant pour que je resigne pour autant.
Il n'y a pas de place pour tous dans ce monde moderne, il serait temps de l'accepter.

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