Une poignée de garçons ont réussi à me faire perdre la raison. A momentanément me couper de tout ce qui fait que je suis moi.
Damien Rice est la dernière personne à avoir abordé ce sujet en ma présence, cette folie passagère, où tu es sûr de ton fait mais que tu te noies en fait dans le faux, cette sensation de toute puissance erronée qui ne dure que le temps de ta relation.
Damien Rice est la dernière personne à avoir abordé ce sujet en ma présence, cette folie passagère, où tu es sûr de ton fait mais que tu te noies en fait dans le faux, cette sensation de toute puissance erronée qui ne dure que le temps de ta relation.
L'opium qu'est l'autre.
J'écoutais Damien palabrer dans un franglais savoureux, j'observais le ciel faussement étoilé, et je repensais au fait qu'il était la personne la mieux placée pour me parler de tout ça.
A chaque moment épique, il s'est incrusté dans la bande-son de ma vie.
Je n'écoute pas Damien en prenant ma douche, un bol de céréales ou en lisant un livre. Je l'écoute quand mon coeur est sur le point de se briser, quand il est entrain de l'être, et quand il est émietté.
Devant lui, au Grand Rex, j'ai vu mon existence défiler.
Moi assise au bord de la fenêtre de l'appartement du XXème dans lequel je venais d'emménager. J'avais mis O, tout bas, et je resserrais autour de moi la serviette de bain qui me protégeait des regards inquisiteurs de mon nouveau vis-à-vis.
Derrière moi, sur le lit, il y avait un garçon à moitié nu, qui respirait faiblement, accablé par la chaleur, l'effort et le fait de ne pas trop savoir quoi faire de moi.
On a vécu, cohabité, dormi, quelques mois comme ça. Sans mettre de mots dessus.
Sans mettre d'autres mots que ceux de Damien.
Quand est venu le moment de la séparation, les forces en présence ont protesté que, manifestement, mon désarroi était déplacé, car il n'y avait jamais rien eu d'officiel.
Jamais rien eu d'autre qu'un rapprochement inédit pour les deux partis. Un silence omniprésent mais confortable. Deux gens amochés qui ne se demandent rien d'autre qu'un morceau de peau contre lequel se serrer. Qui se font taire à grand coup de corps qui se couchent sur vous pour étouffer les paroles dures.
Deux êtres drastiquement différents qui s'attiraient jusqu'à ne plus passer une nuit l'un sans l'autre.
Mais jamais de sexe.
Une confiance totale, naturelle et irradiante, mais sans valeur aux yeux des autres. Et dieu sait que dans notre monde, on ne peut pas être deux sans les autres.
Puis Damien est venu se greffer à la grosse rupture d'avec le Premier, un garçon sans coeur et sans reproche, puisqu'il est sorti de ma vie sans discussion, sans sommation, sans véritable raison. La colère suprême d'un Rootless Tree dans les rues de New York, où j'étais seule et dans les limbes de ma vie. Comment faire pour revenir et reprendre le cours de tout quand rien n'a de sens ? Quand on peut vous déserter aussi vite que cela ? Quand, pour la personne que vous aviez tant attendue, vous n'étiez en fin de compte qu'une erreur de casting ?
Alors oui les gens sont là, même s'il sont dans l'incapacité totale de comprendre la profondeur du ressenti, de la trahison que la vie même commet à votre encontre. Quand on s'ouvre, le coeur vaillant, à un autre et que l'espoir est invariablement broyé.
Dans ces cas-là, qui sont réguliers chez moi, seuls des gens aussi rares qu'un irlandais à guitare et sa voix peuvent faire sens.
Damien est un des hommes de ma vie, parce qu'il est là, et qu'il parle ma langue, avec des fautes de grammaire, mais dans la compréhension la plus totale.
Ce n'est pas la musique qui transcende, mais la personnalité de l'autre qui s'impose à travers elle, alors qu'on n'était pas sensés se croiser.
Parfois, je me dis que j'aurais moins compris l'Art si la vie ne m'avait pas autant meurtrie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Veuillez écrire un truc après le bip visuel : BIP