jeudi 9 juillet 2015

I say run little monster, before you know who I am




Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu de crise existentielle. De jours qui se succèdent où j'ai très envie de répondre "Non, pas trop" aux "Ca va ?" qui n'en pensent rien de mes accointances. 

Un petit vieux - j'adore les petits vieux - sur un banc du lac de Daumesnil m'a demandé ce que faisait mon bien-aimé, je lui ai dit que je l'ignorais, il m'a alors désigné des joggeurs en essayant de me les vendre et je lui ai répondu "Ceux-là il faut déjà les rattraper, c'est pas gagné...". 
On a conclu tous les deux qu'avec l'augmentation des divorces et séparations, il valait encore mieux attendre avant de se décider. Il m'a dit que le plus important c'était qu'il ait une bonne situation, il m'a conseillé de déménager dans un endroit où il y a une caserne de militaires, parce que c'est une bonne situation militaire, et qu'ils cherchent souvent, même si on a déjà eu un mariage avant.

J'ai laissé le pépé et son écharpe, malgré les 28°, je lui ai souhaité une bonne journée, et je suis allée voir les animaux de Vincennes, qui, eux, n'avaient pas d'avis sur la question. 

Il faut se méfier des certitudes. Par exemple, moi, j'étais persuadée que si je bloquais dans tous les sens, dans ma vie, c'est parce que je n'avais pas de significant other. Et que si je n'en avais pas, c'est parce que je n'en rencontrais pas. 

J'en ai rencontré pas moins de quatre, ces dernières semaines.
Alors oui, il y a eu le classique "il me plait bien, mais pas moi", que je connais par coeur, mais, plus flippant, il y a eu un "oh putain, je passe un super moment, mais il y a rien du tout, aucune attirance, absolument pas l'ombre d'une aile de papillon dans mon ventre", un "tu pourrais être si séduisant si tu arrêtais de dire que tu n'y connais rien à rien alors que manifestement SI." et finalement un "OHMYGOD il vient de qualifier son patron de juif grippe-sous qui en fout pas une et s'envole pour Israel dès qu'il peut, de défendre la pédophilie et de me confier l'euthanasie de sa mère-grand lors de notre premier rencard".

J'ai compris que je perdais trop d'énergie pour pas grand-chose. Mon coeur, mon corps et mon cerveau savent en un quart de seconde quand ils veulent quelqu'un. 
Tout est un peu trop clair, d'ailleurs. Comme une série de mini coups de foudre qui ont ponctué ma vie. Un instinct implacable qui te tombe dessus et ne te laisse pas penser à autre chose.

Les casées autour de moi froncent les sourcils et se disent que je devrais persévérer. Ce n'est juste pas moi de me forcer à. De faire de la place dans ma vie pour accueillir quelqu'un qui n'est pas évident. 

Parfois je me dis que je suis allée trop loin dans ma course à la dépendance, que je suis en auto-suffisance, et que ce qui me manque, c'est un rêve inatteignable, un fantasme en rien comparable avec les vraies relations autour de moi qui ne sont que déceptions quotidiennes, compromis, crispations, trahisons et mensonges. 

Pour supporter tout ça, il me faut l'évidence, il me faut la transcendance, le frisson gigantesque dès le départ. Après lui, je suis prête à tout, capable d'énormément. Sans lui, je rentre sans scrupules forcer mon chat à me faire un câlin et continuer ma vie d'amazone des temps modernes.

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