mardi 21 mars 2017

There must be something in the water



Si je me concentre assez fort, je peux retourner à ce moment très précis du mois d'août, cette année-là.
J'étais allongée sur un tapis douteux, sous une tente gigantesque, entourée de gens stone ou en tout cas léthargiques. Les 40° degrés de la canicule Budapestoise me plaquaient fermement au sol comme une couverture de plomb. Les basses lointaines me rappelaient pourquoi j'étais là. 
Il y a eu un avant et un après ce moment suspendu. 
Tout a changé pour moi cet été-là. 

Celui où je me suis lâchée. Où j'ai arrêté d'être mon propre ennemi.

Bien sûr, j'étais loin de me douter ce qui allait m'arriver en rentrant. Le sort allait m'aider à mettre à bas l'esquisse d'édifice que la moi d'avant avait construit avec méticulosité.

Je ne sais pas trop pourquoi j'ai de l'ambition et de quand elle date. 
Je n'ai jamais voulu réussir pour en mettre plein les yeux des autres, déjà j'ai peu "d'autres" qui me suivent assez longtemps pour voir une quelconque progression dans ma vie et puis le reste s'en foutent assez pour devenir des amis proches, qui ne s'arrêtent pas à des "détails" comme, par exemple... un statut social. 

Le fait est qu'il y a trois ans, j'ai atteint en théorie ce que je pensais être mon but ultime.
Je pensais dédier ma vie à mon travail, dédier ma carrière à devenir éditrice in charge et dédier mon poste d'éditrice à faire des livres sincères qui pourraient peut-être aider un ado ou deux en tombant dans leurs mains.

Léguer à des inconnus ce que j'aurais aimé recevoir, à leur place. Leur éviter tout un tas d'embûches, pour pas les avoir vécues pour rien. 

Alors voilà. Je suis à ça de mon 29ème anniversaire. Trop vieille pour être une rockstar morte, trop jeune pour être un vieux sage respecté.
Trop seule pour être épanouie, trop accompagnée pour être désespérée. 
Trop quelconque pour que tout me tombe tout cuit dans la bouche.
Trop singulière pour que ma vie soit facile. 
Trop anxieuse pour notre monde moderne. Trop visionnaire pour le présent. 

J'ai fait un mauvais calcul. J'ai sûrement pas assez cru en ma réussite. Tout le monde a passé son temps à me répéter qu'il fallait revoir mes ambitions à la baisse et pourtant, voilà, j'ai réussi.

C'est censé être bien. Positif. Réussir.

Mais non. 
Faire de ma passion mon métier a éteint en moi la flamme qui m'animait : lire et écrire. 
Je ne fais plus jamais ça pour le plaisir. 

Alors qu'est-ce que je fais, moi qui n'ai jamais eu d'autre passion ? 
Je regarde dans le vide, je bois et je drague. Suivant l'énergie à ma disposition. 
Ce sont des passe-temps qui vont s'éteindre aussi vite que ma jeunesse.

Je réfléchis à quoi faire à la prochaine étape. Quel but me donner. Dans quoi engouffrer ma force d'action ? Ma détermination ?

Je n'ai envie de rien - de personne. 
J'ai envie qu'on me foute la paix et de ne sortir que pour voir de jolies choses, qui le méritent vraiment. 

Ca tombe bien, c'est le printemps. 

Alors oui, dans 6 mois, je serai maraîchère ou étudiante, défenseur des animaux ou vendue dans une société du CAC40. Au ministère de la culture ou bien morte. Qu'est-ce que j'en sais ?

Personne n'est trop inspiré quand je leur pose la question. C'est ça, de s'être toujours définie par sa profession. C'est ça la monomanie faite Johnson. 

Pourtant, plus que jamais, j'aurais terriblement besoin qu'on me dise qui je suis.

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