En ce moment, je suis dans ce petit carré en bas à droite.
Je sors très rarement de ce carré.
Et quand, dans deux mois, je vais m'envoler loin de France, je vais prendre ce petit carré avec moi.
Une chance m'est donnée de tester la nouvelle moi en territoire vierge. Avec des gens qui ne me connaissent pas et sont a priori bienveillants.
Cette perspective me stimule tellement que je ne suis qu'apathie en attendant.
On me prédit que je ne rentrerai jamais. Que je vais me trouver un bûcheron - ou un premier ministre, et en finir avec la misère Parisienne, qui oblige à toujours courir après l'argent.
Je ne sais pas. J'en attends peut-être trop. Cette escapade apparaît comme le sas de mon entrée dans la trentaine. Je m'envolerai trois jours après mes 3.0.
L'occasion de faire le bilan de mon premier tiers de vie. Comme s'il y allait en avoir deux autres, ailleurs qu'en théorie.
J'ai relu ce que j'écrivais il y a 10 ans ici, pour voir le début du chemin parcouru et aussi, j'avoue, pour comprendre pourquoi des personnes chères qui aimaient tant ce que je pouvais y raconter se sont désormais lassées.
Et contre toute attente, j'ai compris.
J'étais pétrifiée, dans la vie. J'étais la petite pâte rose du comics, sans sa coquille. Et on attendait de moi que j'affronte tout toute seule et sans fléchir. Que je sois ouverte à l'inconnu, même si l'inconnu était ultraviolent.
Alors je comblais avec ce que j'écrivais ici - même si techniquement j'ai changé d'adresse.
J'étais drôle, impertinente et sans-peurs. J'étais la meilleure version de moi-même. Celle qui a réussi le tour de force jamais réitéré dans la "vraie" vie : faire tomber quelqu'un(s) amoureux d'elle.
Peut-être parce que la vraie moi s'est trouvé un carré protecteur et qu'elle est désormais imperceptible.
J'étais vaillante. J'étais brillante et pleine d'esprit. Je peux le dire maintenant, j'étais Slapette et elle me manque un peu.
Depuis, elle a été enterrée par nombre de cerveaux académiques qui sont payés des clopinettes à vous faire entrer dans le crâne à quel point vous êtes médiocre.
Par nombre de gens stressés qui ne prennent plus le temps de rire à vos blagues.
Par nombre d'esprits normés qui sont focalisés sur leurs petits carrés à eux, la quête pour les obtenir - la guerre pour les conserver.
J'ai compris que c'était chacun son carré. Que je n'avais plus l'énergie d'être merveilleuse, époustouflante et extravagante. J'ai à peine l'énergie de garder mon calme.
Quand bien même, mes éclats me manquent. Tout était plus intense lorsque j'étais elle.
Quand bien même, je n'ai aucun regrets. Je n'aurais jamais pu tenir la distance.
J'ai fade away plutôt que burn out et j'ai trahi la petite Johnson aux sourcils perpétuellement froncés.
Pour autant, je ne l'ai jamais oubliée, et n'est-ce pas ça, qui lui importerait le plus ?
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