Dans tous les endroits qui ont changé ma vie, je suis tombée nez à nez, par pur hasard, avec un lièvre de Barry Flanagan. J'en ai parlé ici et ici mais ça a aussi été le cas à Londres et L.A
Je ne pensais même plus à ce hasard heureux, quand, pour mon dernier samedi, je décidai d'explorer les 3/4 du musée des Beaux-Arts de Montréal que j'avais ratés lors de ma première visite parce que 1) c'est pas du tout intuitif comme architecture 2) le plan a été fait par un enfant manchot de 3 ans, je ne vois pas d'autre explication 3) j'ai le sens de l'orientation d'une écrevisse borgne.
J'avais déjà mis 10 plombes à y arriver parce que c'est mon dernier week-end ici et que je voulais dire au revoir à la ville, et comme mon petit coeur tout mou s'amourache de tout (du mobilier urbain aux arbres en passant par la faune et la flore), je m'arrêtais sur chaque bancs pour prendre des clichés mentaux de tout.
Une fois dedans, j'ai fini par trouver le chemin vers l'art canadien (ça aurait été con de voir tout sauf ça) et spécifiquement l'art Inuit qui a accaparé toute mon attention dans mes divers périples. Je suis persuadée que si Amedeo "dio mio" Modigliani avait pu mettre un pied en Nouvelle-France (bon, il serait clairement mort en 20 minutes entre le climat et sa tuberculose mais passons ce détail, voulez-vous) il aurait été ébloui et au moins autant inspiré que par les masques africains.
Alors que je gambadais allègrement, légèrement pressée par le temps tout de même (des pintes et toute la diaspora m'attendaient pour le match France-USA), j'ai fait des découvertes folles, qui m'ont réchauffé les yeux et électrisée. Me donnant envie de mordre la vie à plein clavier. Y a tout le matos pour vous pondre une romance de folie avec ce que j'ai vécu ici, mais, encore une fois, il y a fort à parier que j'accepte trois fois trop de missions pros et que je ne parvienne pas au bout.
Je déambulais, donc, l'esprit complètement parti dans ses réflexions existentielles sur "Partir, oui, mais revenir, peut-être, mais peut-être pas, mais peut-être que oui, mais..." quand, au détour d'un escalier...
PAF LE LAPIN.
Autant vous dire que j'ai glapis de toutes mes forces et que j'en ai perdu mon cool. J'ai fait des petits ronds sur moi-même en m'ébahissant sur le destin et les hasards de l'existence et le fait que fréquenter des musées dans des grandes villes qui rayonnent culturellement force peut-être un peu ma relation avec ce cher Barry et ses créations, en fait.
Donc j'ai calmé ma race et j'ai continué à tout visiter car l'heure, le week-end et ma dernière semaine tournaient.
Juste avant de partir, je fais un détour pour prendre l'ascenseur parce que l'architecte qui m'a chié ce musée et qui l'a pas recouvert a décidé de faire dans l'originalité avec des marches très basses et impraticables que je ne souhaitais aucunement affronter en montée.
Et là, une petite porte presque cachée m'interpelle. Je jette une tête et tombe nez à crayonné sur des esquisses d'Hokusai.
Je me dis "WTF" et continue mon tour, tombant coup sur coup sur des dessins de la main de Degas, Géricault et même mon Eugène préféré de tous les temps (Delacroix).
Je frétille comme un flétan en me disant que j'ai failli louper cette chouette salle qui m'a tout l'air d'être celle qui regroupe le plus de chefs-d'oeuvre au m² quand TOUT A COUP...
Des dessins de Victor "coeur coeur" Hugo.
J'étais refaite.
Je me sens hyper chanceuse, hyper perspicace et comblée quand j'aborde le dernier mur.
Et là, alors que je regarde un Whistler de très bonne facture, quelque chose attrape mon oeil, en haut à droite.
Je n'ose vraiment jeter mes yeux, de peur d'être déçue, que ce ne soit pas ça.
Je me décide finalement, car comme le lapin d'Alice cette fois, j'ai pas la journée.
Et paf le Modigliani.
Là, mon cœur a perdu toute raison (que, de toute façon, il ignore la plupart du temps) et j'ai fangirlé pendant 10 minutes en roucoulant, faisant fi des bières qui m'attendaient et du tabouret de bar criant le nom de mes fesses.
J'avais failli louper les œuvres de mes artistes préférés, ceux qui me redonnent du courage, de l'inspiration et du bonheur à chaque fois que je les croise, pour finalement les trouver le même jour, le jour crucial. Mes derniers de liberté avant le long couloir du départ et des au revoir, aux gens cette fois.
Alors merci, univers, de faire les choses bien, parfois, pour mon petit cerveau.
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