lundi 20 août 2018

The awesome people stare



La semaine dernière, je me suis imposé un défi.
Un défi d'1m30.

J'ai accueilli, en mon humble demeure, ma nièce-filleule de 10 ans pendant 4 jours. 

Pour vous recontextualiser la chose, je me dois de préciser que je sais depuis que mes ovaires sont en âge de parler que je ne souhaite pas me reproduire.
Si jamais mon horloge biologique se réveillait, je songerais sans doute à l'adoption. 

En attendant, je vis en coloc avec une bipède, "Mademoiselle de la Moll" aka MollyBrown le Maine Coon et un Papy rat qui grince des dents de joie dès qu'il me voit. 

J'ai une patience très très limitée. Le fait d'être parisienne depuis 10 ans a accentué ma propension naturelle à être insupportée par les gens, les choses et les gens qui font des choses. 

Enfin, prendre soin de moi est un work très très in progress dont je parviens à peine à discerner les tenants et les aboutissants alors que je suis dans ma trente-et-unième année.

Bref, j'étais pas sereine sereine quand je me suis rendue de bon matin gare St Lazare pour récupérer le colis. 

J'avais prévu un programme total deluxe all-inclusive (possible uniquement parce que je vous le rappelle, au début de l'été, j'ai décidé que je n'étais plus pauvre). 

Zoo de Vincennes, Expo licornes, Bateau-Mouche, Café-avec-des-chats : j'ai sorti le grand jeu de la Tata Cool car l'Enfant est encore trop jeune pour la "tata rock'n'roll" que je maîtrise à la perfection auprès de mes neveux pubères. 

Je me suis surprise à être calme-zen-cool en toute circonstance (sauf peut-être la fois où, après avoir rappelé 5 fois à l'Enfant de prendre ses tickets de métro, elle s'est aperçue devant le portique qu'elle avait oublié les-dits tickets de métro, et où il m'a fallu au moins 5 stations de lignes 7 à ruminer à quel point les enfants étaient incompétents avant de me recomposer). 

Calme-zen-cool même quand, en plein nourrissage des phoques, l'Enfant m'a tiré sur la manche et a déclaré d'une voix traînante "j'ai caaaassé ma chaaaussuuure".
Car oui, un enfant est capable des plus grands prodiges. Et casser une chaussure juste en étant debout à regarder des phoques en est un. 
On était au beau milieu du zoo. A des kilomètres (un) de la boutique de souvenirs et l'Enfant refusait d'enlever sa chaussure moribonde et de marcher pied nu.
On a donc clopiné pendant une demi heure pour arriver à la caisse et interrompre la conversion des deux adolescents à dread qui la tenaient : 
"Euh oui, euh, bonjour, ce serait pour un renseignement. Vous ne vendriez pas des chaussures par hasard ? La petite vient de casser une des siennes et on est bien embêtés..."
Les deux saisonniers m'ont alors regardé avec une pointe de condescendance et un sourire en coin qui voulait dire ah bah vous êtes dans la merde mais c'est pas notre problème avant de me répondre verbalement "Non, on vend pas ça, non." en ponctuant d'un rire moqueur. 

J'ai voulu leur répondre "Ah ouais ?! Vous vendez des chapeaux, des lunettes, des t-shirts EN QUOI C'EST SI PUTAIN DE DRÔLE QUE JE VOUS DEMANDE SI VOUS VENDEZ DES PUTAINS DE TONGS ?!"
Au lieu de quoi, comme j'étais avec l'Enfant, j'ai répondu "Ah ok. Bon bah merci on va se débrouiller."

5 minutes de brainstorming plus tard, je me suis rappelé mes meilleurs après-midi d'enfance à regarder McGyver avec Pépé et j'ai dit à l'Enfant : "Es-tu prête à sacrifier un de tes élastiques à cheveux pour marcher à nouveau droit et finir la moitié du zoo qu'il nous reste ?"

Ce à quoi elle a répondu positivement.
La semelle recollée par l'élastique qui entourait maintenant son pied, j'ai prié Bouddha et Bob l'éponge que ce bricolage tienne. 
On a fini notre visite sans encombres et je me suis félicité, le soir même, de ce sang-froid tout à fait inattendu de ma part.

Cette semaine n'a pas manqué d'être chaotique, mais m'a prouvé encore une fois à quel point je suis adaptable.

J'ai, par exemple, failli passer l'Enfant par la fenêtre le premier midi quand j'ai mis les Beatles en musique de fond, sachant que si j'allumais la télé, son repas allait durer douze heures trente. Au bout de 4 chansons et de 10 bouchées de l'Enfant, je lui ai demandé si elle connaissait ce groupe. Elle a alors marqué un silence éloquent avant de déclarer, avec le regard du plus expérimenté des agents KGB : "Oui, et je déteste."

Allinall, les imprévus ont été plutôt agréables. Comme quand, en voulant prendre un raccourci, je suis passée par un parc et qu'elle a spotté des portiques de jeux pour enfants. Devant son regard de petit animal marin échoué, je me suis résolue à la laisser aller galoper, même si c'était pas du tout prévu au programme et que j'étais épuisée (les enfants sont des épuisettes). Au final, je me suis étalée sur l'herbe et j'ai rattrapé tout mon retard en réseau social... tout comme les autres parents présents dans le parc. Chacun savourant en silence cette relative paix pouvant être interrompue à tout instant par une blessure, une querelle, ou une piqûre d'insecte.

Le boss final de ces quelques jours s'annonçait être le long voyage en train (3h30) pour la ramener à ses vrais gardiens. Boss affronté dans la facilité grâce à mon abonnement Netflix et une série avec des Sirènes. Mais tout à un prix et pour cela, il m'a fallu abandonner mon précieux smartphone aux petites mains pleines de doigts de l'Enfant. 
3h30 sans musique, sans lien avec l'extérieur du wagon, sans réseaux, sans jeux, sans série Netflix avec des jeunes gens torse nus. 
Ayant presque oublié comment ces choses s'utilisaient, j'ai alors sorti de mon sac un livre grand format. Je l'ai fini en 3h30 et aussi vite oublié, mais avec la glorieuse satisfaction d'avoir terminé un livre pas-pour-le-boulot, ce qui ne m'était plus arrivé depuis des mois. 

Le bilan est donc que je suis rincée : endormie à 19h30 hier, réveillée à 10h30 ce matin par un chat un peu inquiet, mais un peu plus sûre de mes capacités de gestion d'autrui. 

Malgré tout, je suis sûre et certaine à 120 000% de ne pas en vouloir un à moi. Décision sur laquelle chaque membre de ma famille s’assoit allègrement en déclarant systématiquement "tu verras plus tard" "tu changeras d'avis" et/ou "t'es trop jeune, mais ça viendra". Le temps aura raison de leurs certitudes, et, ma ménopause en poche, je me rendrai sur leurs tombes pour leur dire "alors, c'est qui qui avait raison ?"


2 commentaires:

  1. Je suis béate d'admiration !

    (Et idem pour la ménopause, gniark gniark gniark)

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  2. Moi aussi
    Et final flambant drôle

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