C'est cliniquement appelé "sensation de vide" et c'est sûrement le pire symptôme de tous.
C'est cette sensation que ma vie est finie. Qu'il ne me reste rien à faire. Que j'ai accompli tout ce dont je rêvais (ce qui n'est, rationnellement, pas faux).
Plus d'envie, plus de motivation, plus d'entrain.
On fait des choses qu'on aime habituellement sans y prendre autant de plaisir qu'avant.
On passe le temps.
Le temps devient long.
Il s'étire et le sommeil est un salut dans lequel on se vautre volontiers.
Dans mes souvenirs joyeux, rien ne me donne envie de réitérer.
Aucun plan, aucun projet, aucune attente.
Je suis blasée par le monde qui nous entoure, les sujets qui me tiennent à coeur sont piétinés par celleux qui nous gouvernent.
Ce qui m'empêche de mettre un point final à tout cela tient à deux choses, un certain manque de courage, car il en faut, il en faut des tonnes pour passer à l'acte, et le petit bonheur qu'il me reste encore à me réveiller contre un chat qui ronronne, à me dire que je l'ai pas tiré d'un refuge pour l'abandonner moi aussi.
Alors je joue au jeu de la vie, j'avance mes pions et je dis bonjour à la dame.
Mais le coeur n'y est pas.
Le cerveau rarement.
Mes mots s'entrechoquent et mon psychiatre me donne des conseils pour être plus intelligible.
Je ne m'étais pas rendu compte que ça se voyait à ce point.
Persuadée que deux trois selfies rayonnantes (car je sais deux trois trucs dans la vie, dont poser) vont suffire à embobiner tout le monde.
Car personne n'a la solution, donc pourquoi emmerder les gens. La plupart d'entre eux me prennent de l'énergie et ceux qui ne m'en prennent pas doivent coûte que coûte être ou resté heureux. J'en fais mon but dans la vie, à défaut d'en avoir pour moi. Maintenir mon petit groupe de proches à flot et vivoter à travers eux.
C'est fou quand même. Il y a quelques mois, j'ai eu l'opportunité d'une vie, qui m'est passée sous le nez sans que je puisse faire quoi que ce soit.
De temps en temps, en faisant la vaisselle, en me lavant, en mangeant, je me dis "j'aurais pu être là-bas, là maintenant.''
J'ignore si j'aurais été moins vide, si mon BPD se porterait mieux. Mes journées seraient plus agitées, ça, c'est sûr et certain.
Alors je m'imagine une Johnson parallèle, celle qui aurait décroché cette opportunité. Je suis plein de Johnson différentes, qui cohabitent, chacune dans leur dimension, déterminées par les choix qu'elles ont fait.
Manque de bol, celle que j'incarne, et qui a le plus besoin d'écrire, a aussi le moins à dire.
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