Il est revenu dormir à la maison. Plusieurs fois.
Un soir, après avoir invité à dîner l'ex-couple d'ami, nous étions tous les deux assis sur des chaises, posées devant ma fenêtre ouverte sur 4 étages de vide.
Nous parlions. Pour la première fois depuis des lustres, nous parlions sérieusement, de sujets profonds. Nous échangions.
A ce moment là, j'ai eu un regain d'espoir furtif pour notre amitié.
Et puis. Sans prévenir. Il s'est levé.
M'a regardé avec le sourire le plus creepy de l'humanité.
Puis, sans me lâcher des yeux, il a enjambé la rambarde.
J'ai ri jaune en lui disant d'arrêter ses conneries.
Il a passé la moitié de son corps au dessus du vide.
Tout en me regardant. Droit dans les yeux.
Il a levé sa seconde jambe pour qu'elle rejoigne l'autre. J'ai eu le temps de rassembler mon esprit en un bloc d'adrénaline et je me suis enroulée autour de sa jambe. De tout mon poids.
Quand il m'a dit de le lâcher, que j'allais voir, que j'allais voir ce que ça faisait.
J'ai attendu un long moment. Le plus long moment d'horreur de ma vie.
J'ai éclaté en sanglots.
Il n'a pas cillé.
Je l'ai imaginé, au ralenti, tomber.
Je l'ai vu dans ma tête, écrasé sur le sol.
J'ai remarqué qu'il se tenait fermement par les mains.
Puis j'ai pensé fuck it.
J'ai lâché prise.
J'ai foncé jusqu'à la salle de bain où je suis restée de longues heures. Sous la douche. A pleurer.
Quand je suis revenue. Il était couché sur le sol.
Je me suis mise dans le lit, persuadée que cette fois, je ne le pardonnerai pas.
Pourtant, au milieu de la nuit, je me suis allongée par terre, contre lui.
Le lendemain matin, je lui ai expliqué qu'effectivement, je ne le pardonnerai jamais, qu'il fallait clairement qu'on se sépare quelques temps mais que je n'arrivais pas à me faire à l'idée de vivre sans lui.
Il m'a balancé que bien sûr je le pardonnerai, que je le pardonnais toujours.
Je suis partie. Brisée de l'intérieur. Choquée. Dévastée. Incapable de réaliser que personne, sauf lui et moi, ne saurait jamais la noirceur qui l'habitait.
Toutes ces fois où il s'était jeté dans les escalator, toutes ces fois où il avait posé la main à plat sur les plaques chauffantes soi-disant pour voir si elles étaient chaudes... La cigarette. Et ce soir-là.
Je suis partie quelques temps dans le sud. Mais il n'arrêtait pas de me dire qu'il allait me rejoindre, et je vivais avec la menace constante de son retour. L'envie qu'il soit là.
Je l'ai appelé un soir, complétement saoule. Une voix féminine riait derrière lui. Il m'a expliqué simplement que c'était sa stagiaire - enfin non - enfin... - la stagiaire de son pote.
Je savais que c'était L'Autre Fille. Je savais qu'elle avait gagné. Je savais à quel point elle avait perdu, maintenant qu'elle était sa chose.
J'ai décidé de m'évader à Barcelone, pour réfléchir. Mais avant cela, il fallait que je retourne sur Paris. Je voulais profiter de l'appartement vide du couple pour laver mon linge.
Personne ne m'avait prévenue que La Bête serait là. Avec L'Autre Fille. Préparant la voiture pour leur grand départ en vacances, un matelas sous le bras pour dormir à la belle étoile, dans le coffre.
Je ne leur ai pas adressé la parole.
Puis il est venu vers moi. Je m'apprêtais à lui envoyer quelque chose de bien senti à la gueule mais il m'a devancée, en me tendant la clef de chez moi et en me disant :
"Tiens, je n'en aurai plus besoin."
Voilà comment s'est terminée cette histoire.
La nuit suivante j'étais dans le bus pour Barcelone, et j'ai su. J'ai su que plus jamais je ne retournerai dans ses bras, plus jamais je ne lui ouvrirai ma porte, plus jamais je ne voulais le voir.
Et j'ai tenu parole.
Mais j'avais promis autre chose, à quelqu'un d'autre. C'était l'anniversaire d'une amie, il serait là. J'avais préparé une lettre lui expliquant que je ne voulais plus jamais le voir.
J'y suis allée, me jurant de ne pas boire, de ne pas boire pour ne pas lui parler. Puis un pote m'a glissé, un, deux, trois verres d'une mixture horriblement addictive.
Je suis tombée dans mon coma d'idée habituel.
Je me suis réveillée sur la terrasse, La Bête, assis en tailleur en face de moi, torse nu. Nous nous engueulions en anglais.
Je me suis levée, j'ai voulu partir.
J'avais oublié quelque chose, je suis rentrée à nouveau. Là, dans le couloir, j'ai croisé La Bête et L'Autre Fille - je vous ai dit qu'elle n'était toujours pas Officielle ?. Quand elle m'a vu, elle s'est serrée contre lui, puis lui a glissé à l'oreille, assez fort pour que je l'entende, en me regardant "viens, on va dans la chambre.".
C'est à cet instant là que je suis redevenue Heights Slapette Johnson, volcanique, caractérielle et indestructible. C'est à ce moment-là que je me suis réveillée de mes 6 mois de douleur, de torture et d'amour avorton.
Je me suis approchée d'eux, à la stupeur de La Bête, et j'ai levé ma main bien haut dans les airs. La gifle qu'il a reçue était si puissante qu'elle l'a propulsé contre sa copine, qui elle même s'est cogné la tête contre le mur.
L'Epilogue est qu'il avait oublié de lire ma lettre, il l'a lue 15 jours plus tard, il m'a fait dire qu'il était totalement d'accord sur le fait qu'on ne se revoit jamais.
Il m'a aussi fait dire que mes notes de blog sur lui (et elle) étaient inacceptables.
Puis il m'a fait dire que si je voulais revenir aux soirées, je pouvais... que ça le gênait pas... qu'il... qu'il voulait bien me revoir.
Je n'ai jamais cédé. Jamais failli.
La seule fois où je l'ai revu, par accident, j'ai fait une crise d'angoisse monumentale. Mais ça n'était qu'un vertige dû à l'image qu'il me renvoyait de la moi difforme que j'ai été pendant tout ce temps avec lui.
A ce moment là, j'avais intégré la Sorbonne et un nouveau groupe d'amis, je sortais tous les soirs et j'ai même fini par dormir avec une rockstar.
Mais c'est une autre histoire.
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