Quelqu'un qui voulait faire ce qu'on faisait dans l'équipe, qui l'a rejointe, et s'est barrée après une semaine après qu'on l'a formée patiemment. Quelqu'un qui nous écrivait toute la journée, notamment des trucs persos, des trucs de tous les jours, qui a claqué la porte en disant qu'on ne l'avait jamais intégrée. Et qui, incapable de gérer son propre échec, a voulu nous faire sauter.
Le truc, c'est qu'ensemble on avait parlé de l'importance de faire tourner les rôles, que les statuts avec un minimum de pouvoir qui sont tout de même nécessaires pour coordonnée une telle pieuvre même si celle-ci est organisée en horizontalité, ne doivent pas rester longtemps entre les mains des mêmes personnes. J'avais critiqué, devant cette personne, le fait que la communication du mouvement était verrouillée par deux-trois potes tou.te.s issu.e.s de la même grande école, bien sûr, blanc.he.s, dois-je le préciser ? C'est donc que j'avais conscience de cela.
Et, pour être honnête, je n'allais pas pouvoir continuer bien longtemps au rythme de 15 à 20h par semaine vouées au mouvement, de la coordination des formations (recrutement des formateurices, organisation des sessions, accueil et inscription des nouvelleaux, suivi des sessions, intégrations des personnes formées à notre mouvement, etc...)
Notre système était si bien rodé, même dans sa constante évolution, que cette personne n'a pas su par quel bout l'attaquer. Elle nous a donc taxé de racisme, parce qu'il se trouve que cette personne est racisée.
Je suis la première à dire qu'il faut écouter les minorités et que si elle estime avoir été victime de racisme, alors c'est que ça doit être le cas. Sauf que là, on parle de rapports dématérialisés. Je n'ai jamais rencontré cette personne. Je ne l'ai jamais vue en photo. Nous avions une relation quasi quotidienne, en ligne, et des échanges perso et organisationnels pendant des mois avant qu'un jour elle prenne la parole publiquement et communique sur le fait qu'elle fasse partie d'une minorité (pour dénoncer, d'ailleurs, la communication plus que maladroite de nos cheffes qui n'auraient jamais dû en être).
Entre avant et après cette info, je n'ai jamais changé de comportement envers cette personne. Du coup, étais-je déjà raciste envers elle avant de savoir qu'elle est racisée ? Auquel cas, pourquoi avoir continué à me parler, me solliciter, à se confier à moi et à vouloir collaborer avec moi au plus près ensuite ?
Dans les accusations que cette personne a répandu envers moi (et, par effet boule de neige, elle s'est mise à accuser fallacieusement toutes les personnes qui avaient fait partie de l'équipe, même celles à qui elle a continué de parler régulièrement par la suite), il y avait beaucoup de contradictions et de faits qui ne collaient pas.
J'ai exposé, froidement, les faits, les dates et les actions qu'on me prêtait qui ne pouvaient pas avoir eu lieu car je ne connaissais pas les gens incriminés à ce moment-là. Pourtant, tout le monde a préféré la croire. Devant les preuves évidentes (avec captures d'écran et témoins neutres à l'appui), la majorité s'est mise du côté de celle qui s'érigeait en victime.
Victime, elle l'est assurément, et je n'entrerai pas dans les détails, mais on a été assez proches pour qu'elle me confie une partie de ce qu'elle a traversé. Pourtant, sans que je sois un de ses bourreaux, c'est moi qui ai pris en leur nom.
Quelles étaient ses motivations ? Je ne le saurai jamais. Je pense qu'au fond d'elle, elle voulait se rendre utile, elle voulait ma place - ou ce qu'elle croyait être ma place. Imposer sa loi. Que personne ne lui oppose plus jamais de contradiction.
Car c'est cela qui a mis le feu aux poudres. Quand, vers 2h du matin, éreintées nous parlions à trois de tout et surtout de rien et qu'elle a été prise d'une angoisse subite sur le fait que la CNIL pourrait nous tomber dessus.
Je rappelle que nous étions une organisation informelle, sans existence juridique.
J'ai sans doute mal réagi sur la forme, en laissant filtrer à quel point je trouvais cette idée grotesque, et ça a suffi à la faire partir du groupe, à bloquer deux d'entre nous (pourquoi pas la troisième, qu'elle a accusé plus tard des mêmes maux, on ne le saura jamais) et à répandre les pires rumeurs sur moi en me diabolisant.
Parce que j'avais osé dire que c'était peu probable que la CNIL nous tombe dessus pour un word géré par trois personnes où on répertoriait des pseudos pour avoir une trace de qui avait été formé et qui ne l'avait pas été et pouvoir faire entrer en toute sécurité sur notre serveur les personnes l'ayant été tout en gardant dans le sas d'entrée les personnes ne l'étant pas.
Cette personne m'a accusé de la harceler parce que je lui ai demandé pourquoi. Elle a menacé, en plein milieu de la nuit, la médiatrice qui nous avait été affectée (à ma demande) pour apaiser le conflit. Les menaces, j'en ai reçues aussi, quand je lui ai demandé si elle me menaçait vraiment, elle m'a débloquée le temps de confirmer.
Plus je la mettais en face de ses responsabilités abandonnées, de ses contradictions, plus j'avais l'impression de démasquer quelqu'un qui aurait voulu être parfait et qui ne supportait pas qu'on suggère que parfois, tout humain peut se tromper, surtout à 2h du mat alors qu'on parle de tout autre chose.
Quelques semaines plus tard, quelqu'un a lancé une attaque sur notre groupe de formation, en appelant au beau milieu de la nuit (heure à laquelle cette personne se connectait et interagissait souvent, notamment quand elle envoyait des mails de menaces) pour leur dire que leur formation était annulée, en disant appeler de ma part, en utilisant mon prénom.
C'était forcément quelqu'un de l'intérieur.
Pourtant, je n'osais pas croire que c'était elle.
Je pense encore à elle. Parce que je suis persuadée qu'elle ne se sent pas mieux de nous avoir fait bannir (alors que j'étais déjà partie depuis 6 mois, c'est dire si son cerveau ne voulait pas lâcher prise sur ma personne). Elle a causé énormément de mal à moi, à au moins quatre personnes du mouvement, dont deux sont devenues des proches depuis.
Car à l'époque, je n'étais pas plus proche d'elles que de cette personne qui pourtant se croyait toujours l'outsideuse. Cette personne, qui me ressemble beaucoup plus que ce qu'elle aimerait.
Une personne qui voudrait à tout prix être aimée, populaire, avoir toujours le mot juste, qui réfléchit pendant des heures avant de poster un message pour mesurer chaque syllabe histoire de ne jamais prendre le risque que quelqu'un s'inscrive en faux. Quelqu'un qui ne supporte pas son humanité ? Quelqu'un qui ferait bien de se faire diagnostiquer, et je dis ça avec toute la bienveillance du monde.
Je l'ai vu, elle et une autre borderline, s'acharner sur moi avec la haine aveugle de celles qui ne sont pas soignées, ou si mal. Pour ça, je ne peux pas leur en vouloir. Trouver en soi l'énergie, la force de se faire aider, puis ensuite dénicher les ressources, monétaires, les bons praticiens... c'est quasiment impossible.
Et c'est là mon vrai privilège. Celui d'avoir échoué plusieurs fois à me faire soigner avant de trouver les bonnes personnes.
C'est ce qui m'a permis de ne pas me tuer en chemin, d'être toujours debout, même si, pour la vie handicapée, et d'être dans une meilleure position que cette personne quasiment un an après les faits.
Cette personne m'a extrait d'une situation qui devenait ingérable, où je me noyais de trop donner, car être utile est un privilège mais aussi une drogue. Pour ça, je pourrais presque la remercier.
Cette personne a fait se resserrer les liens dans un trio qui avait besoin d'aide, chacun à sa façon, à un moment donné. Trio qui existe encore un an après, n'a jamais été aussi proche, et qui, je l'espère va continuer sur sa lancée et pour longtemps.
Mes propos n'engagent que moi, il s'agit de mon ressenti. Si vous reconnaissez les gens que j'ai évoqués, laissez-les tranquilles. Il y a eu beaucoup de souffrances, de part et d'autre. J'en pose un morceau ici, car cela fait bien longtemps que j'aurais dû le faire.
Je clos ce chapitre sans rouvrir de plaies. Je guéris plus vite, à présent.
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