lundi 17 octobre 2022

[Nola - II] Evil is always possible.

 

[ And goodness is eternally difficult]

J'ignore quand a commencé ma passion pour la figure du vampire, mais ça remonte à très loin. Bien avant que je découvre Anne Rice, Richard Matheson, Stoker and co. Bien avant que j'en fasse mon sujet de mémoire de fin d'étude. 

Déjà, au collège, pour chasser les affres d'une vie aussi bien chahutée chez moi qu'auprès de mes "camarades", j'écrivais une série de romans vampiriques.

J'ai toujours été fascinée, mais je ne saurais pointer du doigt quelle oeuvre fut révélatrice pour moi. 

C'était plutôt quelque chose d'intangible, de flottant, une créature qui a toujours existée et qui existera toujours. 

Ma bibliothéque vampirique, loin d'être exhaustive, est quatre fois plus grande que ma bibliothèque féministe, ou que celle où je range mes classiques de la littérature "blanche". 

Mais quel est le lien avec la Nouvelle-Orléans ? 





Hé bien, les vampires y sont partout. Et je ne saurai dire qui a précédé qui, entre les héros des Chroniques des vampires d'Anne Rice et ceux peuplant le folklore déjà bien ancré dans la région, mais pas une rue ne passe sans qu'un magasin ou une échoppe ne fasse mention des vampires.

Tous les bookshops ont leur rayon "vampires, ghosts & other creatures". Ils sont bien plus présents que n'importe quelle autre figure, même celle de la sorcière pourtant associée très fort au Voodoo, à New Orleans et à Anne Rice également. 





Quand j'ai eu 15, 16 ans, il est devenu évident, pour moi, que je devrai aller à New Orleans, me rendre compte pas moi-même de tout cela. Visiter la maison d'Anne Rice, qu'elle ouvre au public et à ses fans, visiter le cimetière Lafayette #1 où nombre de films vampiriques ont été tournés... 




Oui mais voilà, les USA, c'est loin, c'est cher et ma stabilité mentale étant mise à rude épreuve quand je voyage seule, je ne voulais pas m'y aventurer en solo. C'est alors que Chick est arrivée et a rendu tout ça possible.



Chick est beaucoup de choses, mais pas une magicienne, et je savais en mettant les pieds dans l'avion que mes rêves d'ado seraient quelque peu mouchés - par la récupération capitaliste des mythes, avant tout mais aussi par un détail fâcheux, la mort de celle qu'on aurait pensée invincible, la si grande Anne Rice.



Voici deux de ses maisons dans Garden District, la première étant celle qu'elle ouvrait au public. J'ai pu aussi visiter la librairie où elle venait dédicacer ses livres en se faisant transporter dans un cercueil. Ici, bien loin de la remiser dans le rayon "tourisme" ou dans un obscur rayon fantastique bien poussiéreux comme dans le meilleur des cas en France, toutes les librairies la mettent en avant comme une autrice ayant changé la face de la littérature, au même titre que Faulkner ou Tennessee Williams. 

J'en vois déjà se gausser devant leur écran. 
Et je vois les autres, ceux qui savent. 





Nous avons choisi la saison de Halloween pour en avoir encore plus plein les yeux et aussi parce que nous espérions une météo douce. Résultat, nous avons eu une temps de plein été, chaud, humide et doux la nuit avec des décos tout autour de nous et des voisins qui rivalisent d'ingéniosité pour se faire remarquer. 




Pas de chance non plus du côté du cimetière mythique de Lafayette, dont nous n'avons pu faire que le tour de l'extérieur, celui-ci est fermé depuis quelques lustres sans date de réouverture annoncée. Heureusement, ce ne sont pas les cimetières qui manquent et, pour me consoler, Chick m'en a laissé faire pas moins de quatre. Dont le dernier, celui de Metairie, qui clôturera notre séjour pour aller rendre un ultime hommage. 





C'est ainsi que nous avons parcouru les allées de St Louis #3, une cimetière perdu dans les quartiers nords d'Uptown, où les rues bourgeoises cèdent vite la place à des rues abandonnées, en voie de gentrification, où toute vente se paie cash. 











C'est une cimetière quasiment laissé à l'abandon, où les édifices semblent au mieux branlants au pire sur le point de s'avachir sur nos petites têtes brûlantes du soleil qui tape, tape, tape.




Autre quartier, autres moyens. Il faut débourser pas moins de 25 dollars pour pénétrer l'enceinte de Saint Louis #1 qui fait la jonction entre le French Quarter et Tremé. Notre guide nous fait le tour à la hâte et nous avons à peine le temps de nous arrêter pour nourrir le chat des lieux, Esmeralda, que la visite est finie.

Ci-gira Nicholas Coppola dit Cage qui a racheté à coup de gros billets le caveau familial originalement présent à cet endroit pour y construire le sien, en toute modestie. 











En ai-je eu pour mon argent, pour mes espérances d'ado clôturée en Normandie rêvant d'ailleurs glauques et sanguinolents ? Je dirais oui et non. La figure vampirique, surtout en période d'Halloween, est une excuse pour faire du business. La plupart des légendes racontées sont enflées et montées de toute pièce pour satisfaire les touristes se pressant toujours plus dans les tours guidés qui font frissonner. Pour le côté gothique authentique, mon regard se tournera toujours vers Prague, et ses rues embrumées d'où pourraient surgir à tout moment un Golem en furie. Mais j'ai quand même touché du doigt des éléments qui viennent combler le patchwork de mon territoire mental. J'ai rajouté des pièces au puzzle de mon imaginaire et j'ai compris pourquoi un tel endroit avait donné de telles oeuvres.

Car New Orleans est aussi rien de moins que le berceau du Jazz (malheureusement, c'est un genre qui ne m'a jamais séduite), mais aussi d'autres grandes œuvres sudistes.



Mais ça, c'est une autre histoire.



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