Lundi dernier, j'aurais dû commencer mon stage, mais les gens étant pas aussi stressés ici, personne, en six mois, n'a tilté que le 2 avril c'était férié au Canada.
Bien. Bien bien.
Du coup j'ai eu un jour de plus pour galoper de rues en rues, et j'en ai profité pour aller rendre hommage au dieu local.
Non pas Justin, mais on y reviendra.
Non pas L'AUTRE Justin.
Non pas Céline.
Bon, puisque vous n'avez aucune culture générale avec un grand Q. sachez que Sir Leonard Cohen est né à Montréal. Et ici, c'est un demi-Dieu. Et vu que Dieu est partout en amérique du nord, c'est pas peu dire. Voyez plutôt :
[On a Victor Hugo, l'Irlande a Yeats, le Québec a Cohen.]
Pour fêter les 1 an de sa mort - ou plutôt pour l'exorciser tant tout le monde ici semble encore porter le deuil, le Musée d'art contemporain de Montréal a commandé des œuvres à des artistes divers mais surtout variés.
C'est ainsi qu'à très tôt du matin, encore sous l'empire du jet-lag, je me suis pointée là-bas, surprise qu'à 30 ans j'ai encore le droit à la réduc "jeune adulte" (je salue mon sens du timing pour le coup).
Tout Montréal se bouscule là-bas, ce sont les derniers jours, et on est férié. Bon, comme Montréal est totalement vide, ça laisse quand même de la place.
Je m’assois donc dans une pièce, dans le noir, avec des écrans partout autour de moi, retraçant sans ordre véritable la carrière de Léo (non ? non.)
Déjà, je le connaissais comme musicien, principalement, et sa poésie me met à terre, moi qui y suis déjà.
Il arrive à parler de poneys et à être sexy, profond, hilarant, triste à mourir, émouvant et charmant. Je comprends mieux la place qu'il a pris dans le cœur tout gris des Montréalais en cet hiver qui n'en finit pas.
La classe sublime du mec est indéfinissable.
L'expo finit sur son bureau, recréé en l'état, comme à son dernier jour sur Terre.
Le dialogue a pas été tordant, mais c'est dans les silences qu'on reconnait les géants.
Je ne me sens pas vraiment seule ici. Les rues sont pleines de personnages, sur les murs, au fil des discussions capturées malgré mes écouteurs. Des statues, des plaques, tout à découvrir pour une néophyte du Canada telle que moi.
Le soir, je m'engouffre au nord de chez moi, dans le quartier du Plateau. Tressaillant à moitié à cause du 0° plombant qui veut pas décoller et à moitié parce que je vais à un concert de quelqu'un que je connais mais à des miles de la dernière fois, dans un endroit inconnu dont je ne maîtrise pas les coutumes.
Sur la route, je retombe en enfance. Le Plateau est le quartier bobo par excellence. Très Nouvelle-Angleterre bourgeoise, avec ses maisons bien alignées et ses escaliers qui semblent vous inviter. Le taux de criminalité est tel que les jouets des enfants sont laissés dans la rue.
[Seul un être innocent peut dessiner une marelle de cette forme.]
J'étais encore dans mon flou total de "qu'est-ce que je fous là ? qu'est-ce qui m'a pris ?" un peu pas là, un peu île flottante. Je parlais presque à voix haute à James Bay, dans mes oreilles, pour lui demander son avis sur le meilleur chemin à prendre pour nous rendre au Belmont. Petite salle de concert qui a plus de swag que tous les rades parisiens additionnés.
J'avais la tête dans des étoiles imaginaires quand j'ai poussé la porte du club, me prenant de plein fouet un mystérieux inconnu. Bien joué Johnson.
Ici personne ne bouscule personne et si ça arrive, c'est que c'est un français. Ou un enfant. Car les enfants canadiens ont tous les droits (ter).
Je lève la tête pour décider si je vais dire "Oh désolée'' ou "So sorry" et à la place je dis "Motherfucking fuck", ce qui n'est pas très très socialement acceptable mais qui sort tout seul.
Le mystérieux inconnu n'était autre que Hanni El Khatib. Rockeur de mon cœur de son état. Qui a fait des miracles à Paris la dernière fois que je l'ai vu, et qui a même ouvert son public en deux d'une seule phrase pour demander que des petits fifrelins cessent leurs marivaudages.
Mon aimant à rockstar avait encore frappé, au moment où j'avais presque oublié son existence.
C'est sous le choc que je me débarrasse de mes trois couches de vêtements (j'en garde une, quand même, pour l'instant) et c'est toujours sous le choc que je vais au bar commander une bonne grosse pinte de bière locale.
C'est encore un peu sous le choc que je me place pour la première partie un peu en retrait de la foule et que je regarde vaguement un type avec un maillot portant le numéro 30 (comme mon âge que j'ai, LoL) me passer devant et se mettre juste à côté de moi pour regarder le pestacle.
Hanni again.
Déjà, j'avais senti que j'avais un lien de l'ordre du sacré avec ce type quand j'ai perdu mon sacro-saint collier violet dans son concert avant de miraculeusement le retrouver (#spoileralert dans mes boobs), ce qui m'avait été confirmé, quand, ronde comme une queue de pelle qui aurait joué au bowling, le soir de la fête de noël de mon bureau, j'étais tombée sur lui AGAIN.
Bref, mon comité d'accueil à Montréal était des plus classieux. Et le lendemain, les choses sérieuses commençaient.
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