[Saviez-vous que le nom du groupe "Ottawan" est un hommage à la capitale du Canada ? Maintenant, oui]
Mon budget escapade étant ce qu'il est, j'avais pas trop de quoi rester une nuit à Ottawa, du coup j'y suis allée sur une journée. Et j'ai kiffé.
Après la petite déception qu'était Québec (trop touristique, trop escarpé, trop disney dans la vieille ville et des gens moins sympa en général qu'à Montréal), je m'attendais à vraiment tout avec la capitale.
J'ai débarqué du bus en plein campus universitaire, au milieu de vagues d'étudiants qui apprenaient à s'y repérer, je ne dépareillais pas, mes yeux rivés à Google maps.
Une fois que j'ai réussi à m'extirper de cet endroit, j'ai traversé une première fois le canal Rideau pour me retrouver à côté de la mairie, qui n'a tellement rien d'exceptionnel que je n'ai compris qu'a posteriori qu'il s'agissait de la mairie.
Premier arrêt dans le parc de la confédération, où je réalise qu'à Ottawa, ils aiment bien la guerre. Il y a des monuments un peu partout pour commémorer un peu toutes les guerres et un peu toutes les batailles et un peu tous les gens qui y ont pris partie.
Même les animaux.
Mon but était d'aller prendre des photos de l'extérieur du parlement, persuadée qu'on ne pouvait pas le visiter. Et en fait si. Et c'est gratuit (et chouetos). Par contre tu subis une fouille comme dans les aéroport et y a des gardes en uniforme qui te jugent tout le long de ta visite, mais c'est un petit prix à payer tellement c'est cool de voir la chambre des communes, le sénat et surtout la badassbliothèque.
Seule pièce qui n'a pas brûlé dans le grand incendie de 1916.
J'ai aussi pu faire un coucou main à le portrait de la reine et j'ai cherché en vain celui de Justin Trudeau en me disant qu'il était ptet pas fini d'être peindu, tout simplement.
Sur la route pour le parlement, il m'est arrivé un truc bizarre. Une sensation de déjà-vu, mais pas celle qui est perturbante et qui s'en va en laissant l'air perplexe et les sourcils froncés, non, celle où tu sais que t'as déjà vu un endroit.
C'était devant le monument commémoratif de guerre du Canada (oui, à Ottawa, ils aiment commémorer les guerres je vous ai dit, chacun ses hobbys).
Je suis restée un moment comme deux ronds de flan à faire défiler les pensées connexes que cet endroit m'évoquait. Non, je n'étais jamais venue avant. Non, ça ne ressemblait pas à un autre endroit où j'étais allée. Non, ce n'était ni dans un film, ni dans une série.
Et puis au moment où j'ai aperçu les gardes, au pied, ça m'a frappé comme une alerte BFMTV.
Je me suis rappelée de ce moment dans l'avant, où j'étais restée comme médusée face à mon écran de télé, devant les flashs actus bardés de bandeaux "urgent" informant d'un des premiers attentats de cette période. On était en octobre 2014, j'étais très heureuse, et un mois après, ce serait le début du drame dans ma vie personnelle, et deux mois après, du cauchemar national. Autant vous dire que j'en garde un souvenir vivace et presque tangible. Comme une première disruption. Le dernier avertissement avant l'apocalypse.
Et me retrouver là, sans avoir fait le rapprochement, sans m'être préparée, en m'étant concentrée très fort pour replacer l'événement et surtout au sortir d'une semaine qui a pas mal secoué mon pays d'adoption m'a tout de suite plongée dans une tout autre énergie.
C'est alors que j'ai remarqué tous les détails autour de moi : les drapeaux en berne (et dieu sait qu'il y a plein de drapeaux à Ottawa), les mecs armés de mitraillettes dans des voitures banalisées un peu partout dans le quartier (ça fait bizarre d'ailleurs, parce que rien n'indique que ce sont des "gentils" quand c'est banalisé), les échanges des locaux, aussi, qui ne parlaient que de ça. De Toronto, du fdp qui a attaqué la mosquée de Québec et qui est jugé actuellement, et de 2014 et de l'attaque du monument qui s'est finie dans le hall du Parlement.
J'ai pas pu m'empêcher de me dire que c'était quand même chelou cette ville qui commémore autant de tueries et qui a été visée / est sous la menace de tellement d'autres.
[Ottawa, la ville de la bagarre]
Du coup, pour me changer les idées, je suis allée au festival de la Poutine (Sans transition).
C'était chouette, et y avait plein de statues cool dans cette rue. Et
j'ai fini par me poser dans un pub irlandais parce que 1) passion pub,
2) passion Irlande, 3) beer good, 4) une des plus grosses communautés de
la ville est irlandaise
Bon, le seul livre que j'avais à portée de main étant Les derniers jours de Stefan Zweig, c'était pas l'éclate non plus, mais la pinte de Barking Squirrel et la poutine végétarienne revisitée mode mexicaine m'ont redonné un peu de couleurs et le minimum d'espoir en l'humanité nécessaire à ne pas finir cette journée roulée en boule sur un banc public.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Veuillez écrire un truc après le bip visuel : BIP