mercredi 13 juin 2012

It's hard to dance with a devil on your back

Je me souviens qu'on était assis par terre tous les deux, ivres de sommeil, à jouer aux jeux ridicules sur mon portable qui était tout pourri et pourtant mieux que ce que qui que soit pouvait s'offrir dans ce lycée. 

On était seuls, à côté des bureaux de la direction de l'établissement. C'était calme. On finissait notre nuit en parlant de tout, surtout de rien, et en se plaignant beaucoup, et parfois, j'essayais de lui faire comprendre qu'il était gay, mais généralement ça ne finissait pas très bien. 

Un jour particulier, je me souviens, le proviseur est passé et nous a ordonné de nous relever d'un "on n'est pas sous les ponts à Paris ici.". 

Je me suis rappelée de ce moment sans raison pendant longtemps. Maintenant, je comprends que ce jour là, j'étais entre l'archétype de tout ce que j'aimais chez un garçon, le BFF : drôle, complice, reposant parce qu'il avait suivi toute ma vie, gay et plus intelligent que la moyenne ambiante & l'archétype de tout ce que je déteste chez l'homme, le proviseur : sorte de dictateur dont l'égo décolle devant les responsabilités qu'on lui a octroyées, violent verbalement, lapidaire, fermé, ça aurait pu être mon père s'il avait choisi l'éducation nationale. 

Les garçons ont toujours été un mystère pour moi.

Hier soir, je vidais une bouteille de Chardonnay ("Une bouteille entière ?" "Oui oui") avec une amie qui se pose beaucoup de questions sur les chromosomes Y également. Après l'inévitable "j'aime pas les garçons", j'ai répondu "j'aime les garçons, je n'aime pas dépendre d'eux.", ce qui équivaut à "I love you but you're bringing me down". 

J'ai remarqué alors à quel point on avait des œillères. A quel point les filles hétéro se focalisent sur leurs prétendants, sur les petits bourgeois qui ont toujours tout eu dans la vie, y compris les filles, y compris l'amour, et qui se permettent de les jeter comme des jouets décevant quand ils en ont fait le tour, sur les connard malfaisant et retors qui leur mettent le cerveau en vrac avec un seul coup de fil...

A quel point j'oublie vous autour. 

Les garçons spectateurs de ma vie. Qui me trouvent drôle, qui aiment bien me voir de temps en temps, avec qui je partage peu mais qui savent ce qui se passe. 

Ce sont eux - cette strate si précise et si étendue en fait de mes relations - qui m'ont le plus réconforté. 

Mes gays, ces doctorants de la rupture amoureuse, ingénieur en remontage de moral express, oui, mais pas que. L'ancien BFF qui revoyait dans mon histoire le début de la sienne. L'ami de twitter qui lâche ses compliments ciselés en frappes chirurgicales bienveillantes avec un timing parfait. Le bro' qui affronte à chaque mail le rollercoaster émotionnel de ma vie et sait toujours quoi dire et surtout comment le dire. Le barbu qui est sûrement un des seuls à pouvoir comprendre l'étendu de ma douleur à moi, qui a l'hypersensibilité nécessaire à une souffrance irraisonnée, à l'image de la mienne. L'étranger qui joue si bien l'amoureux transi obsédé sexuel que c'en est confondant. Les connaissances de deux ou trois soirs qui, pour une raison ou une autre, m'ont fait comprendre qu'ils n'étaient pas insensibles à ma douleur. J'en oublie forcément.

Il y a des garçons plein ma friendzone, et j'ai tendance à les considérer pour acquis un peu trop facilement. 

Alors à vous : sachez qu'un seul mot d'encouragement de votre part vaut peut-être mille discours de mes meilleures amies. Parce que je suis une fille à garçons. Parce que vous êtes mon soft spot. Vous m'êtes plus précieux que les quelques tocards et le gars bien que j'ai laissé entrer dans mon coeur. Vous avez été là. Vous êtes là. Et vous le serez, si la vie le veut. 


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