C'est un entraînement digne de l'olympisme mais, peu à peu, j'y arrive.
Me bercer d'histoires pour ne plus distinguer réalité et imaginaire. Arriver à mon but ultime : si je parviens à me convaincre que cette relation n'a jamais existé, ma vie pourra continuer.
Si cette relation n'a jamais existé, je n'ai plus l'obsession aliénante du "pourquoi ?" elle s'est finie.
Alors j'y travaille tous les jours. Ça demande beaucoup d'alcool. Beaucoup d'autisme quand les gens flattent mes oreilles de leurs théories fumeuses. Énormément de cran, de redevenir, heure après heure, celle que j'étais avant. Celle que je détestais. Celle que je vomissais. L'intouchable mais qui, de fait, était incassable.
Tout va être facilité par mon chômage imminent. Les jours pourront être les nuits. Les nuits, les jours.
Me couper des gens, de tous les gens qui veulent que j'avance. Qui veulent de la nouvelle moi.
Rester avec les valeurs sûres, celles qui m'aimaient à l'époque. Redevenir Lonesome Johnson le roc, le cap, la péninsule.
Oublier que j'ai été assez faible pour croire ce qu'un garçon pouvait me dire, oublier que quelqu'un, un humain insignifiant comme les autres, a brisé les barrières construites pendant 23 ans, en a extirpé le meilleur, l'a regardé et a décidé que ça n'en valait pas la peine.
Me persuader que ce soir là, en sortant des toilettes de ce bar, je ne me suis pas arrêtée quand je l'ai vu. Me convaincre que mes oeillères étaient toujours vissées et qu'il n'a pas pu, en trois phrases et demi, conquérir le terrain sauvage refusé à tant d'autres insignifiants petits humains avant lui.
Réussir à croire assez en moi pour filer dans Montmartre et ne pas me retourner. Garder le souvenir d'un garçon d'une nuit. Pas du garçon pour qui j'ai tremblé si fort avant notre première soirée à deux, tout ça pour me dire, une fois dans ses bras que ce n'était que ça... et me demander si ça en valait bien la peine ? Trois semaines je me suis posée cette question. Trois semaines je ne me suis pas fait confiance. Trois semaines je suis restée sur ma barricade à ne pas croire ce qui m'arrivait. Que cela pouvait m'arriver.
Perdre le souvenir de ce moment où j'y ai enfin cru. Où j'ai écouté la voix idiote et tous les signes extérieurs, et les jolies paroles de gens pas si bien pensants, où j'ai baissé les bras et ouvert mon putain de coeur, bien trop handicapé pour comprendre ce qui lui arrivait.
Je suis Heights Johnson, ça fait 5 ans que je n'ai pas eu de copain, je suis toujours pure et innocente et pleine d'idées folles et les 4 cm qui prennent tant de place dans mon ventre sont uniquement dus à une misérable chute.
Il n'a rien été que le courant d'air d'une nuit.
Il n'a jamais existé.
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