jeudi 7 août 2025

She can read, she's bad


La majeure partie des œuvres que je traduis sont bourrées de scènes de cul. Pour éviter de virer ermite, je vais souvent relire mes textes dans les cafés. À Paris, où personne ne se calcule, ça ne pose pas de souci, sauf quand les tables sont vraiment serrées et les voisins vraiment nosy

En province, c'est autre chose. Les gens se parlent, posent des questions, lisent parfois par-dessus votre épaule. 

Le seul moment où ça me gêne vraiment, c'est quand je me trouve à côté d'un ou une ado dans le train dont l'œil est attiré par mes ratures. Car rien n'est plus dur (no pun intented) que d'écrire une scène de cul. 

Me relire et me corriger sur papier, en public, me confère aussi - et involontairement - une certaine aura auprès d'une partie de la population. Dans les cafés où je suis une habituée, certains membres du personnel ont fini par me demander si j'étais écrivain. Je n'ai jamais menti, car c'est une règle chez moi, mais je me retrouve bien embarrassée quand ils posent des questions supplémentaires. Quand ils me demandent quel genre, quels auteurices, je traduis. Alors je sers une réponse partielle : surtout pour la jeunesse, parfois pour la B.D., en omettant le gros smut bien trash dont je suis devenue, un peu malgré moi, experte.

De mon côté, je suis désensibilisée de ces scènes quand je bosse. Comme un.e gynécologue, j'imagine. Je me concentre sur ma tâche et ne me retrouve un peu déstabilisée que quand je dois mener des recherches de lexique sur des sujets qui m'échappent (des kinks très spécifiques ou, dernièrement, des piercings génitaux aux noms élaborés)

Les historiques de recherche des traducteurices rendraient chèvre plus d'un agent de la DGSI, by the way.

Vu qu'il s'agit de mon boulot, ça devient un peu problématique quand je souhaite ouvrir mes horizons cul... turels. Impossible de décrocher mon cerveau et mon esprit analytique, de ne pas partir en "moi, j'aurais écrit ça comme ça." 

Dernièrement, pour une raison complètement midinette, j'ai donné sa chance au produit des plateformes de contenu audio. J'y allais la fleur au fusil, dans un but bien précis, pour découvrir une œuvre en particulier en me disant que j'allais sans doute payer un abonnement d'un mois pour rien. 

Il se trouve que ça a coïncidé avec les deux seuls jours de vacances que je me suis octroyé cet été. Pendant les vacances je m'interdis de bosser, en dehors des temps d'attente dans les gares et aéroports et du transport en lui-même. Je me suis donc retrouvée un peu hagarde, une fois mon tour des réseaux accompli, sans grand monde pour me répondre et liker mes photos de monuments et de sculptures d'animaux étranges. 

Je me suis alors dit que, vu que j'avais payé cet abonnement, autant découvrir le reste de la plateforme - au pire, ça me donnerait du grain à moudre sur la création de contenu et me permettrait de mieux cerner les références à ce genre de productions dans d'autres oeuvres. 

Pour les gens qui seraient complètement étrangers au concept : sur ces plateformes, des acteurices lisent des textes qu'iels ont généralement écrits et enregistrés dont le contenu est résumé par des tags (comme sur les sites de humhum.) Il y en a pour tous les goûts (genres, pratiques, combinaison des deux) et la plupart des modèles économiques sont respectueux des créateurices (pas de côté "mais qu'est-ce que je viens de voir ?" comme quand on termine une vidéo)(mon côté empathe, une fois mes esprits retrouvés se pose toujours bien trop de questions du type "cette personne va-t-elle bien ? est-elle assez entourée ? suivie par un.e thérapeute adéquat ?")

Pour avoir fréquenté des travailleureuses du sexe par le passé, je sais aussi que financièrement parlant, l'abus est total, à de très rares exceptions. Et ma culpabilité est donc omniprésente quand je consomme du p. traditionnel. D'où le côté vertueux des audios. Sans compter que les acteurices peuvent rester totalement anonymes et vivre leur vie sans se faire harceler, ou pire... 

Bien sûr, tout ça repose sur l'imagination. Ca tombe bien : la mienne est infinie, envahissante même. Pourtant, dans le noir, quand j'ai appuyé sur play, et alors même que j'entendais une voix familière, de quelqu'un qui me plait, que je connais et qui me rassure (assez pour que je prenne ce foutu abonnement...), je me suis vite retrouvée à avoir une réaction inattendue : j'ai éclaté d'un fou rire incontrôlable qui refluait pour laisser place à de l'agacement avant de revenir au galop. Je n'ai rien à reprocher à l'acteur, qui a parfaitement fait son job, mais le script qu'il se contentait d'interpréter était bien trop faible pour réussir à tromper mon cerveau littéraire, expert du genre. 

[Je précise ici que ces audios sont en anglais, en français, je n'aurais même pas tenté]

La prose utilisée, l'aspect répétitif, les mauvais niveaux de langue employés, voire les soucis grammaticaux : de bons gros tue-l'amour chez moi. Le ick est direct, total, implacable. 

Mon imagination juge celle d'autrui : elle le sait, je le sais, toutes les deux, on peut faire bien mieux... C'est ma meilleure ennemie. La responsable de mes frustrations de la vraie vie, qui n'est jamais à la hauteur, soyons franches. 

Ce qui se passe dans ma tête est bien trop vif, trop intense, trop détaillé et précis pour ne pas se prendre un mur quand on confronte ça à une sexualité réelle - surtout quand celle-ci a été dirigée vers l'hétérosexualité pendant une grande partie de mon existence.

Le nombre de mes copines qui n'ont jamais joui avec un mec est effarant, celles qui choisissent de ne plus relationner avec eux sont de plus en plus nombreuses - et ils ont même réussi à en dégoûter certaines de tout contact humain. Je ne suis pas loin de me compter dans le lot. 

Je suis donc rassurée que de telles plateformes existent. Que certaines personnes aient compris qu'il existe des voies dérobées - qui peuvent même aider à guérir de blessures profondes, internes et externes. Ce contenu, pour certain.e.s, est thérapeutique.

Je ne crache donc pas dans la soupe, et je me dis simplement que je suis trop déformée professionnellement pour que ce contenu puisse me toucher - et vice versa. 

Je reprends un train dans lequel je suis bien trop fatiguée pour corriger quelque smut que ce soit. J'arrive chez moi, à cette heure entre chien et loup, où il est trop tard pour commencer quoi que ce soit - un épisode de série, un film, une activité constructive encore moins. J'ai épuisé tout mon doom scroll pendant mon temps de transport et je me retrouve, une nouvelle fois, les bras ballants, à regarder mon écran de portable dans le blanc des yeux. 

Dans mes applications récemment ouvertes, je remarque l'icône la plus récente et je me dis "oh, au pire ça t'endormira..." Je parcours une fois de plus ce que les autres créateurs ont à proposer. La dernière fois, j'avais cherché les tags qui fonctionnent habituellement chez moi, mais là, je décide de faire confiance à la communauté et d'aller fouiller dans les audios les plus mis en favoris. 

Un créateur, en particulier, attire mon attention. Les quelques mots de la description de son profil, l'humour que je décèle dans les résumés de ses posts, et quand je lance quelques secondes, juste pour essayer, je me dis que la voix colle aussi - pas trop mascu, pas trop stéréotypée. Et surtout, il y a ce rire, ce rire qui me fait sourire immédiatement. Pas rire aux éclats - même si ça arrivera, mais pas d'une manière qui m'éjectera de l'ambiance qu'il a voulue créer. Il y a ce sourire dans sa voix à lui, qui me dit qu'il ne se prend pas au sérieux, et les quelques phrases d'introduction qui traduisent à quel point tout ça l'est malgré tout. Il y a ses précautions, ses avertissements, parfaitement intégrés à sa persona, à ce qu'il essaye de créer. Je comprends peu à peu pourquoi il est si haut dans les favoris. Quel genre de relation, à distance saine, il a su créer avec sa communauté. Alors oui, à ce moment-là j'intellectualise encore, mais j'intellectualise en me laissant peu à peu happer par ce qu'il raconte, par là où il veut m'emmener, et ensemble on glisse doucement vers un territoire dont j'ignorais tout et dont j'étais persuadée qu'il n'était pas pour moi. 

[Flash-forward pudique] 

Et vingt minutes après, je me retrouve bouche bée, yeux écarquillés, agitée de larmes dans une réaction dont je n'avais qu'entendu parler. 

Depuis, mes chats ont un nouveau père et je suis entrée dans la relation monogame la plus épanouissante de toute ma vie, avec un homme que je peux mettre sur pause quand je veux. Et retrouver quand bon me chante. Qui ne dépassera jamais mes limites. Qui ne pourra jamais me faire de mal. 

Bien au contraire. 

mercredi 2 juillet 2025

[Bacșiș 8] Siamo Tutti Antifascisti


Tout était bien qui finissait bien, on rentrait en somnolant vers notre appart', j'avais fait le deuil d'une soirée d'anniversaire - en m'étant levée si tôt et après plusieurs nuits sans pouvoir dormir, personne n'était d'humeur pour s'en jeter un petit. 

Alors que nous étions à 20 min de l'endroit où le car était censé nous déposer, j'ai commencé à me demander ce qu'on pourrait bien choper à emporter, en chemin, pour manger pépère à l'appartement.

Deux heures plus tard, nous étions toujours à 20 min de l'endroit où le car était censé nous déposer. 

Le guide, toujours spartiate, nous informe qu'il y a eu une manifestation imprévue, et qu'il ne sait pas combien de temps ça prendra pour nous sortir de là.

Bon.

On s'était préparées mentalement aux bouchons, mais là, Maurice le pousse un peu trop loin. Mon cœur de "Stalinienne possédée" (vraie "insulte" qu'on m'a adressé un jour sur les réseaux) ne veut quand même pas trop grogner, parce que j'ai beau avoir eu une période noire de centrisme, je ne suis pas une social traître.

J'essaie alors de me renseigner, mais je ne suis toujours pas bilingue roumain. Je me tourne alors vers Mediapart (Abonnez-vous !) qui couvre vraiment bien l'actu roumaine, et dans une langue que je maitrise à peu près (le français.) 

Et là, je réalise, catastrophée, ce qu'on est en train de vivre et QUI me gâche une partie de mon anniv. 

Ce bon gros porc de facho complotiste qui a manipulé le premier tour des élections (avec l'aide d'un certain V. P. de Moscou, dont on protégera l'anonymat)(ou plutôt pour préserver mon référencement Google) partage ma date de naissance (à quelques années près) et ses afficionados ont décidé de le célébrer en mode gilets marrons en bloquant une place stratégique. 

Ils avaient beau n'être qu'une poignée, ils ont foutu un sacré bordel, et ont brisé mon petit cœur woke. 

Long story short, les otages (nous) ont fini par être libérées, on a atterri dans un resto libanais (parce que pourquoi pas)(et aussi le besoin de légumes), j'ai eu une bougie d'anniversaire (mais pas de carte)(je pense que je le rappellerai à mes copines jusqu'à leur mort, ou plutôt la mienne, les statistiques ne penchant pas en ma faveur, niveau espérance de vie), on a fait un gros dodo (sauf Dealul, qui dès l'aube, à l'heure où blanchit la Camargue, a fait le tour des popottes de ce que nous on avait déjà fait tandis que nous avons lézardé sur le canap', avec Vascul, telle Sisyphe, toujours en train d'essayer de "terminer Tumblr")(Il faut imaginer Vascul heureuse.) 


Une fois la tribu réunifiée, on a filé vers le Parlement. Le plus grand bâtiment politique mondial après la Maison Blanche, construit uniquement dans le but de prouver que c'tait Nicolae qu'avait les plus grosses.
Résultat, une énorme bâtisse aux trois-quarts vides dans laquelle on a fait 4 kilomètres pour visiter 3 pièces. 




Après le périple de la veille, on avait prévu une journée "light", mais cette forteresse hyper gardée étant mal foutue au possible, on a dû la contourner par l'extérieur pour visiter l'autre côté du bâtiment qui abrite... le musée d'art moderne.
On est donc sur l'épitome du "deux salles, deux ambiances."




Me sentant comme un poisson dans l'eau enfin, parmi mes gauchos sûrs, j'ai dévalisé un distributeur de snacks indévalisable (comprendre comment s'en servir était un tel escape game que j'ai dû porter secours à mes deux compagneras)(j'ai fait allemand LV2, cheh)




Les collections, comme dans tout musée d'Art moderne, étaient d'un intérêt inégal, mais j'ai quand même eu un gros coup de cœur pour la star de l'accrochage du moment : Ioana Nemes, dont les œuvres d'avant-garde résonnent tout particulièrement maintenant (elle est malheureusement décédée en 2011, à 32 ans, et trop vite oubliée à mon goût puisqu'inconnue au bataillon à l'Ouest)






L'autre atout charme de ce musée à l'architecture un brin brutaliste et aux ascenseurs de verre qui ont failli me faire passer à l'arme à gauche, c'est que ses cages d'escalier et ses toilettes sont des espaces de libre expression pour les street artists (ou toi, petit touriste, si le cœur t'en dit.)





J'espère que vous n'êtes pas lassés des musées parce qu'il ne reste quasiment plus que ça à vous débriefer.

Bonus tracks :




dimanche 22 juin 2025

[Bacșiș 7] Doomsday Blue



Les anniversaires, c'est compliqué. 
D'aussi loin que je m'en souvienne, ça a été un problème. Pas forcément le mien, cela dit. 
C'était le moment choisi par ma mère, tous les ans, pour me signaler un peu plus fort que le reste du temps que je ne l'étais pas, moi, choisie. 
Et apparemment "J'ai pas demandé à naitre" n'était pas une réponse recevable.
Par contre, "c'est quand, exactement, ta date d'anniversaire ?" chaque début mars, semblait être une question légitime à poser de la part de la détentrice du livret de famille.

Je vous passe les détails humiliants, des boucles d'oreilles offertes alors que je n'ai jamais eu les oreilles percées, des pains de viande préparés avec amour alors que je suis végétarienne depuis que j'ai 4 ans (bénie soit l'arrivée de Picard qui m'a permis de manger autre chose que du pain et du beurre lors des grands repas de fête, y compris quand ils étaient destinés à me célébrer, moi.)

Bref, à l'âge adulte, ce PTSD s'est transformé en une débauche de rattrapage de temps, avec des fêtes de 20 personnes dans des appart' trop petits et des tournées de shot avec l'argent viré par les parents en guise de présent. 

Depuis que j'ai coupé les ponts avec ma famille, ça s'est apaisé. Généralement, je me contente d'un dîner avec celles de mes amies qui sont dispo et de la sacro sainte carte signée par toutes les 5 de notre groupe, petite tradition amicale que j'entretiens pour les 5 autres quand leur heure vient. 

Cette année, comme j'avais prévu ma journée bien à l'avance et qu'elle servirait à rayer un élément de ma to-do list des "trucs à faire avant de tutoyer la grande faucheuse", je me faisais pas de bile. Jusqu'à en oublier quel âge je prenais. Les années se confondent un peu, le temps s'écoule de manière étrange - à cause de la trentaine, sûrement, mais aussi du chahut des années passées à se confiner/déconfiner et de mes périodes de dépression, d'hibernation ou d'exaltation qui ont tous influé sur ma perception, mes souvenirs. 

Ce 26 mars, j'avais donc négocié de me lever la dernière, le temps d'un saut dans la salle de bains, avant qu'on s'élance dans les rues de Bucarest à la recherche de notre bus, les yeux encore collés. L'aube était juste derrière nous, pourtant on a été les dernières ou presque à arriver.

Le guide - aimable comme une porte de goulag, ce qui ne surprendra personne, à ce point du récit - nous liste les règles et pas grand-chose d'autre. Il fait passer un bloc-notes au cas où on aurait des questions. 
Parmi nos interdictions, celle d'avaler quoi que ce soit dans le bus lors de ce périple de 12 heures. Même de l'eau. Sachant que chacun de nos trois arrêts serait chronométré, j'avais embarqué la moitié de nos vivres histoire de passer le temps à bouffer des fruits sec. 


Les roumains sont obsédés par leurs voitures, selon le guide, du fait d'avoir dû attendre longtemps, dans les années 70/80 avant de pouvoir en acheter une personnelle. Et effectivement, en Roumanie, malgré l'offre de transports en commun, les bouchons, c'est du soir au matin, du matin au soir. C'est à ne pas comprendre comment tout ce beau monde arrive au travail à temps. 

Après une quête auprès des quelques autres francophones du bus parce que le guide tenait à ce que le paiement des tickets se fasse en liquide (#tienstiens) et une tentative mémorable mais cependant ratée de Dealul de faire brailler "joyeux anniversaire" en roumain à tout le bus, nous sommes arrivés dans les Carpathes. Au château de Bran, demeure ancestrale de la famille Țepeș. 



Je ne me faisais pas d'illusions quant à ce qu'il est devenu, aka une grosse attraction touristique sans âme, entourée de vendeurs du temple. Malgré tout, j'étais un peu chagrinée de comprendre à quel point nous devrions tout faire au pas de course. Comme souvent, j'ai dû faire un choix:  rester avec les copines ou profiter de cette occasion unique de voir exactement ce que je voulais voir comme je l'entendais.


C'est un peu l'histoire de ma vie. Je suis atteinte d'un trouble qui, les professionnels s'accordent à dire, me rend incapable de vivre seule et pourtant je l'ai toujours été. Après un bref débat avec moi-même, j'ai décidé de laisser les filles derrière, histoire de n'avoir aucun regret, me disant qu'on aurait encore une bonne dizaine d'heures de bus pour débriefer.



 Le château ayant été acheté par des investisseurs privés, le dernier remodeling en date est assez... discutable. Des immenses fleurs en plastique rouge trônent dans des salles quasi vides où les seuls artéfacts présents ont été rapatriés d'ailleurs et ne représentent pas de grande valeur historique ou artistique.

L'architecture, elle, sorte de palimpseste de diverses époques, était badass à souhait. 

Ne sachant pas trop choisir entre aura romantique, présentation patrimoniale et attrape-touriste, le château est un gloubiboulga de tout ça à la fois.


L'élément le plus décevant restera la micro-boutique. Là où ils auraient pu se faire une thunasse de dingue, on ne trouve que du cheap, du même pas assez kitsch pour être drôle et les seuls objets un peu raffinés et originaux ont facile deux zéro de trop sur le pricetag. 


J'ai décidé que comme c'était MA journée, j'allais sacrifier un peu de temps de visite pour aller parcourir le village, d'autant que j'avais repéré les 8èmes merveilles du monde en entrant :

Des bons gros good doggos des montagnes, aussi gentils qu'impressionnants et léthargiques. 

Je me suis donc posée pour 5 minutes miraculeuses, sous le doux soleil du printemps, un énorme toutou sous la main droite et un Lángos au fromage dans la gauche. Une sorte de moment suspendu en mode contre-la-montre parce que le sacro-saint car ne nous attendrait pas.

La route a continué à défiler, j'avais toujours la tête dans le cul, mais j'ai quand même vu des charrues tractées par des boeufs, comme au siècle d'avant celui d'avant. Puis on a fini par arriver à Brașov, sorte de Bratislava Transylvanien.

Encore une fois, la course était de mise, nous forçant à faire plusieurs équipes - celle qui marche vite mais qui visite longtemps d'un côté, celle qui a la flemme et assez frileuse pour me voler ma veste restant avec moi. 

J'ai bien senti qu'insister pour qu'on se pose pour déjeuner avait été reçu de manière mixte, mais j'étais au bout du bout de ma vie - manque de sommeil, trop de transports, panique existentielle habituelle de cette période anniversairale. 



La plus blasée restant l'indétrônable Vascul qui, le temps qu'on arrive à notre prochaine destination, avait basculé dans son mutisme habituel et le mode automatique. Heureusement, le dernier arrêt était le plus épatant - il fallait au moins un monument en passe d'intégrer la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO pour la faire sourire à nouveau.

J'ai nommé le Château de Peleș, résidence d'été des rois - jusqu'à ce qu'il n'en ait plus - puis des camarades les plus méritants - jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus - et désormais énorme bâtisse et musée où on pousse des "oh !" et des "ah !" à chaque détour. 








La journée n'était pas terminée, mais cet article - qui s'est fait attendre, désolée : la vie - étant déjà bien trop long, je garde la suite pour un autre épisode.