jeudi 22 février 2018

Under stormy night, tell nobody



Je suis allée chez l'osthéo... pour ma chatte.
On reprend :
J'ai emmené ma chatte chez l'osthéo. 

L'animal.

C'est bon, tout le monde a repris ses esprits ?

Il se trouve que mon gentil géant de 5 kilos s'est transformée en panthère des neiges aux griffes acérées depuis quelques mois. Ça coïncide à peu près à sa stérilisation qui a été suivie de complications pour lesquelles elle a été hospitalisée une semaine pendant la canicule.

Il y a un mois, je l'ai emmenée à une expo féline pour trois bonnes raisons : 1) Molly - ma chatte donc - adore ça 2) ça fait de la pub à son éleveuse, et son éleveuse le mérite 3) elle devait passer la conformité qui fait d'elle officiellement un vrai chat de race© (et après on aurait été tranquilles POUR LA VIE)

Surprise de dernière minute, on m'a annoncé qu'on allait être suivies par les caméras d'une grande chaîne putassière.

L'introvertie puissance 1000 et la meuf fatiguée de la triple vie qu'elle mène depuis quatre ans en moi ont pas envisagé ce week-end hyper sereinement, j'dois avouer.

Au final, on est restées qu'une heure sur place au lieu de deux jours parce que Molly nous a attaqué et son éleveuse et moi jusqu'au sang pendant qu'on la brossait (ce qui est totalement indolore et habituel). Et les seules images diffusées concernant mon éleveuse sur la chaîne putassière furent celles de ma lionne en train de rugir et de cracher face cam' (un peu comme quand vous emmenez votre gosse au travail et qu'il fout la honte à vos ancêtres sur trois générations).

Je suis repartie avec Molly dans le dos, interceptée à la sortie par un vigile qui m'a demandé le ticket de caisse de ma chatte, croyant que je l'avais achetée sur place.
Une explication plus tard, je posais Molly à mes pieds dans un Uber et elle miaulait de joie à nouveau. Non pas parce qu'elle aime le goût du sang, mais parce qu'elle a une passion pour les voyages en voiture. Ainsi que pour l'eau. Et les décorations de noël. Et sa couverture bleue qui sent à peu près comme le cadavre d'un poisson qui aurait mangé un rat mort.

En la regardant quémander des caresses, sur le chemin de la maison, je me suis dit qu'il fallait que j'agisse. Ce n'est ni dans son caractère ni dans celui de sa race de faire des trucs pareils, et vu que j'ai total la guigne avec mes animaux, je ne laisse plus rien passer.

Pour rappel, le précédent, l'amouuuur de ma vie d'adulte est mort à 2 ans et demi après deux opérations très pénibles.  
Résultat ma chatte a une mutuelle et pas moi. Y avait pas le budget pour les deux et il est de notoriété publique que "prendre soin de moi" est ma priorité number ouane.

C'est comme ça que ma chatte a atterri chez l'osthéo.

J'avais très très peur que Molly arrache un œil ou deux à la véto, mais il se trouve que pour une fois j'ai fait bonne pioche. Ellea commencé par me demander poliment de bien vouloir reculer hors du champ de vision du chat parce que la "connexion entre nous est si forte" que ça l'empêche de faire son boulot tranquille. Ok, then.

Je recule dos au mur et je tremble un peu à l'idée que le chat Freddy Kruegerise cette pauvre praticienne mais c'est elle qui l'aura cherché après tout. 

C'est à ce moment là que l'éleveuse – qui était du voyage, parce que les bonnes éleveuses assurent le service après-vente, surtout quand le modèle en a après votre jugulaire – a sorti une réplique qui m'a fait vivre un de mes plus grands moments de solitude : 
"Ah non mais c'est pour ça que je confie pas mes chats à des filles seules d'habitude, ça créée des liens trop fort et après quand il arrive quelque chose au propriétaire le chat est irrécupérable."

Alors 1) je ne suis pas une "fille seule"... j'ai une coloc... qui est pas là souvent... mais quand même ! 2) c'est une chose de faire passer son chat avant sa propre santé, c'en est une autre que d'entendre une tiers personne être d'accord et le dire 3) POURQUOI IL M'ARRIVERAIT QUELQUE CHOSE JE N'AI PAS ENCORE TRENTE ANS STATISTIQUEMENT C'EST TRES PEU PROBABLE MEME SI OK JE PRENDS L'AVION BIENTOT !

Contre toute attente, Molly Brown, chat au fort caractère de son état, s'est laissé total faire. Il y a eu ce moment digne du film Ghost où l'osthéo, à moitié couchée par dessus son dos a parlé comme si mon félin s'adressait à moi :
"Elle ne vous en veut pas. Elle a simplement beaucoup souffert. C'est la mémoire traumatique de la douleur qui ressort, mais ce n'est absolument pas dirigé contre vous."

Huh-huh.
Oui oui oui. 
Et on pourrait essayer de communiquer avec l'esprit de mon chat mort d'avant ou c'est en supplément ?

Bref, apparemment ça va passer après encore une ou deux séances de remise en place (et en confiance) de la Bête. Si la prochaine séance envoie encore plus de bois que celle-ci, je ne manquerai pas de vous en faire part.

En attendant voici quelques photos prouvant à quel point ce chat est soumis à un stress énorme proche de la maltraitance :
 



[Avec un cameo de la couverture bleue-de-la-mort, odeur not included]



 

jeudi 15 février 2018

Oh, I've tried to speak but there's nothing left to say


[Kamoulox !]

Ce soir, je frétille parce que je suis invitée à une fête.
Je suis jamais invitée à des fêtes.
Non pas que je sois une sans-amie qui parle toute seule et passe la Saint Valentin avec son chat en vidant une bouteille de vin rouge, mais mes amis, justement, n'organisent jamais de fêtes (ou alors le font très discrètement et ne m'invitent pas, ce qui serait très très cruel et je ne les pense pas capables de ça).

C'est toujours moi qui donne l'impulsion "Hey hey, on se voit ? On se fait un film ? Un resto avec des patates et du fromage ? Une belote ?"

Parfois, ma paranoïa frappe trop fort à la porte et je me demande ce que ça ferait si j'arrêtais de proposer des trucs. Parfois, je suis dans une phase dépressive et j'arrête vraiment de proposer des trucs, et le fait est qu'effectivement, quand on cherche on trouve.

J'ai depuis peu fait la paix avec cette petite voix qui me hurle "personne ne t'aime, tu n'as pas d'amis" parce que les anti-dépresseurs m'ont fait comprendre que si des gens s'enquiquinent à faire partie de ma vie depuis 8 ans (et plus), c'est pas juste du masochisme ou parce que ma chatte a le poil soyeux. 

J'ai compris que mes amis n'étaient pas du genre à organiser des fêtes, des sorties, des tartiflettes et des virées à l'autre bout de l'Europe pour attendre dans le froid un groupe de jeunes anglais aux cheveux gras (bon, sauf une). 

Parfois – rarement, donc – je suis invitée à une fête mais je suis physiquement incapable d'y aller. Parce que je n'y connaîtrai personne, qu'il faut faire plus de transports en commun que mon quota anxiété ne le permet ou parce que ce jour-là, d'autres gens, d'autres événements m'ont vidée de mon énergie (pour vous donner une idée : quand je me retrouve au milieu d'une foule mon énergie a la durée de vie d'une batterie d'Iphone 4)

Mais ce soir, je connais tout le monde ou presque, c'est direct en bus et j'ai bien besoin de me détendre. Alors je frétille. Je suis un peu anxieuse, mais de l'anxiété sympa. Comme un trac social.

Souvent, la vraie moi, la meilleure moi, se réveille à la nuit tombée. Si vous déjeunez avec moi, je ne suis qu'un tiers présente, au mieux. Mais le soir, la nuit, je suis en pleine possession de mes capacités. Je peux être drôle, je peux être brillante, je peux même être intéressante.

La société a décidé d'imposer au plus grand nombre des horaires qui les privent des deux-tiers les plus fascinants de ma personne : c'est son problème.

Moi, je me contente de frétiller dans mon coin d'avoir été invitée à une fête, de me réjouir que les astres se soient alignés pour me donner la possibilité et les ressources de m'y rendre, et comme d'habitude je vais ramener trois fois trop de choses parce que je suis secrètement très très reconnaissante d'avoir été invitée, qu'on ait souhaité ma présence, à une fête.