jeudi 20 juillet 2017

Hey there, what you got to hide?



Je me soigne. Je mange mieux. J'ai trouvé quoi faire pour régler mes différents problèmes d'instabilité. Un nouvel avenir s'offre à moi à la rentrée.

J'ai même rangé ma cave ET mon garage. (Oui parce que j'ai une cave et un garage.)

Et cette semaine je me suis attaquée au tri du contenu du vieux sac en plastique ramené de chez ma Mémé il y a quelques années. Il est rempli d'affaires me concernant lui ayant appartenu. 
Il y a donc plein de photos de moi très petite dont je ne me souvenais pas.

Sur toutes, il doit y en avoir 2/3 où je souris franchement, mais la plupart du temps je tire une tronche de huit pieds de long. Il y a une tristesse totale dans mon regard et une lassitude dans ma posture, même à 4 ans. Même à 6. Même à 8.

Il y a peu de photos de ma période ingrate, car l'adolescence a vraiment été sans pitié. 

Je me souviens que c'était une tannée pour moi les séances photo. On n'arrêtait pas de me répéter : "Prends exemples sur tes cousins, eux ils savent prendre la pose !" C'est surtout que leur papa travaillait dans une des plus grandes entreprises de pellicule photo et qu'il avait un super appareil avant tout le monde.

Je ruminais et je puisais en moi un sourire forcé et on me rétorquait que "ça fait pas naturel". 

Bah non. Parce que j'ai pas envie de sourire. Vous me donnez pas envie de sourire. Le photographe de l'école lui il nous sort des blagues, pas des reproches, et surtout les photos de classe d'avant le collège, j'ai toujours un sourire lumineux.

Il a quand même fallu 6 mois et 4 spécialistes différents pour que je réalise que ce qui merde profondément dans ma vie ce n'est pas moi mais eux. Ma "famille" biologique.

Qu'on obtient pas un câlin d'un enfant en le faisant culpabiliser de pas assez en faire, mais en étant genre, sympa avec lui. Aimant ?

Qu'on ne peut pas s'attendre à produire un être humain équilibré quand on lui répète sans cesse qu'on n'aurait jamais dû lui donner vie. 

Qu'on n'encourage pas l'échange et la communication en utilisant le "tais-toi" à tout bout de champ. 

Et autres joyeusetés.

Alors oui, j'avais bien remarqué que chaque fois que j'allais en Normandie, je déprimais pendant 15 jours en revenant. Mais je pensais que c'était moi la fautive, moi le problème - après tout, c'est ce qu'on m'a répété à longueur de journées, à la maison puis au collège. 

Quand je m'en suis ouverte à ma vraie "famille", celle reconstituée à partir des survivors de ma vie aka mes Amies, j'ai eu droit à des lèvres pincées et des haussements d'épaules : "Bah en fait Johnson, c'était un mystère que pour toi, hein."

J'ai compris par la même occasion à quel point je devais être un boulet pour ces précieux quelques êtres élus qui m'entourent. Parce que dès lors que j'ai perdu tout amour inconditionnel avec la disparition de ma grand-mère, tout est retombé sur leurs graciles épaules. Pour n'aider personne, j'ai toujours été malchanceuse en amour et n'ai jamais pu compter sur cette "source" pour combler mon vide affectif. 

Etre amie avec moi c'est subir H24 ma terreur d'être abandonnée, ma paranoia toute puissante que parce qu'on me donne pas signe de vie, c'est qu'on a réalisé à quel point j'étais indésirable et méprisable. Bref, c'est pas easy peasy lemon squeezy.

La vie m'a pas trop trop aidé en m'enlevant le substitut d'amour maternel que j'avais trouvé auprès de la mentor dans l'un de mes anciens jobs.
Puis en m'enlevant la cellule familiale que j'avais tenté de construire avec un petit chat noir très touffu et amateur gustatif de souris en plastique. 

Mais bon, j'ai 29 ans, j'ai encore le temps de rectifier les choses. D'être moins relou avec celles qui ne méritent pas ça. D'être plus relou avec ceux qui ont été moins que rien avec moi. D'être enfin un être équilibré, qui mange bio et que range sa chambre.

Même si, sur ce dernier point, on n'y croit pas trop...