jeudi 24 août 2006

Perfect days

(note modérément illustrée)

Je me suis découverte urbaine quand, les deux pieds dans la bou(s)e j'ai découvert que les vaches faisaient le bruit de téléphones portables.



Je me suis découverte incapable de faire quoi que ce soit, de la pâte à gouffre au dégivrage d'une voiture.

Par contre, j'ai un truc, un seul.

Et c'est avec ce truc que j'ai trouvé le nom du veau tout juste né dont nous avons surveillé la première heure. Etant l'année des B. nous avons proposé toutes sortes d'incongruosités, et finalement el bébéte s'appellera Botox. Mais avec un E, pour féminiser un peu.



 Un veau c'est doux, sale et puant, en gros. Et ça fait des bruits bizarre de succion sur les mains des copines, aussi.

Grandir à la campagne, dans une ville de campagne, sans pour autant être entourée d'animaux, ça fait puzzle incomplet, un peu. Ca fait moi.



Le silence, dans cette maison m'a semblé tout à fait inespéré, personne pour se crier les uns sur les autres, et la nuit, aucun paquebot porteur de centaines de conteneur ne passait aux environs.

Quand on ouvre les volets le matin, la campagne s'étend sous l'horizon, et on a l'impression d'être un peu plus maitre du monde.



Les chiens, les chats traversent la vie des humains sans qu'on leur prête trop d'humanité, sans être trop encombrant, mais jouant leur rôle à merveille. (A part le lapin obèse, j'ai pas bien compris ce qu'il faisait là.)(hi)

Mes van's chéries ont donc fini dans un conglomérat de déjections animales avant d'être réutilisée (ellipse temporelle) place des Vosges, le lendemain soir, quand on a joué à "gay, pagay" allongés dans l'herbe, à repérer les dealer et autres garçons pinoculmettables.


Non, vraiment, il n'y a rien de meilleur que ces virées entre copains dans la brume, à écouter Julien Clerc Madonna (tu vois que je ne te ruines pas ta réputation, chéri) et à insulter les autres automobilistes. A dire bonjour cinq fois au légionnaire (bô, sentait bon, sableuh chaud) qui était en charge du péage number one. A s'arrêter sur des aires d'autoroute en s'imaginant être en partance pour beaucoup plus loin que Paris.

L'année dernière je n'étais même pas encore partie pour la Grèce à cette date, maintenant les vacances c'est fini jusqu'à ce que je puisse me l'offrir. Ca rend ces journées là plus précieuses encore.

A trois, c'était bien, j'étais entre l'ange et le démon, et il s'échangeaient les rôles parfois.

Réussir un créneau du premier coup était digne d'un championnat du monde, ne pas avoir d'accident l'était tout autant, et ne pas s'être perdus, là c'est l'olympisme.


 Quand enfin, mes adidas touchérent terre, je faillis oublier sa rose.


On allait se la trimbaler de mains en mains toute une partie de la journée, mais seul gaylord réussira à se piquer dessus. On s'est un peu échangé toutes les choses lourdes et encombrantes qu'on s'était senti obligés d'amener, rien que pour se nourrir ou pire encore.



(cémal)(à consommer avec discrétion)

Soudainement, N°3 a été prise d'une crise de Heightsisme aigüe, la seule façon de la sauver était de l'emmener au plus vite voir un chaman. Ce que l'on fit. Mais on était pas les seuls. Je crois qu'on sera jamais les seuls sur la tombe de Jim Morrison. Ca me chagrine vraiment. Mais ça me rassure pour lui. Il ne peut pas être mort s'il y a autant de gens sur sa tombe.


Après cela je ne tenais plus mes garnements, je n'ai pu retenir leur attention qu'en leur racontant la mésaventure mortelle de Victor Noir, et encore. Ils avaient comme le regard fixé trop attentivement sur un endroit de la sculpture. Ahem.


Entre temps on a mangé je crois, du grand n'importe quoi, je parlais mentalement à la rose pendant que meilleuramiEver traitait d'anarchiste la statue du rond point osant arborer un "mort à Paris"


Après on a tourné, traversé, s'est écroulé, puis on est repartis sans suivre le parcours que j'avais dessiné à l'encre violette sur mon plan mal fait.

Assis pendant 5 minutes à l'ombre, on allait bientôt se débarrasser d'une rose pas si encombrante, malgré tout.

Alors je leur ai fait prendre un raccourci, comme quoi, le destin (?).

Et après une tentative de Putsch de David m'ayant dérobé mon très cher plan, nous arrivâmes.

David trouva l'homme de sa nuit, et je crois que n°3 aussi, mais chut faut pas le dire, ils le mitraillérent avec mon appareil, tandis qu'il déposait une petite flamme sur le tombeau.

Petite flamme n'allait pas vivre longtemps, déjà se profilait au loin une machine barbare, chevauchée par un homme l'étant également.

Il nous annonçait la Karscherisation d'Oscar, j'en fus indignée, mais pas autant que lorsqu'il osa un "bah ouais, ils embrassent tous la tombe, avec le sida toussa c'est malsain."


Une envie d'aboyer furieusement, de m'interposer, de fonder l'association "touche pas à mon Oscar". Mais je n'en fis rien. Je récupérais ma rose qu'il avait jeté à terre et m'en allais me rassoir dignement et comtempler à la fois le jeune garçon au chapeau et le monument. David aurait très bien pu l'aborder, j'étais même prête à lâcher un peu de mon précieux liquide de vie, mais au lieu de ça, nous partimes. Le jeune garçon nous suivit pendant plusieurs minutes, pour le plaisir de mes compadre, puis nous le suivimes, puis il nous suivit à nouveau, mais pas d'effusion de sentiments. Il fallait que nous nous séparions, j'avais un cadeau à faire, et le jeune garçon devait probablement retourner dans sa cour d'école. (on ne frappe pas la narratrice sinon elle rajoute : "et soigner son acné".)

Ma rose s'abandonna à une tombe toute simple, loin du bruit et de la fureur, sans palette, sans rafut, sans equimoses du temps.

La tombe du premier pour moi, de celui qui me fit décoller, yeux et âme. On me dit souvent que j'en aime trop. Trop plein. Mais pour moi, le premier reste, les autres se succèdent :


Ils ont eu du mal à m'arracher de là, mais au loin, des corps décharnés attiraient leurs yeux, attisaient leur curiosité. Je n'opposais pas de refus, mais quelque chose commençait à s'installer en moi, doucement sûrement. Une page qu'on déchire lentement, ou un livre qu'on referme violemment. Je me sentais bien incapable de leur expliquer ce que j'avais vu.

Pourquoi cette allée était bordée d'œuvres qu'on n'ose trouver belles. Pourquoi ces "n'oublions jamais", résonnent en moi.

Ce que j'ai pu ressentir en me perdant gamine dans les caves de Mauthausen et qui en cet instant ressurgissait un peu trop violemment.


Il a fallu deux mains pour me  tirer de là à nouveau, et puis c'était parti, une traversée à l'envers, retrouver nos pas, les suivre, et s'arrêter un peu trop souvent, parce que mes pieds refusaient d'avancer.

S'arrêter pour chanter : Maybe I've been here before I know this room, I've walked this floor I used to live alone before I knew you I've seen your flag on the marble arch love is not a victory march It's a cold and it's a broken hallelujah

Hallelujah, Hallelujah


Hallelujah, Hallelujah

Faire jouer encore un peu l'appareil photo, se perdre en route et être prise en flagrant délit :



Par paparazzia numéro troa.

C'est du joli, tout le monde va croire que je suis affectueuse, tendre et tout un tas d'autres mots encore plus dégueu.

Un peu dizzy en rejoignant la voiture, je regardais tournoyer autour de moi une ville, et surtout plein de gens. Tout se remit en place sur une place. Un square même. Et nous voici arrivés, une rencontre(finalement ! Après quoi... deux/trois ans ! Avec un ancien blogueur qui fut cher à mon coeur mais qui n'a plus d'adresse dont je pourrai vous donner le lien.) et un resto plus tard, nous reprenions la route, échangions, piquions du nez, se faisant peur à tour de rôle : "tu vas rentrer chez toi toute seule et tu vas te faire tuer par un serial killer et tu finiras dans un étui à guitare comme ma grand-mère"

"arrête Daviiid."

"Tu vas mourir. Ah ah ah."

"Mais !"

"Et y'aura la dame blanche sur la Seine juste avant."

"Tagueule David."

"Quoi tu préféres l'homme noir ?"

Finalement non. A part un chat affamé et spécialement chiant. Rien ne m'attendait.

Se séparer sous la pluie et regagner chacun notre Q.G respectif.

Une poignée de Perfect day, dont hier, à rajouter à ma courte de liste de souvenir à garder à tout prix.

Ceci explique cette note trop longue et ce récit décousu.

J'ouvre un nouveau cahier, toutes les pages sont blanches encore, alors l'odeur du neuf me tourne un peu la tête, mais, on va dire que ça ira.

Si je ne deviens pas (trop) folle avant.

 
 

jeudi 10 août 2006

Un monde aussi vivant que vous êtes morts

Je sais pas, j'hésite.

Surtout : je ne trouve pas.

Je ne trouve pas de plateforme qui m'aille.

Il faut dire que si je m'attends à retrouver l'esprit communautaire de 20 six il y a deux ans, je peux aussi attendre la demande en mariage de Rufus Wainwright.

J'écoute The divine Comedy, parce que ça me relaxe, et je cherche, je teste, j'aimerai aussi trouver un endroit où ces foutus tracks de radioblog pourraient être blogged sans que le son ne disparaisse (c'est balo, pour une chanson). [edit : Ayé, j'ai trouvé un compromis en haut à gauche et si vous n'entendez rien c'est que vous n'avez pas réglé le volume -la case entre le titre et le point d'interrogation, vala]

Je pense déménager donc, pour appuyer matériellement mon tabula rasa intérieur. Mais je ne pense pas refiler l'adresse à tout le monde, je sais pas pourquoi. Non vraiment je sais pas.

Je suis sûrement cinglée. C'est quand je me mets à recevoir des mails en masse que je décide de tout foutre en l'air dans une moindre mesure.

Comme ma vie "amoureuse" ça.

Dès que mes sentiments deviennent partagés ils s'évanouissent.

Plus de challenge, plus de bataille contre des moulins à vent, plus de tristesse maladive pour nourrir des pages et des pages.

Non, vraiment, je me sens si loin, dans mes quatre murs, de votre vie sociale.

Le cabotinage permanent, dès qu'on met les pieds dans une fête... C'est la partie animale de l'espéce humaine que je supporte le moins.

"est elle/il un bon reproducteur avec qui mes gênes s'emboiteront parfaitement ?"

Tss tss tss.

Ni au dessus de ça, ni en dessous, je me pose en observatrice amusée/agacée.

Quand ça commence à faire longtemps qu'on ne m'a pas vue humaine je commence à me poser des questions en même temps que les autres me harcèlent "mais, t'as personne en vue ?"... "si si, un vampire aux cheveux rouges avec un Katana." ça le fait pas.

Alors pour garder la couverture, j'écoute ce que me disent les autres

"Han mais vas y, ça se voit, il attend que toi."

"ah ?"

Et quand c'est le cas, il m'arrive de jouer le jeu.

Mais jamais de le vivre...

On a toujours besoin d'être un minimum "normal" c'est à dire de copier/coller aux exigences des autres.

C'est grave quand on arrive à être exclue ou seulement pointé du doigt parce qu'on a un "retard sur la normal".

Moi qui ne savait pas nager en cinquième, qui ne savait pas faire du vélo avant le cm2, qui ne savait pas comment on faisait les bébés en sixième, et qui n'avait toujours pas effectué de mélange de salive avant ses 17 ans... j'ai toujours été en retrait...

alors que je savais lire à 5 ans à peine, qu'à 8 ans j'avais fait le tour de l'Europe, qu'à 11 je parlais déjà anglais et qu'au sortir du collège j'avais déjà écrits trois tomes.

J'ai toujours été en décalage avec les attentes, mais qu'y puis-je. Comment faire comprendre ça à un "copain" trop collant, qui s'imagine qu'on va être les nouveaux Jack&Rose après trois baisers échangés.

On me conseille de juste lui dire "dégage"... alors je vais surement le faire. Parce qu'à force d'être faible on devient un mouton, un minuscule petit mouton qui n'a rien à dire dans les conversations de ses confrères. Alors il bêle. Quand ça fait rire les autres, tant mieux, le reste du temps on accepte sa présence sans la remarquer.

C'est vrai que je regarderai bizarrement quelqu'un qui a -de mémoire- haït sa famille entière à l'âge de 7 ans et n'a plus cessé, quelqu'un qui peut parler des heures à un goéland, un chat, un papillon, quelqu'un qui n'a jamais ressenti pour personne ce qu'elle ressent pour Alexandre le grand, Jim Morrison ou même des personnages de fiction, quelqu'un qui ne répond pas au téléphone, quelqu'un qui n'a jamais gagné d'argent, quelqu'un qui a vu son apogée à l'âge de 5 ans et qui depuis décline, quelqu'un qui ne croit tellement pas en la psychologie que quand elle fait des tentatives de quittage de vie on la refile de mains en mains "mais enfin cela n'est pas possible, on ne peut pas penser ça !".

Merde. Si je ne peux plus penser. Je ne peux plus être. C'est ce qu'il a écrit l'autre truffe ?

On condamne les gens différents -ou ceux qui ne jouent pas le jeu, car tout le monde est décalé, faut pas se leurrer- à ne plus exister, mais on les empêche de mourir.

Parce que c'est mâl.