samedi 21 décembre 2013

Heart shaped bruises and late night kisses



[Cimetière de Saint-Paul de Vence]

J'ai rarement autant pensé à la mort que cette année.
Peut-être parce que beaucoup de gens sont morts. Oui. Peut-être. 

Peut-être aussi parce que je n'y pense plus comme avant. 

Jusqu'à mes 24 ans, j'étais un peu un lemming. Dès que je voyais un rebord de fenêtre / de falaise / de trottoir il fallait que j'y aille et que j'essaye de me tuer. 

J'étais obsédée par l'idée, les jours pairs, que j'étais une affreuse pustule qui vérolait cette magnifique Terre, les jours impairs, que j'étais une incomprise bien au-dessus de tout cet affreux monde. 

Ma vie était compliquée. Mais, la bonne chose quand on jongle entre complexe de supériorité et d'infériorité, c'est qu'au final on a tous les ingrédients de l'équilibre entre les mains.

J'ai donc fait la paix avec moi-même.
Pendant 3 semaines.
J'ai trouvé un mec (oui, souvent ça va ensemble, mais Tomska le dit mieux que moi). Il m'a explosé le coeur, l'amour propre et toutes ces belles fondations si prometteuses de la nouvelle moi. 

Merci, garçon. Je ne t'oublierai jamais <3

Il a donc fallu 15 mois pour que je m'en remette. Et j'en suis pas totalement remise. Je le serai quand j'aurai un nouveau mec et que je n'aurai pas envie de m'enfoncer des clous dans les yeux dès qu'il m'enverra un mail, de peur que ce soit une lâche missive de rupture.

Bref, je suis en rémission, si vous m'autorisez un parallèle audacieux. 

Je me l'autorise anyway. 

J'attends actuellement les résultats d'un test médical destiné à savoir si j'ai un cancer ou pas. 

Ouais. 

Pouce en bas.

Il paraît que c'est normal, courant. En même temps on en choppera tous un. Mais ça me remet le cerveau en face des trous et me fait penser à la mort, forcément. 

Je n'ai plus vraiment envie de mourir. J'ai eu assez d'emmerdes dernièrement pour me dire que ça serait vraiment plus simple si je me supprimais directement. Mais non. Je n'ai plus envie de ça. Je n'ai plus de pulsions morbides.
Je ne suis plus dans l'auto-destruction, mais dans l'exploration. L'envie de découvrir le monde avec une tête au-dessus de laquelle ne flotte plus aucun petit nuage noir. 

Je suis devenue bouddha.

Ne vous marrez pas. J'ai déjà croisé le Dalaï lama, moi. Pouvez-vous en dire autant ?

Non mais je voulais juste dire ça, on est le 21 décembre 2013 et :

Heights Johnson n'a plus envie de mourir.


C'était tout pour moi.


Oh et si jamais ça vous lasse d'avance de lire mes derniers 18 mois de blog (le "je vais BIEN" "J'ai UN MEC" "J'en AI PLUS" "JE ME VENGE DU MEC QUE J'AI PLUS" "Je parle DE MES AUTRES EX" "JE FAIS PARLER MES ORGANES VITAUX ET C'EST LOL" "Je déblatère de façon insensée sur PHANTOM OF THE OPERA" (...) "JE VAIS A NOUVEAU BIEN"), il y a un chouette podcasteur qui le fait très bien. Il est là.
Et il est joli. On l'aime bien.



vendredi 20 décembre 2013

I'm a heartless man at worst, babe, and a helpless one at best


 Bon. 2013. 


Tu as commencé avec plein de jeux de mots, car 2013 année de la.

Et tu n'as pas failli à cette destinée toute tracée. Loin de là.
Je rentre rarement dans des détails de ma vie intime sur ce blog – ce qui m'a d'ailleurs valu un "oh mais Johnson, tu as donc déjà vu le loup ?" de ma soeur aînée, cet été – mais force est de constater que ça a été une année hot cocotte.

Avec pour point culminant le Sziget du mois d'août, sous la canicule hongroise, avec ma stagiaire de l'hormone sous un bras et du vin pétillant badass sous l'autre. 

Mais pour être vraiment sincère, je dirais que ce qui a frappé ma libido de plein fouet se situe chronologiquement juste avant. En juillet. Sous le soleil un chouya moins frappant de Paris. Place de l'hôtel de ville.

Lui.


Ouais.

Donc c'est le coeur léger que je suis partie à la rencontre d'un autre monument de mon capital palpitations.


[D to the A to the M to the O to the N.]

C'est à peu près à ce moment là que j'ai perdu ma stagiaire de l'hormone. Je me suis retournée et : pouf, elle était partie.

 Je crois que 2013 était définitivement une année anglaise.


J'étais un peu blasée. Mais ça a duré trois secondes et demies. 
Saoule, je lui ai hurlé que je ferai pas de threesome avec elle et son nouveau toyboy, ahnonnonnon, je fais pas ça moi.

2013 a été l'année où toutes mes barrières morales sont tombées.


[Très exactement comme cela]


[Notamment grâce à lui]

Et où, souvent, je me suis prise la main dans le sac à faire des choses qu'une Heights-seize-ans-d'âge aurait condamné haut et fort avec son petit air dédaigneux. 

[Bon c'est grâce à la fée verte aussi]

[Ok. Surtout.]

Bref : 

Je suis revenue transformée. Transfigurée. Magnifiée. Dignifiée.

Ah non ça non.

Je suis restée sur un petit nuage jusqu'à rock en seine où j'ai retrouvé ce monsieur très élégant :

Et rencontré celui-ci, non moins élégant :


Ce qui m'amène logiquement à mon top concerts 2013, hophophop :
Blur (Sziget)
 Phoenix (Cigale)
 Woodkid (Sziget)
 Palma Violets (Fnac Live) 
Jake Bugg (Cigale) 
Babyshambles (Place de la république) 
Jagwar ma (Flèche d'or) 
Everything Everything (Sziget) 
Editors (Sziget) 
Temples (Rock en Seine)

Temples, c'est eux, et ils sont là en grande partie grâce à leurs cheveux.


Et enchaînons sur mon top 10 des chansons les plus écoutées cette année :

Invasion of the tribbles - Palma Violets 
Demon Dance - Surfer Blood 
The Weight - Editors 
Evil Eye - Franz Ferdinand 
Oblivion - Bastille 
Radiant - Everything Everything 
Shelter Song/Keep in the dark - Temples
 I love U - Woodkid 
The Real Thing - Phoenix
 Broken - Jake Bugg 
(et Simple pleasures sur le petit dernier)

Et ma shortlist des groupes à suivre en 2014 : 

Watchout : Money / Jagwar Ma / Skaters / Juveniles


Mais sortons à pieds joints de cette parenthèse et retrouvons le cours de ce récit, si vous le voulez bien.

Je suis rentrée dans ma petite vie, j'ai retrouvé le confort des mots d'un vieil ami.


 [Non pas lui.]

Un autre. 
Et je me suis demandé si. 
Pendant quelques semaines. Où j'ai senti qu'on était connectés. Parallèles. Complices. A finir les phrases de l'autre. 
Genre.

[Ouais.]

Mais il y a des gens qui, en devenant joli physiquement, deviennent tout moche dedans.



Et puis il y a eu cette fin d'année en mode : 





 

J'ai tout perdu, en quelques jours. 
J'ai appris que des gens pouvaient t'appuyer la tête sous l'eau encore plus fort s'ils percevaient les premiers signes de noyade. 

 

Ca a été moche. Et je n'ai pas toujours voulu saisir les mains tendues. Je ne les ai pas vues. Choisi de ne pas les voir. Ou alors elles n'étaient pas là.
Peu là.

Parce que 2013 m'a pris la seule personne que j'autorisais à me serrer dans ses bras.


Morte.



Et moi.

Et moi.

Et... moi

J'ai dû devenir moi.

Grâce à eux :

[Oh love. Oh love]

Mes amis. Les joyaux de ma couronne de princesse. Des gens à peine croyables. 
Des gens à qui je ne dis pas assez qu'ils sont des petites parties de mon âme.

Des gens qui ont patiemment attendu que mon coeur soit recousu. 
On dirait du Chantal Goya, mais sans eux, il y a pas de moi.

 [Instant émotion sponsorisé par Tom H., part-time Loki de son état.]

 J'étais à terre.
Je suis à terre.


A vrai dire, je vais forcément y rester encore un peu.

Mais, tant qu'il y a un peu de ça : 





...pour embellir la vie et recouvrir les plaies...

...peut-être que je n'aurai plus jamais à utiliser :


CA.


Ou peut-être que si. Mais alors seulement pour toi, là-bas.
Beware.

vendredi 13 décembre 2013

Write it on the skyline



[Tell them I was happy]

De plus en plus, ces derniers temps, je procède au vote à main levée dans mes groupes d'amis. C'est un de mes ressorts comiques permettant parfois de faire passer mes avis un peu tranchés. "Arrête de fumer" "Coupe les ponts avec ton ex" etc.

Et je me suis aperçue que j'en faisais de plus en plus appel pour moi. Pour de vraies questions. 
Non pas parce que je suis perdue, tourmentée ou empêtrée dans ma propre vie, mais parce que je crois que j'ai une pleine confiance en monde entourage.
J'ai enfin réussi à faire un vide qui ressemble à quelque chose. Je suis déception-proof de la part des êtres qui me sont proches. 

Ca n'est pas parce qu'ils votent pour que j'éjecte un type de ma vie que je vais le faire. J'ai eu tellement l'habitude qu'ils n'écoutent pas mes conseils hautement pertinents que c'est mon tour, maintenant.

Et puis qu'est-ce qu'un pervers narcissique de plus à mon tableau de chasse ? Tant que celui-ci, je le garde loin, tant qu'à portée, j'ai un arc et des flèches. 

Avoir fait ce vide, ce tri autour de moi, me permet maintenant de vivre des moments d'un bonheur intense avec les gens qui sont là. Je n'ai gardé que ceux avec qui j'ai une entente parfaite, une communication sans défauts et de la curiosité mutuelle. I'm fucking rich. 

Je me recentre sur ces valeurs. Pas parce que c'est bientôt noël, mais parce qu'autour de moi tout semble absolument absurde : depuis que je suis au chômage je suis beaucoup plus devant mes écrans, ce qui n'aide pas.

Sur les réseaux sociaux, ce que je reproche à la télévision est entrain d'arriver : les mêmes articles sont relayés par les mêmes sources encore et encore, jusqu'à l'étouffement. Du vide en boîte. Voir 10 fois le même lien et puis se dire "je vais cliquer ça doit valoir le coup quand même si TOUT LE MONDE en parle". 

Je déteste ça.

J'aimerais débrancher tout, mais mon cerveau serait alors en désintox. Il a été perfusé abondamment par tout un tas d'infos, de divertissements, d'occupations excitantes. Il ne peut pas se reconcentrer à ne faire qu'une chose, comme lire, comme écrire.

La seule chose qui me déconnecte encore de tout cela sont justement, ces quelques amis, que j'ai comptés, l'autre chose, alors que 12 applications chargeaient et que mon ordi ramait en m'offrant 15 minutes de répit avec moi-même, et autant de temps de cerveau dispo. 

J'ai admiré tous ces doigts, plus de trois mains, d'amis, quand la même Johnson à 19 ans, était dans un 10m² Clodoaldien à manger des petits pois devant simcity 3000 et à peine 5 chaînes de télé. Mon cerveau souffrait fort à l'époque. Trop pour résister au premier des pervers narcissique de mon tableau de chasse.

Tant et si fort que mon cerveau le réclame de temps à autre, au creux de la nuit, le rappelle à moi en une complainte qui fait à peu près "on était bien hein." "C'était pas si mal finalement" "tu ne retrouveras plus jamais quelqu'un comme ça."

Avec une de mes most precious amie, on discutait de mon alcoolémie, on essayait de déterminer si elle était encore sous contrôle ou déjà inquiétante et ça m'a rappelé que moi, mon addiction, n'est ni l'alcool, ni la drogue, ni le sexe. Mon addiction ce sont les garçons qui font mal. 

Je me traite en en gardant un à portée de doigts, tout près, trop près, déjà, peut-être, pour me prouver que je peux ne pas replonger.

Je suis forte, plus que jamais. Et, ça ne fait pas de doute, c'est bien grâce à mes poignées d'amis.

So why should we fear what travel brings? 
What were we hoping to get out of this? 
Some kind of momentary bliss?




lundi 25 novembre 2013

Exercise your chemistry


Dans ma tête on a déjà vécu. De multiples ruptures. Des éclats de rire. D'autres choses encore. Avant que quoi que ce soit se passe pour de vrai j'ai déjà établi tous les scénarios. Mesuré les possibles. Estimé les risques et pris ma décision en connaissance de cause. 

Je sais donc plus ou moins ce qui va se passer suivant les choix que j'opère. Comme si mes relations étaient des livres dont on est le héros. 

La confiance sert à cela : éviter d'avoir à examiner tous les paramètres, d'avoir à peser chaque chose, chaque élément, de langage ou de gestuelle. La confiance permet de se souffler et de se remettre à quelqu'un. 

Mais il faut énormément de cogitation de ma part pour parvenir à me mettre d'accord sur si je la donne cette confiance.

Cette manière de me protéger est assez efficace, et j'ai des relations moins brutales depuis que je l'applique scrupuleusement.

Je le fais sans même réfléchir. Les ramifications se tracent dans ma tête comme des fractales. Des petits flocons de neige. Périssables. Qui se transforment lorsqu'ils touchent le sol.

C'est compliqué, de tout penser. Mais c'est vital, pour moi. Si je suis déçue, si je suis blessée, c'est la condamnation à mort assurée.

Je suis sentencieuse à un point effrayant.

Je suis Javert. 

Et je ne comprends pas qu'en sachant ça, les gens se risquent encore à oser. A tenter des choses envers moi qui n'ont aucune probabilité de passer. 

C'est ainsi que plusieurs hommes ont, ces derniers temps, tentés de m'offrir un poste vacant dans leur vie.
L'équivalent du CDD en relation amoureuse. La précarité compartimentée. 
Plusieurs garçons ont tenté de me faire prendre la place de la maîtresse. Moi.

Pas le coup d'un soir, pas la main qu'on frôle dans le noir, sans presque le faire exprès, pas l'incartade bourrée - non - le job à plein temps.

Celle qu'on a sous la main en attendant que l'autre - la "mieux" - rentre à la maison. 
Je commence à comprendre le fonctionnement de certains garçons un peu vieille France qui se ménagent une place pour l'apparat et une autre pour se vautrer, corps et âmes, bile et morve. Celle avec qui ils sont dans la retenue et celle avec qui ils peuvent tout se permettre.
Tout dire.

C'est profondément pervers. Car cela passe par de l'affection. Par un rôle qui apparaît comme indispensable. Alors que c'est à peine un esclavagisme amélioré. S'attacher les soins d'un être considéré comme inférieur. Comme assez bien pour être là, contre soi, quand personne ne voit, mais plus aussi envisageable dès que le soleil se lève.

Je crois que je ne suis pas la belle-fille idéale, mais j'estime mériter un jour que quelqu'un m'aime pour ce que je suis et n'ait pas - on peut toujours rêver - besoin de second rôle dans notre histoire.

Ca n'est pas parce qu'être une tentatrice me fait sourire que quiconque a le droit de me faire passer au second plan. J'interdis aux gens qui font partie de ma vie d'avoir honte de moi. 
Il est fini ce temps où je devais mendier un peu de chaleur humaine en tentant d'éviter les coups généreux de mes comparses adolescents. 

Je suis une femme adulte, qui assume toutes les décisions qu'elle prend, et qui serait terriblement affligée si elle avait à même se poser la question, et à même s'imaginer le scénario d'une vie de seconde zone. 
De couvert en plastique. Bien utile mais jetable (et polluant). 

Insinuer que je pourrais être cette femme pour vous est déjà me faire du mal. Me faire ce mal. 
Car je vis toutes les situations avant de les vivre pour de vrai. 
Mon imagination m'inflige les pensées qui vous effleurent.

Épargnez-moi cela. 

jeudi 21 novembre 2013

Where I walk past the trees to look for my love.


C'est fait, je suis entrée en hibernation.
Ca veut dire voir moins de monde, et s'enfermer. Sous des couches de vêtements que je ne porte qu'entre novembre et février, dans des pièces chauffées dont on ferme bien les portes, dans des endroits sombres où mon esprit s'aère. 

C'est toujours à cette période là que je campe à la Comédie-Française.
Pour ceux qui ne suivent pas - et ça n'est pas grave, handicapant à la limite, mais pas grave - c'est un peu ma maison à Paris.
Alors OUI je dis ça de plein de choses, mais si vous y réfléchissez bien, ça se compte finalement sur les doigts d'une main.

Si un jour je deviens folle et que vous cherchez comment remettre la main sur moi, vous me trouverez forcément... devant le centre culturel Suisse. 
Mais ça n'a rien à voir avec une affinité quelconque : c'est juste que dès que j'ai trop bu et ce même si je commence la fête à l'autre bout de Paris, c'est toujours là que je me retrouve.
Je me perds puis je me retrouve devant le centre culturel Suisse. 

Donc, si vous me cherchez en dehors de ces circonstances là, et que je suis forcément dans un endroit horcrux, vous me trouverez soit au Père-Lachaise (les vrais savent sur quelle poignée de tombes exactement), soit au Truskel (avant c'était la Flèche d'or, et puis ça a changé, mon coeur a déménagé, toussa), soit, donc, à la Comédie Française.

C'est comme ça. 

Quand je suis une Heights sans divertissement, je m'en vais trôner sur un siège en velours rouge en prenant bien soin de snober mes voisins.

Je ne m'explique pas pourquoi ce lieu plus qu'un autre, sans doute en partie parce que je traînais là-bas déjà quand j'étais encore normande. Mais alors pourquoi pas le Louvre ? La terrasse de l'institut du monde arabe ? Un bateau mouche ?

Je ne sais pas.

C'est toujours là-bas que je me sentirai le plus en sécurité. 
Je regarde d'ailleurs toujours les troupes de lycéens comme s'ils piétinaient mes jardinières. 

Dans mon autisme automnal, rien ne peut me sortir de ma torpeur voulue. De cette extrême concentration dans laquelle je me plonge pour me couper du monde. Surtout pas de jeunes chiens à l'esprit errant et erratique. 

Bien sûr, c'est un lieu d'amour. Au propre comme au figuré. Et, même s'il s'agit de ma maison, elle n'abrite aucun visage familier.

A part Lui. 

Le seul amoureux dont je suis fière. Celui avec qui j'ai eu la relation la plus satisfaisante et la moins blessante.
Ma bulle de chaleur universelle.

Mais ça n'est même pas lui que je retourne voir. Ca n'est personne de précis. S'il est là tant mieux. Même si. Même si non. Parce qu'il me fait invariablement battre le cœur une fois de trop. Un peu à côté. Un peu désaccordé. 

Alors c'est mieux quand il n'est pas là. Je peux froncer les sourcils et non sourire malgré moi. Je n'ai pas besoin de regarder par-dessus mon épaule en ayant peur de. Je suis une ombre du public. Rouge sur rouge, rien ne bouge.

Je crois que si je devenais Phantom à 100%, c'est cet opéra là que j'hanterais. 
Je connais déjà quelques portes dérobées, quelques trappes et quelques murs creux. 
Je n'ai pas encore une loge à mon nom, mais c'est un détail qu'un meurtre ou deux suivis de lettre de menaces aux gérants sauraient régler. 

Mais Gaston m'égare.
On parlait de Jean-Baptiste.

Je crois que si j'aime autant cet endroit, c'est que je n'ai de pire ennemie, de pire fardeau et de pire crainte que la déception. Et qu'il ne m'a jamais déçue. Et qu'il ne peut, je le crois sincèrement, jamais me décevoir.

Alors oui, quand la nuit est longue, que le ciel est hostile et que la réalité a quelque chose de routinier : vous savez où me trouver.


jeudi 14 novembre 2013

I raise my flags, dye my clothes


[It's a revolution, I suppose]

En ce moment je ne sais plus trop quoi chercher. 
Non pas que je sois comblée. Mais je ne sais pas par quoi commencer. Où donner de la tête.

Je suis toujours barrée à droite, à gauche, au milieu. La tête en l'air, les pieds dans la boue, à glisser sur des feuilles aussi mortes que ma famille. 

Chercher un appartement est la meilleure façon de profiter de Paris avant qu'on me l'enlève. C'est d'une ironie folle. 
Je crois que j'ai décidé que si j'étais vraiment amenée à la quitter, ma dernière escapade serait pour Oscar Wilde.

It's only logical.

Chercher un job c'est surtout froncer le nez devant des annonces "à peu près" : ah oui c'est bien mais c'est trop loin / ah oui c'est bien mais ils veulent que je parle arabe, que je jongle avec 8 balles et que j'ai un permis motoculteur / ah oui c'est bien mais c'est mon ancien job. 

Chercher un mec, c'est d'abord s'entendre dire qu'il faut paaaas le chercher qu'il viendra quand je m'y attendrai le moins (j'ai essayé d'attendre les bras en crois sur un passage piéton budapestois en criant au ciel en javanais "J'attends pas là. J'attends pas du tout du tout, tu peux envoyer la sauce"), puis s'entendre dire t'as essayé les internets ?, puis enfin "non mais t'es sûre que tu veux pas de Jean-Michel, il est très gentil dans le fond, et puis, ça lui rendrait service !".

Je fais les petites annonces. Pour tout. 

C'est le grand mélange de tout et n'importe quoi.

Je pousse la porte d'un appart et je fonds littéralement pour son habitant. Je rencontre un garçon et je lui demande s'il écrit pas des livres par hasard, parce que je suis éditrice moi. Je file à un entretien d'embauche et ma première remarque est "vos bureaux sont remarquablement bien distribués, et cette hauteur de plafond !"

Si je ne me savais pas zen, stable et complètement en phase avec cette vie qui s'est rétamée sur le crâne, je me penserais sans doute folle. 

Je profite donc jusqu'au dernier instant.
Je profite jusqu'à me brûler le bout des doigts. Jusqu'à exposer une infime partie de mon petit coeur rafistolé, assez pour le sentir me faire mal sa putain de race
Rien n'est guéri de ce côté-là. 

C'est la crise, je consomme donc par packs. Les biscuits, les garçons, les comic books avec Loki dedans.

Je déjeune, je brunch, je dîne. J'écris beaucoup pour des gens, à des gens. Je pense à moi. Mais pas trop.
Je pense au seul membre de ma famille à qui tout ça va paraître waoh. Mais c'est de sa faute. Il a qu'à suivre.

J'étais enfin prête, je crois, pour quelque chose de bien. Pour quelqu'un qui allait arriver, parce qu'avec toutes ces tentatives.

Retourner vivre chez mes parents, c'est un peu prendre le voile (l'inverse de mettre les voiles, si vous voyez ce que je veux dire). 

Quelques coups du sort m'ont rappelé que je ne croyais pas à l'amour autrement que comme une illusion collective. Un lavage de cerveau des soviétiques, des nazis et des franc-maçons-du-coeur. 

J'aimerais avoir un gros chat posé sur le ventre pour passer l'hiver. Mon gros chat.
Et écouter Nick Cave avec Jim Morrison en lui disant "c'est bien hein ? Mon futur mari, il aime bien." tandis que Mémé nous tricoterait un truc. 

Ouais. J'ai pas envie d'un appart', d'un job et d'un mec. 
J'ai envie de vivre dans le futur album de Temples.
Always high. 
Never alone. 


lundi 11 novembre 2013

Mascara bleeds a blackened tear


S'il y a un toc que je n'ai jamais fait fuir, et qui me suit depuis ma naissance, c'est celui de gratter. 
A la surface des choses, à la surface des gens. 

Le même geste qui me détend, profondément. Que je fais malgré moi, parfois. 

C'est ce qu'il me reste quand tout s'effondre. Les basiques. La position fœtale sous une couverture et un geste répétitif. 

Perdre les choses, perdre les gens, j'ai de l'entrainement. C'est même devenu une habitude. Un toc de plus ? 

La plupart du temps, je les perds car je les gratte, eux aussi. Mon cerveau passe la rappe à leur surface et cherche ce qui cloche.
Forcément, je trouve à chaque fois. 

Je m'auto-condamne à un supplice répétitif. Sisyphe. Tantale. Loki. Johnson. 

Je le fais à dessein. Non pas par auto-destruction. Mais par besoin de vérité. De voir ce qu'il y a derrière. Par nécessité d'un peu moins de mystère. 

D'aller jusqu'au bout, de ne surtout pas rester en surface.
Car quand j'aime je veux aimer pleinement. Quelqu'un en entier. Je peux encaisser les petits défauts et me met au défi de les aimer, eux aussi. 

Tenter de digérer ce qu'on apprend par ce biais est la moindre des choses. Je l'ai voulu, je l'ai eu.
Se mettre en danger pour mieux chérir ce qu'il reste, quand la bataille est finie.

Et quand le fléau tombe, sur ma tête ou celle de ceux que je perds, ce n'est qu'un changement de plus à appréhender. 

Vivre avec en vivant sans. 

Le tout est de ne pas couper le fil trop tôt, pas trop tard, de ne pas abandonner trop vite ou subir trop longtemps. Une question de timing.

Ce même temps qui nous échappe à tous et joue contre moi. 

Celui-là même qui nous a tous fait entre 25 et 30, bien plus forts, bien moins cons, et beaucoup plus endurcis qu'avant. 

Celui qui continue de me faire entrevoir un espoir en me le retirant des mains au dernier moment. 
La dernière des  choses qu'il me reste à admettre, c'est que le temps gagnera toujours, qu'on ne peut ni le manipuler, ni le gratter, qu'il n'y a d'ailleurs rien derrière lui - ou plutôt qu'il est derrière tout. 

Et qu'il serait temps d'accepter que le moment que j'attends si fort, depuis si longtemps, n'arrivera jamais.

mercredi 30 octobre 2013

Baby I've been here before

[I've seen this room and I've walked this floor you know] 

Je finissais une note de mon ancien blog - le même qu'ici mais ailleurs, avant - en disant que je ne reviendrais jamais en normandie du bas, que je n'avais plus rien à y faire.

C'était il y a 5 ans, et j'étais loin de me douter que je me retrouverai sur le même banc, de la même église, à regarder un autre cercueil. 

Celui de quelqu'un parti - vraiment - trop tôt. 

Je n'avais jamais assisté à un enterrement de "pas vieux". De vraiment pas vieux. 

Bien sûr, des gens de mon âge sont morts, des gens que je connaissais, mais je n'y suis jamais allée.
Pour se confronter à ça, il faut être la famille, ou tout comme.

Là, j'étais la famille. Ou tout comme. Car c'est la famille qu'on voit de loin. Rarement. Pour les enterrements.

Alors non, on ne se réjouit pas forcément des retrouvailles. On a tous des têtes cernées et la goutte au nez. 

On se dit à bientôt sans trop y croire et on a les seuls fou rires sincères de notre famille d'handicapés communicationnels. 

Moi j'assiste à tout ça dans le backseat au propre comme au figuré. Pas vraiment dedans, pas assez dehors. 

Tout revient donc à moi et mon nombril. Seule entité que je connaisse réellement dans ce peuple d'étrangers sensés être les miens. 

Mon nombril me dit "Hey, Johnson, ça pourrait être nous là, bientôt, ou même hier. Tu te souviens ? Tu te souviens de tes fesses sur la corniche cet été ? Tu te souviens des pilules arrosées à la vodka de tes années lycée ? Tu te souviens du dernier étage de l'ancienne maison et du vertige qui disputait ton envie pourtant ferme d'en découdre avec l'après ? C'est peut-être nous dans 15 ans, entre 4 planches, 3 bouquets de fleurs et un milliers de gouttes d'eau bénite assenées au goupillon."

Mon nombril me casse les couilles parfois. Mais, là-bas, dès qu'il me laissait partir deux minutes, la réalité était trop forte, trop brutale, trop irrespirable. Alors je me réfugiais chez lui. 

"Johnson, je sais qu'en théorie on a fini les conneries, mais est-ce que tout ce qui t'arrive sur le coin de la gueule et qui parait s'enchaîner tragi-magiquement ce serait pas un peu de l'auto-destruction déguisée finement calculée et préméditée ?"

Je ne sais pas, nombril. Sûrement. En grande partie. Pas que.
Il y a eu pas mal de malveillance et de gens sans âme apportant le dernier coup derrière la nuque. 
Le coup de vent qui te ferait tomber d'une corniche. La pilule en trop qui ferait lâcher un organe vital. Le doigt qui administrerait la pichenette salvatrice, te projetant du haut de la lucarne du second.

J'ai beaucoup joué avec le feu. Je garde toujours un élément de risque dans ma vie.
Et pourtant je sais très bien, au moment où je fais certaines choses qu'elles vont se retourner contre moi, probablement. 

La vie serait tellement linéaire et sans saveur si tout s'y passait sans chaos. Sans drame, sans heurt et sans larmes.

Je ne veux pas mourir. Je veux vivre pleinement. Et ma seule méthode semble être le flirt poussé avec la fin, pour mieux s'en éloigner d'une grande poussée des deux pieds contre le fond de la piscine.

Ca fait longtemps que je dois écrire le roman de mon suicide : je suis au chômage, allons-y.

mercredi 16 octobre 2013

Confusion I'll greet like an old friend


C'est ridicule.

Je fronce le nez, les yeux, les sourcils devant mon écran. 

J'assiste à la parade nuptiale d'une connaissance et je bouillonne. The boy is mine the boy is mine the boy is MINE. 

Bon. Je ne sais même pas si j'en aurais envie. Je n'ai rien fait pour. Je ne le connais même pas. Mais, cette jalousie féroce me gagne et me possède bientôt jusqu'à influencer mon humeur pour toute la soirée.

Jusqu'à, surtout, remettre en question une amitié par rapport à l'éventualité infime d'une relation un jour avec ce type que ma subjectivité a qualifié d'exceptionnel et qui pourrait très bien être une pourriture infâme. 

C'est ridicule. Confus. 

Ca me rend hostile.
Le manque. La frustration aggrave la situation.

Le sentiment de solitude, l'hiver venant. 

De solitude extrême. Diffuse. Captivante.

Ce sentiment d'avoir quelque chose à dire mais que les paroles restent bloquées derrière les dents, même une fois la bouche ouverte.

Je suis à un croisement amical. Je ne l'ai pas vu venir.

Il y a, dans ma vie, ces amis qui me font froncer les sourcils. Qui mettent les pieds sur mes plats-de-bandes en me gênant vraiment beaucoup. En m'indisposant.
C'est très clair : ce ne sont déjà plus mes amis, mais, encore fallait-il en prendre conscience, et mettre en branle le projet d'acter ce constat. 
Les prémices d'un grand nettoyage de printemps.

Le souffle, long, soupiré, qui accompagne cette prise de conscience : oui, ok, t'es bien gentille Johnsy, mais qui te reste-t-il après ? 

Tes amis sont tous des étrangers, qui ne sauront jamais qui tu es, car ils ont débarqué trop tard. Ils connaissent quelqu'un que tu ne connais pas toi même. Ils savent qui tu es devenue, mais pour eux tu l'as toujours été.

Or, les vrais amis savent ô combien c'est plus compliqué.

Mais les vrais amis sont aussi ceux que j'ai lassé. Ceux qui décrochent leur téléphone au bout de la 5ème sonnerie, et de ma 3e tentative de les joindre. Qui m'écoutent d'une oreille distraite, distante de tous les kilomètres qu'ils ont souvent mis entre nous et qui soupirent eux aussi, discrètement, mais pas assez pour que ça m'échappe.

Alors les mots restent bloqués. Ils restent là - parce que je ne vais quand même pas embarrasser quelqu'un qui, s'il ne l'est plus tout à fait maintenant, a été fondamental dans ma vie, à un moment donné.

Il y a les amis dont la vie TGV file à 100 à l'heure et qui prennent 5 minutes pour te saluer sur le quai d'une gare de campagne où tu sembles être bloquée. Grève SNCF all the way dans ton existence.
Quand ils embarquent à nouveau et démarrent en trombe, tu as les mots toujours bloqués dans les joues, mais amers, cette fois. Car tu n'es même pas sûre qu'ils soient heureux. Et 5 minutes de temps en temps c'est bien seulement quand tu peux repartir en sachant ces gens importants sur de bons rails.

Et mes amis jeu-de-hasard, sur lesquels j'ai misé avec un peu trop d'entrain, qui ne sont rien dans ma vie, ni palpables, ni vraiment présents, surtout pas fiables. Pour une seconde de leur temps, je donnerais beaucoup. Trop. 
Je suis droguée de ceux-là. Ceux-là même qui, selon les standards de mes amis fiables, de mes rocs, de mes fréquentations quotidiennes, n'existent pas...

Il manque définitivement quelqu'un près de moi. 
Je ne suis pas satisfaite de l'état actuel des choses. De cette position inconfortable qui fait que les efforts doivent être fournis par moi, encore et toujours, car je suis une chaîne isolée de l'arbre social. 

Je ne suis la priorité de personne.
Je sais que les gens font des enfants pour remédier à ça.
Sûrement la pire raison de toutes. 



mardi 8 octobre 2013

Cheat on me


Pendant 6 mois après ma rupture d'avec lui, j'ai monté mes 4 étages en m'attendant à le trouver là.
Il a fallu 6 mois pour que j'oublie ce sacré numéro, et la possibilité qu'il apparaisse à chaque instant, à chaque recoin de ma vie. Par surprise.

Je n'ai pas eu beaucoup de garçons dans ma vie, et j'ai eu tendance à laisser entrer les seuls qui étaient assez fous pour s'y aventurer. 

Depuis, j'ai appris à virer les fous dangereux, mais quelque chose reste. Une attente. Une impression que tout peut arriver. Un manque de surprises. D'inattendu positif. 

Je pouvais m'endormir seule, en pleurant, et me réveiller, au coeur de la nuit en le découvrant à mes côtés.

Je vous rentrer me faire des pâtes, me préparer une soirée dvd et recevoir un skype disant "je suis chez toi dans 10 minutes".

C'était dangereux. C'était un symptôme de sa perversion narcissique, mais ça donnait à ma vie une saveur extatique.

Le pire comme le mieux, il pouvait tout m'arriver et jamais, jamais, je ne pouvais prévoir le déroulement d'une journée en me levant le matin. 

Ce côté de mon existence est à présent sous contrôle.
Est-ce que les événements extraordinaires parsemant ma vie maussade sont perdus ? Est-ce que maintenant que j'ai une vie plus ou moins stable et mesurée, je n'ai plus le droit à ces miracles d'une poignée de secondes ? Ces choses qui font s'emballer le coeur et tressaillir les veines ?

C'est comme si j'avais enlevé l'option "mode aléatoire". Je suis moins malheureuse, mais tellement moins heureuse, aussi.  


dimanche 29 septembre 2013

You will always be fond of me.


[I represent to you all the sins you never had the courage to commit]

J'en suis au point le plus zen de ma vie.
Et c'est étrange.
Car ça arrive alors que je n'ai peut-être bientôt plus de job, que je suis bientôt sans appartement et que je n'ai plus vraiment de famille.

Et moi, je passe mes nuits à faire des expériences sociologiques seule dans des bars.

Ca m'est venu d'un ras le bol général lié au fait que je ne rencontre jamais personne de nouveau.
J'ai appris, en grandissant, à surmonter chaque obstacle et chaque blocage, d'une manière ou d'une autre. Car mon ennemi mortel est l'immobilisme.

J'ai eu le déclic au Sziget :
Problème = Ne jamais rencontrer de gens nouveaux
Solution = Rencontrer des gens nouveaux.

On peut dire que, depuis quelques temps, je me surpasse à ce niveau. Alors, forcément, c'est la roulette russe, et je me suis retrouvée une fois de plus à pleurer dans un noctilien... mais le bon côté de ma tactique débile c'est que j'avais un autre garçon à mes côtés quand les larmes ont jailli.

Un garçon qui, je pense, se souviendra longtemps de ce que les conséquences de vos actes, vous garçons qui nous laissez dans le flou, à envoyer des sms engageant pour ne plus jamais répondre ensuite.
Il a pris mes larmes dans la figure pour tous les autres.

Des larmes de ras-le-bol, et d'incompréhension, et de frustration. 
Pas de tristesse. Pas de détresse. 
Il fallait juste que ça sorte, et je suis assez contente qu'elles aient servi : le garçon à côté de moi dans le bus a répondu à mon sms du lendemain. 

Je reste toujours dans mes limites, ou presque. Je flirte avec le danger sans jamais m'y vautrer. 

Deux garçons ont marqué mon expérience sociologique de vendredi-nuit. Le premier était un type plutôt énervé, qui pensait avoir affaire à une minette bourrée de plus qui venait lui gâcher sa soirée en parlant à son BFF. Du coup, je lui ai parlé à lui. Comme un défi. Je l'ai convaincu de ma culture musicale, du fait que, même bourrée, j'étais capable de tenir une conversation et il a fini par me laisser le suivre un bon bout de soirée. Puis il s'est figé. M'a fixée. Et a dit d'une voix atterrée : "Mais... t'es jolie en fait ?"

C'était drôle. 
Ce "En fait" je me le prends un peu trop souvent pour le considérer comme anodin. Comme si je n'avais pas un physique facile, ou du moins, pas évident. Comme s'il fallait s'habituer à moi pour me voir bien, pour me voir mieux.

Mais oui, vendredi, j'étais jolie, et je ne voulais pas gâcher cette robe, ces cheveux et ce maquillage à boire seule devant des séries. 

Alors j'ai foncé. 
Une fois l'alcool profus dans mon sang, ça a pu commencer.
Une fois seule, et sans mes amis, sans gens qui comptent autour, ça a pu devenir intéressant.

Livrée à moi-même, obligée de me prendre en main et d'aller vers l'autre. Poser sa dignité à côté de soi le temps qu'on m'adresse la parole et ensuite l'arborer de nouveau, parce que faut pas déconner.

Le deuxième garçon est bien sûr celui du noctilien. Celui qui te prend par surprise, alors que tu as enfin décidé de jeter l'éponge, vers les 4h du matin. Celui que tu croises devant les vestiaires. Celui que tu suis sans trop savoir quoi en penser. Celui qui s'avère être plutôt intéressant mais qui, dès qu'il croise des gens qu'il connait, se met à parler moyen de toi. 

Je suis un aimant à garçons déjà pris, et je reconnais désormais ce changement de comportement/symptôme d'entre mille : donc je rassure le gars "ok, j'ai compris, tu as une meuf, mais on peut parler, parler c'est bien aussi."

Et oui, en fait, j'avais envie - besoin, de parler avec un mec. Pas un énième gay BFF. Pas le mec d'une copine.
Un mec lambda, un inconnu croisé une nuit.

Un inconnu qui prend à revers et fait écho à l'autre inconnu quand il me dit "Je pensais pas, je pensais vraiment pas, mais je t'aime vraiment bien en fait.".

Je souris en coin. On est dans ma rue. Je le ramène chez moi alors que le jour se lève. 
Nous sommes on ne peut plus sages.

Une envie de discuter jusqu'à tomber dans le coma et de m'endormir à côté de lui.

Mais non. C'est le privilège des officielles. 

Je me refuserai toujours d'être la maîtresse, mais être la tentation est troublant. 
Etre l'objet qui fait vaciller la volonté. Soi. Alors qu'on ne fait vaciller rien ni personne, habituellement.

Avoir un impact, dans la vie de quelqu'un. De quelqu'un qui a osé me dire "oh mais ma copine elle sait que je l'aime pas", de quelqu'un à qui j'ai fait les grands yeux en lui hurlant "nononononon me dit pas des choses pareilles c'est horrible affreux nonnonononon".
J'ai eu un pincement au coeur pour cette fille et toutes les autres qui sont utilisées comme des objets de confort. Avec qui on reste par habitude.
J'ai trouvé ma place plus enviable.

Je suis celle qu'on fuit au petit matin par peur de faire une bêtise. 
Je suis celle qu'on ne reverra jamais et je resterai une image figée. 

Je suis Dorian Gray.

lundi 23 septembre 2013

In a radius of a thousand miles...



[...you find it strange no one makes me smile] 


Disposable guys.

Vous vous souvenez Fight Club ? Le discours de Tyler sur les "amis à usage unique" ?

J'ai commencé à adopter sa manière de faire. Mais pas pour mes amis. Non, pas eux.

Tous ceux qui me connaissent savent où je traîne quand la pression a été trop forte et que j'ai besoin d'évacuer.

Dans un de mes coins à rockstar, où l'alcool est peu cher et les garçons très beaux à regarder.

De là, je me place en hauteur et j'admire. Après 10 minutes d'ébahissement, me demandant comment il peut bien y avoir une telle concentration d'hormone au mètre carré, je finis par trouver des proies.

Souvent concordants en nombre avec mon groupe d'amies présentes - parce que je ne suis pas égoïste pour ces choses.

Et puis ils sont là. 

Alors je me poste devant eux et je souris jusqu'à ce qu'ils m'adressent la parole. Voilà. Moi fille saoule veut entrer dans ta sphère sociale, danser, et peut-être plus.

Samedi, j'ai croisé 4 hommes de ma nuit. Chacun m'a approchée d'une manière un peu différente. Les deux que j'ai conquis physiquement étaient ceux que j'avais décidé d'approcher. L'un en sachant fort bien qu'il s'agissait d'un connard là seulement pour ça, le type beau comme un dieu auquel on sait fondamentalement qu'on ne s'attachera pas justement parce qu'il transpire la connardise. 
L'autre, en sachant fort bien que j'allais encore finir par lui laisser moult moyens de me joindre et d' - éventuellement - me faire du mal. Souvent, c'est celui-ci qui te fait sourire, qui a la réaction qu'il faut, au moment où il le faut. Qui perce, sans s'en apercevoir, la carapace en métal doublé téflon. 

Alors oui, je me sers d'eux. Pendant quelques instants, voire quelques heures, ils sont à moi. Mes mains, ma bouche et même mes dents ne leur laissent pas une chance d'aller voir ailleurs.

Parce qu'il n'y a que dans cet état là que j'accepte le contact et qu'ils sont tombés dans le piège du maquillage, de la robe et des blagues à la con. 

Je suis un vampire à ma manière. Tant que je suis en contact avec eux, ils ne savent plus quoi dire, où aller, où ils sont. 
Moi je sais, et je leur montre : ils sont à moi, pour juste un moment, mais, pendant ce moment, à personne d'autre.

Une fois mes batteries rechargées, je disparais. Le méchant garçon aussi. Le gentil poussant un "oh non..." qui me fendille un peu un débris de coeur.

Le gentil - celui que le good gremlin en moi aimerait revoir - me dit "Et qu'est-ce qu'il se passe si je t'appelle ?"

Et je lui réponds la seule chose à ma disposition dans mon arsenal : "Je tenterai de te répondre." Car oui. Bad Gremlin ne sait pas ce que Good Grem' fera le lendemain. Si elle assumera. Ou si le goût amer sera trop fort.

C'est pour ça qu'elle ne les ramène pas : ne pas les laisser entrer chez soi, ne pas se laisser aller chez eux. 

Garder les limites de la bienséance et ne pas franchir la limite du trop tard et la laisser la latitude à son coeur de battre un coup de trop.

Je garde un souvenir vague d'un très grand garçon, au regard comme il faut, aux cheveux qui donnent envie. Un garçon vers qui lever la nuque et à qui sourire honnêtement. 

Et puis il y avait les deux autres, qui m'ont prise à revers, un autre bad guy, dans les toilettes des filles - forcément - qui me demande s'il est beau. Oui, bien sûr qu'il est beau. Les gens qui savent qu'ils sont laids ne demandent pas ça. 
"Tu es très bien."
"Non mais... regarde moi mieux."
"Tu vas faire un tabac."
"Non mais vraiment ?"
"Vas-y champion. Tombe-les toutes."

Le ohfuckingverygoodguy, l'étranger à l'accent omniprésent mais compréhensible, qui te tombe dessus et voit ton désarroi du moment et se plie en quatre pour t'aider. Sans demander son reste. Un géant aux yeux bleu lagon dont on ne veut rien savoir, parce qu'il est forcément gay, déjà pris, voire les deux, voire papa, voire papa du type que tu viens d'abandonner sur la piste de danse.

Mais je retiendrai le mec que j'ai connu quasi bibliquement, au milieu d'une foule qui n'oppresse plus, puisqu'elle n'existe plus. Les mains contre lui, le serrant fort, caressant ses cheveux en ayant envie de crier "amoi ! amoi ! amoi !". Lui demander toutes les 5 minutes s'il est bien majeur. Sentir que mes assauts le mettent somewhat mal à l'aise, mais qu'il ne fuie pas. Je l'intrigue. Il ne sait pas quoi faire de moi. Il me demande vaguement s'il pourrait éventuellement peut-être rentrer avec moi. Je lui explique en une moue et trois mots que ça va être compliqué. 

Il n'insiste pas. Il est bien ce gars. Il m'a demandé "Où t'en es avec les mecs ?" avant de m'embrasser. Je lui ai dit "Tu veux pas savoir", il a ri. "Oh vraiment ? Mais tu es célibataire au moins ?" et, avec trois moues et un mot et demi, je lui ai confirmé que, "Ca, oui.". 

Je suis célibataire. J'ai ce qu'il reste de mon coeur à un endroit, mes mains ailleurs. J'aimerais qu'un jour les deux se rejoignent. J'aimerais qu'un garçon me désorganise au point de m'empêcher de le planter là. 

Quand celui-ci s'est révélé beaucoup trop cultivé pour piger où je bossais, il m'a déroutée. Juste assez pour que, ce matin, j'en sois encore toute chose. Toute heureuse. Toute lumineuse.
Assez pour ouvrir son sms avec joie, sans peur de ce que j'allais trouver à l'intérieur.

Assez pour que ce soir, mon smile s'inverse légèrement plus la probabilité devient évidente que ce n'est pas lui non plus.