lundi 13 mai 2013

Heads will roll



 
 
Des manuscrits à la pelle.
Le compteur affiche 36 nouveaux wannabes à la porte de ma boîte mail d'éditeuse rentrant d'une semaine de congés.

Je les traite à la chaîne. Je sais repérer en un millième de seconde ceux qui vont être écrits avec un français  approximatif, avant même d'ouvrir le doc word.

Mais je l'ouvre. 

J'ai raison.
Tout le temps. 


C'est mon boulot. 

Je suis plus coulante avec les hommes qu'avec les femmes, c'est vrai. Avec les très jeunes auteurs qu'avec les vieux. 

Coulante, ça veut dire que je permets à leur manuscrit de vivre un peu plus longtemps. Je les fais lire à d'autres. Au cas où. Généralement c'est non. Et si ça a fait perdre du temps à tout le monde, c'est un acquis de conscience, de mon côté, qui me permet de continuer à tailler dans le gras. 

Il y a les purs WTF transcendantaux. 
Il y a ceux que je télécharge directement dans mon kindle, trop rares.
Il y a ceux écrits par des auteurs qui ont tout compris, et qui séduisent. Qui emballent leur manuscrit comme on packagerait un produit de grande conso. A côté de la concurrence, ils ont trois tours de stade d'avance.

Et puis, il y a ceux, un peu spéciaux, dont je connais les auteurs sans les connaître : nous avons échangé un mail, deux paroles, trois minutes au téléphone. Je découvre leur manière de se présenter, de parler de leur texte.

Enfin, une fois, ou deux, il y a un nom qui accroche l'oeil et fait stopper le coeur. Une grimace, parfois, un sourire, souvent. 

Je suis bien protégée et inaccessible. J'ai une tour d'ivoire et, même quand je leur parle, ils ne peuvent être totalement sûrs que c'est bien moi tant que je ne me suis pas présentée. Tant que je n'ai pas un contrat à leur faire signer.

D'aucuns dirons que je suis un Phantom d'opérette cachée derrière mon ordinateur quand lui avait un masque. 

Je fais la pluie et le beau temps avec une certitude qui me dépasse. 
C'est ma collection.

Je sais. C'est tout.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?

samedi 11 mai 2013

Hello darkness my old friend



Le côté un peu gênant d'être sans compromis et totalement fidèle à soi-même (outre le fait de décevoir les gens qui pensent mordicus que je joue un jeu et qu'en fait je suis pas vraiment comme ça) ce sont les meltdown en public. 

Ca s'est calmé ces derniers temps, je me suis blindée. Mais jusqu'à très (trop) récemment, on pouvait me retrouver dans une armée de bras, dans des lieux très très publics, la morve au nez et les yeux en mode Niagara. Je ne sais absolument pas retenir les émotions puisque je ne le fais jamais, par choix. 

Même si, parmi ces bras, il y avait des enlacements qui tenaient plus du "arrêtes maintenant, hein, tu nous fais honte.", ça n'était pas le cas de tout le monde. Les gens vraiment sincères, qui m'ont ramassée parce qu'ils ne pouvaient pas supporter de me voir comme ça, sont inscrits sur une golden list, dans un coin de ma tête.

Parmi ces gens-là, il y en a eu quelques uns de furtifs. Des gens qui ne me connaissaient pas mais m'ont chopée au vol, ont plaqué ma tête contre eux et ont trouvé des mots tout à fait gratuits pour me remettre d'aplomb.

Je ne sais pas si c'est le karma, mais j'aime suivre de loin ces gens qui ont été là pour moi. Histoire de me tenir à distance de leur vie, à laquelle je n'appartiens pas vraiment, mais de rester assez proche pour être là au besoin. 

Un cercle vertueux tacite.

Je ne supporte pas qu'on me touche ou même qu'on rentre dans ma zone de confort - oui le métro parisien est un supplice. Enfin, pas avant 2 verres. Ces moments-là sont les seuls où je laisse un inconnu entrer en contact avec moi.

Je me souviendrai toute ma vie de ce type qui, en plein festival, a vu ma mine déconfite, les yeux vagues, a vu ma posture prostrée, a vu une fille isolée qui, quand il l'a fixée, a détourné le regard. Par réflexe. Comme toujours. Qui, quand il lui a tendu ses bras, a secoué énergiquement la tête. Qui, quand il a accompagné son geste de quelques mots, prononcés doucement, avec calcul, mais assez fort pour couvrir le son des Kaiser Chiefs, s'est vu offrir un minuscule sourire en coin. Il a su qu'il avait gagné et m'a serrée fort, avant de repartir, me laissant le coeur léger, sans plus de promesse. 

Je me souviendrai aussi de cet autre qui a délaissé son groupe d'amis, sa soirée, son nombril, pour venir ramasser la petite chose tremblante sur son morceau de canapé. Le nez contre sa chemise, sa main refusant de quitter ma nuque tant que je n'étais pas calmée. Une mini thérapie de 10 minutes, de sa bouche plein de dents blanche d'être solaire, à mon oreille d'être pas totalement fini. Il m'a fait plus grandir en un hug que mes parents en 10 ans. 

Car, oui, je ne suis pas d'une famille très démonstrative, loin s'en faut, et j'ai reçu plus de beignes que de câlins. Je ne sais pas si c'est pour ça que plus personne ne peut m'approcher maintenant ou si c'est l'inverse. Mais, lors de la cérémonie pour Mémé - la seule personne de ma famille que je serrais dans mes bras dès qu'une occasion se présentait - alors que j'affrontais un peu tout seule avec mon xanax, une très vieille amie m'a carrément bondit dessus pour m'enfermer et me forcer à sortir quelque chose. C'est le seul moment où j'ai vraiment lâché du lest. Elle a su. Son instinct de mère, peut-être. Ou alors lui avais-je dit qu'il fallait me bousculer pour que j'accepte ces gestes-là, ces choses-là. 

Je ne supporte donc pas quand ces gestes sont gratuits, et les gens qui se tripotent tout le temps - pour rien - me sortent par les yeux. C'est contre ma religion, pourrait-on dire. Se faire la bise est une chose qui me dépasse. 

Rassurez-vous, ça me vient naturellement quand je suis avec quelqu'un. Je ne sais pas ce qui se passe en moi et quand ça se déclenche, mais qu'un garçon me donne envie d'être dans ses bras est un très très bon indice quant à son pouvoir sur moi. 

On me demande souvent pourquoi j'ai tant de relations dématérialisées. Pourquoi des gens que je n'ai jamais rencontré ou parfois seulement croisé 2 ou 3 fois tiennent une place si importante dans ma vie. 
Je dirais que ce sont des gens qui savent quand se servir du sacro-saint hug, même s'il est virtuel, même s'il n'est composé que de mots. Je dirais aussi qu'ils sont bien pratiques, parce que pas de gêne, pas de questions horripilantes de "pourquoi ce geste ?", pas besoin d'occuper l'espace, de savoir quoi faire de ses mains, de devoir maîtriser ma grimace constante et la tordre en un sourire qu'ils sauraient faux de toute manière.

Voilà mon coming-out d'handicapée de tout mon corps. Et de fille qui, tout en détestant ça physiquement, est  addict à ce qu'on la touche émotionnellement. 


Cela ne vaut évidemment pas pour toi, Jim, you can Touch me whenever you want.

vendredi 3 mai 2013

Put my name on your list


 
Ca fait à peu près 1 an que cette liste me trotte dans la tête. 
Il n'y a rien qui m'a le plus aidé lors de ma dernière rupture que la musique - sorry my dear friends (pour ceux qui ne savent pas ça se situe, dans ma vie, entre le Tsunami de 2004 et la faille de San Andreas). 

Chaque écoute de chacune des chansons qui vont suivre m'a plus apporté en réconfort que 1000 tablettes de chocolats, 45 chatons et 2 voyages au bout du monde (true story). 

Une bonne chanson de rupture, c'est la chanson sans regrets, sans concessions, la chanson pleine de violence pure et d'avenir rayonnant. 

En voici un parfait contrexemple : Tell me it's not over / Starsailor

"Now the lights out / I discover / she is sleeping with another."

Duh.
Il/elle t'a quitté pour ça. Quoi qu'il en dise à vos amis communs. On quitte quelqu'un pour quelqu'un d'autre ou dans l'espoir/l'attente de quelqu'un d'autre. C'est le principe de quitter. On passe à autre chose et à d'autres gens. 

Ce qu'il faut en retirer : ça donne tous les droits pour couper tous les ponts de ton côté, puisque toi aussi tu passes à autre chose. L'amitié entre ex n'existe pas. 

Mon conseil : avant d'appuyer sur play et d'écouter LA chanson qui fait bader, imaginez-vous en Eurydice guidée par un Orphée qui lui répéterait "NE REGARDE PAS EN ARRIERE CONNASSE !" constamment. 

Donc on n'écoute surtout pas cette chanson quand ça va pas. Même si elle est très bien. Et on se retourne vers... 

"LA MAGIC SETLIST DE NOT-SO-BROKEN-HEARTED JOHNSON"



Le contrepied parfait au mauvais exemple d'avant. On est grand, on est fort, on est parfaitement indignes et on écrabouille bien son torrent de bile dans la gueule de l'ex. Because we can

Lisa est au volant de sa voiture et, croisant son ex à tous les coins de rue, elle déploie toute son ironie mordante à lui faire comprendre qu'après ce qu'il lui a fait, quelque chose de bien pourri s'est insinué en lui, et qu'il ne sera plus jamais tout à fait lui même après avoir agi comme il l'a fait.

Good luck good luck
Good luck in your new bed
Enjoy your nightmares honey
When you're resting your head

Ce n'est pas parce qu'on a aimé quelqu'un, à moment donné, qu'on a pas le droit de l'annihiler par la suite. Surtout lorsqu'il vous a balancé à la gueule le bâton pour se faire battre.

Cette chanson trop méconnue se situe à mi-chemin entre le très très radical Fuck U de Archive (magistral, mais beaucoup plus politique que romantique) et le foufou Gives you hell de All American rejects (mais siii vous savez "And truth be told I miss you... And truth be told I'm lying")


Aaaaah Damien, le Stefan Zweig de la chanson,  

Ce qui est particulièrement épique avec cette chanson, c'est la forme qui respecte le fond. 
Cette explosion de fiel du refrain qui peut arriver à n'importe quel moment. Un peu comme la crise de larme/d'angoisse post-rupture. Tu es bien, tu es entourée, et puis tout d'un coup pour un rien :  

Fuck you, fuck you, fuck you
And all we've been through
I said leave it, leave it, leave it
There's nothing in you

Et le hantant "Let me out let me out let me out..." parce que, attention, voici la phrase copyrightée Johnson INC depuis 2006 : "C'est pas parce que c'est fini que ça s'arrête."

En gros, dans une vraie relation qui a compté, la partie où tu as été avec la personne représente la partie émergée de l'iceberg. La rupture, c'est le reste. C'est un bon gros morceau de ta vie bien plombant.

Et le ronronné Hell when you're around est un condensé de : "post rupture, tiens toi le plus loin possible de l'autre". On ne le répétera jamais assez : on jette tout (tout), on efface les photos (si), on n'efface pas les mails (parce qu'il faut pouvoir se souvenir d'ô combien l'être dont on se fait toute une montagne était insignifiant/lâche), on ne va plus aux soirées où on sait qu'il/elle est invité(e), on n'hésite pas à être complétement très triste devant les amis en commun (de toute façon ils vont choisir son camp), à exposer ce que l'autre a fait de vraiment vraiment sadique en long en large et en travers (parce que généralement ils tiennent à ce que ça reste secret, je sais pas pourquoi), et, pourquoi pas, une petite vengeance qui va bien, juste parce que ça fait plaisir.


Cette chanson sautillante est parfaite pour l’Himalayesque phase du "Pourquoi ?". 

Spoiler : vous n'aurez jamais la réponse, parce que la réponse c'est lui/elle qui l'a et que cf plus haut "généralement ils tiennent à ce que ça reste secret, je sais pas pourquoi". C'est de la cruauté pure (surtout que, comme c'est des êtres humains, ils finiront par pas pouvoir garder pour eux les vraies raisons et les donner à quelqu'un, et comme ce quelqu'un est un être humain tout aussi mesquin il vous le répétera la bouche en coeur)(toute ressemblance avec des faits réels (...)) 

Cette chanson c'est la chanson pour prendre conscience d'à quel point l'autre a tué une partie de lui-même en vous quittant - astuce : se souvenir avec beaucoup trop d'emphase de votre relation :

Love don't come so easily
This doesn't have to end in tragedy
I have you and you have me
We're one in a million
Why can't you see?

Car, après, vous avez le droit de vraiment vous lâcher (puisque la déception est forcément plus grande) : 

I'm waiting, waiting for nothing
You're leaving, leaving me hanging
When did your heart go missing?
When did your heart go missing?
I treat you like a princess
But your life is just one big mess
When did your heart go missing?

Si l'autre vous a quitté c'est parce qu'avant tout il n'avait pas de coeur et, à un moment, il s'est dit "damn, je ne suis pas à la hauteur". 
Si. All the time. Think about it


Pour deux raisons : 
1) écouter de la musique de merde est primordial. Et écouter des choses qu'on n'écoute pas en temps normal = salvation.

2) NE.RIEN.RETENIR

You look so dumb right now
Standing outside my house
Trying to apologize
You're so ugly when you cry
Please, just cut it out

Don't tell me you're sorry 'cause you're not
Baby when I know you're only sorry you got caught
But you put on quite a show
Really had me going
But now it's time to go
Curtain's finally closing

...et surtout pas elle/lui. 
N'acceptez jamais ses excuses.

Les excuses ne veulent rien dire. Les excuses sont l'arme de ceux qui se permettent d'agir en se disant "oh ben je m'excuserai après, c'est pas bien grave.". 
S'il ou elle regrettait vraiment il/elle ne vous aurait pas quitté.
Si cela peut vous aider, persuadez vous que votre ex a maltraité des animaux mignons dans sa prime jeunesse. Mais genre plein. Et avec des cure-dents.

Pourquoi cette chanson ? Pour bien se foutre de sa gueule. Tout simplement.

Puisque tout cela ne servira évidemment à rien et que vous vous retrouverez régulièrement devant votre messagerie à 4h du matin, et que les "Pourquoi ?" "Et si c'était pas fini en fait ?" et "Il doit être vraiment très malheureux pour être aussi méchant" tourneront dans votre tête au moins autant que la pièce tourne autour de vous, passez-vous ça en boucle (Drunk / Ed Sheeran).

What didn't kill me
It never made me stronger at all.
(...)
I'm sat here wishing I was sober
I know I'll never hold you like I used to.


Should I, should I?
Maybe I'll get drunk again
I'll be drunk again
I'll be drunk again
To feel a little love.

All by myself
I'm here again
All by myself
You know I'll never change
All by myself
All by myself
I'm just drunk again
I'll be drunk again
I'll be drunk again
To feel a little love. 


Buvez. Beaucoup. Parce que dès que vous rencontrerez quelqu'un d'autre il se passera la même chose, et cette fois, ce sera peut-être même vous le bourreau. On cherche tous un peu d'amour et on  peut couper la tête de quelqu'un juste parce qu'il vous en donne trop. 
Les humains sont des connards. Et il y a peu de chances qu'on change maintenant.


Passez vous cette playlist pendant le temps qu'il faudra, normalement vous ne devriez plus avoir que des souvenirs très flous d'elle/lui en sortant de votre tunnel.

Une fois dehors, dites vous bien que Now he's not even somebody that you used to know.