jeudi 28 juin 2012

I want to know ! Are you ready to go ?


Cher voisin de l'immeuble d'en face,

Nous allons très bientôt vivre une histoire d'amour. Ne t'inquiète pas, selon mes statistiques personnelles, cela ne durera qu'entre un et deux mois. Dans la mesure où tous les garçons de ma vie (ou presque) s'en sont allés vers d'autres horizons, tu es une proie de choix, d'autant que je ne t'ai jamais vu inhaler de drogue ou maltraiter un chat. Je me souviens l'année dernière, par contre, t'avoir vu enlacer une jeune fille, et je le prends comme une bonne nouvelle : tu n'es pas gay. Ou pas que. On n'a plus vu cette fille depuis six mois, j'estime donc que la place est libre et je me porte candidate.

Je partage ta passion de passer les longues soirées de vague de chaleur torse nu sur ton canapé, et j'aimerais pratiquer cette activité avec toi. 

J'estime que, vivant seul dans un appartement depuis plus d'un an, tu es majeur, ce qui n'était pas gagné étant donné mes goûts fort peu regardant quant à l'âge de l'aimé.

Si je t'écris au préalable, c'est que je dois te prévenir de quelques petites incommodités. D'abord, il va falloir que tu fasses le premier pas, non pas que je sois vieux jeu, mais j'ai un sens de l'orientation proche du néant et je ne saurais jamais à quelle porte frapper en le déduisant de ta façade. J'aurais trop peur de frapper chez ton voisin pervers (1 étage au dessus à gauche, depuis chez moi), celui qui matte qui siffle, qui matte et qui siffle et qui n'arrête même pas quand sa meuf lui demande de l'aider avec leur gosse. Donc moi, c'est beaucoup plus simple : au dessus et en dessous j'ai deux mecs toxicos aimant à se promener à poil et à écouter la musique tard, fort et avec beaucoup de basses. Tu peux pas me louper : moi j'ai des seins.

Mais ce n'est pas un inconvénient majeur. Non. Arrivera le moment où, à la lueur des bougies, enveloppés dans mes rideaux violets soulevés par le vent, on boira nos bières en regardant ton appart' vide, en face, et en riant comme deux ados un peu pathétiques. Arrivera le moment où tu me diras que tu veux de moi, en me regardant dedans les yeux et en joignant le geste à la parole. Là tu voudras me rouler une grosse pelle - et je ne demanderai pas mieux - mais je t'arrêterai d'un geste sec en te disant "alors là, je sais que tu penses pas ce que tu dis, parce que s'il y a une leçon que j'étais prête à retenir de mon ex - que je pensais honnête - c'était han nan mais arrêtez de chercher les sous-entendus, nous les garçons on dit ce qu'on pense, on pense ce qu'on dit alors que bon, s'il avait pensé ce qu'il disait il aurait jamais laissé échapper un si tu m'aimais tu me laisserais changer ta playlist en soirée, phrase pour laquelle j'ai bien failli le virer de chez moi tant c'était beaucoup trop tôt, mais bon, revenons à toi Jean-Voisin - je peux t'appeler Jean-Voisin ?, j'ai bien compris que les mecs comme les filles faisaient des sous-entendus, sauf que, eux, ils le font de façon pas trop subtile, ils le regrettent et donc ils jouent le nan mais nan mais j'ai pas dit ça. Alors, Jean-Voisin, si tu me veux vraiment, ne dis jamais le contraire. Et vas pas rabâcher à des gens populaires des internets que tu peux pas blairer que je t'ai déçu, parce que, hey, tu sais dans quoi tu t'engages hein, je mens pas, jamais, sauf au boulot, et on bosse pas ensemble Jean-Voisin, alors je suis là, je suis chiante, je suis hypersensible, et si tu fourres ta langue dans ma bouche, tu assumes les conséquences et tu me promets TU ME JURES et tu promets et tu jures que tu tiendras ta promesse promise que si tu me quittes tu me diras pourquoi en toute vérité vraie ?" 

A ce moment là, tu te seras sûrement endormi comme un bienheureux et je ferai comme à chaque fois que les garçons s'endorment alors qu'on parle de choses graves : je t'écrirai une lettre. 

Tu répondras en m'apportant un pack, le lendemain soir et en me disant "mais ouais meuf, t'inquiète, je suis pas un connard" (à noter une chose : avec toute la haine que je voue aux connards, les seuls qui trouvent grâce à mes yeux sont ceux qui l'assument)(ceux qui te disent "je vais t'utiliser sexuellement aussi longtemps que ça me plaira et après je t'enverrai chier et t'entendra plus jamais parler de moi", au moins, tu sais dans quoi tu t'engages). On fera des bisous, je serai contente.

Tu iras mettre le pack au frais, tu me diras "Hey Johnsy Johns, pourquoi il y a un analphabète qui a écrit à la craie I liek Johnson sur ton ardoise murale ?" et je te dirai "Parce que je jette jamais rien. J'efface encore moins." et tu comprendras pas mais tu trouveras ça chouettos sans savoir pourquoi. Je fais cet effet là.

On sera heureux, aux anges, au paradis and beyond pendant un mois, et puis, je commencerai à te demander "c'est qui la blonde que j'ai vu chez toi à 1h du mat' l'autre nuit" et tu me diras "ma soeur" et je te dirai "t'es brun" et tu me diras "elle est albinos" et je te dirai "GET THE FUCK OUTTA HERE" et tu me diras "meeeh" et je te dirai "ouais mon ex a dit pareil après avoir passé une soirée avec des actrices porno*" (j'ai rien contre vous, mesdames, j'estime juste qu'un type qui vous fréquente en me cachant vous fréquenter n'assume pas parce qu'il a un truc à cacher, même si c'est juste des pensées vilaines et une envie de se rincer les yeux sur ce que, moi, j'ai pas). 

Je te ferais la gueule des jours entiers et tu reviendrais, avec un pack et le DVD de Titanic et je te dirais "wookay" parce que j'aurais pas revu la blonde de la semaine. 

Ca repartirait comme en quarante. 

Puis viendrait le jour où tu me décevras. Juste parce que les mecs déçoivent obligatoirement. Je sais pas c'est un réflexe chez eux comme s'ils pensaient "oh, elle s'attend très fort à ce qu'on fasse ça ? Sa grand-mère qui l'a élevée s'est fait opérer du coeur, elle a failli se faire virer de son boulot et je l'ai ignorée toute la semaine ? Oh ben je vais aller me faire couper les cheveux à la dernière minute à la place." (toute ressemblance avec une situation vécue serait totalement justifiée). Et là, je me détacherais. Parce que j'aurais commencé à m'attacher. Parce que je m'attache même à une coccinelle qui se pose une seconde trente sur moi. Et ce serait plutôt une bonne nouvelle.

La relation light, la relation des djeunz qui swaggent. 

Bref. Nouveau départ en mode "tu m'as déçue ? Mais t'es un peu un connard en fait, donc je peux recommencer à être un peu une connasse en fait ?", mais le problème, c'est que toi, en tant que garçon tu comprendrais pas que cette déception était salvatrice, et du coup tu te diras "oh bah si elle était autant déçue c'est pas juste parce qu'elle a une maladie qui la fait péter un plomb pour un rien et un caractère qui fait qu'elle assume complètement et trouve ça justifié.C'est qu'elle m'aime. C'est qu'elle s'attache. Oula, mais attends, il est où le bro code ah là... ah mais ouais IL FAUT QUE JE FUIE."

Et avant que j'aie pu dire "Jean-Voisin, les pâtes sont cuiiiiites" tu auras claqué la porte et je te verrai en face, entrain d'être torse nu sur ton canapé avec ta soeur albinos. 

Voilà, Jean-Voisin.

Donc maintenant, la balle est dans ton camp. Tu sais tout ce qu'il y a à savoir. 

Oh, et je suis végétarienne et allergique à l'aspartame.

C'est tout.

A bientôt, alors.

Call me, maybe.

mardi 26 juin 2012

You make up your angry eyes

La petite fille qui rentrait des cours en se jetant sur la télé salon me manque. 

Unique medium équipé du satellite, soit bien avant l'arrivée d'internet : ma seule ouverture sur le monde.

Pendant ces rares heures où je pouvais être seule, je m'empiffrais des programmes potaches de Comédie ! ; La Grosse émission, Robins des bois en tête. Le dépaysement était total. Mon monde était désherbé. Le rire était ma drogue : en état de manque du matin à l'heure de fin, j'avais besoin de ce moment.

Il faut dire que je n'avais rien d'autre : pas de famille, pas d'amis, surtout pas de petit-ami. Seulement mes illusions. Mes notes moyennes hautes. Mon imaginaire, qui prenait le relai dans la journée pour soulager le stress constant de devoir surveiller chacun de ses gestes, de rester sous la ligne de flottaison du regard des autres.

Je regrette cette fille. Cette fille qui voulait, à la limite, savoir ce que c'est d'embrasser un garçon, un jour, mais qui n'imaginait même pas pouvoir passer à quelque étape supérieure que ce soit. 

Les jours où le dégoût que les autres affichaient n'entachaient pas sa vision d'elle-même, elle était déjà bien contente. 

Et puis, elle se démerdait. Elle était seule mais tout fonctionnait. Personne ne la heurtait vraiment profondément. Ce n'étaient que des coups à essuyer, mais pas de blessures profondes.

Maintenant que j'ai vu de mes yeux vus, que j'ai vécu, que la vie m'a prouvé que je pouvais être heureuse et épanouie, même si c'était pour un laps infime de temps, je ne peux plus vivre dans ce déni si pratique de "personne ne voudra jamais de moi, autant vivre en autarcie totale". 

Me faire vivre ça, et me le retirer aussitôt a été d'une violence incommensurable pour mes certitudes. Pour ma personnalité. Plus rien ne tient debout. J'étais, jusqu'ici, la fille toujours rejetée. Et puis il a voulu de moi. Mais m'a rejetée quand même. Et me voilà dans le no man's land de la vie. 

Est-ce que je suis toujours cette gamine et est-ce qu'il m'a prouvé que tout le monde avait raison de ne pas vouloir de moi ? 
Est-ce que je suis autre chose ? 

Est-ce qu'il y aura quelqu'un d'autre d'assez fou pour s'approcher ? Est-ce que ça prendra encore 5 ans ? Est-ce que j'en aurai eu marre d'ici là ? Est-ce que j'aurai fini par faire ce que le monde me pousse à faire depuis ma conscience s'est éveillée ? Est-ce que je serai devenu folle à force de ne pas comprendre ? Est-ce que la résignation est toujours possible maintenant que j'ai vécu ce que j'ai vécu ? 

La torpeur était douce, mon auto-conviction extrêmement forte et contentente.
C'est sans doute pourquoi j'y suis restée le plus longtemps possible.

En me montrant que je pouvais être désirable (du moins au début, même en se trompant et en me prenant pour une autre, et avant de réaliser à quel point je le décevais), il m'a condamnée au malheur ad vitam aeternam.

vendredi 22 juin 2012

We were fated to pretend


Quand tu montres tous les signes extérieurs du mieux aller, les langues commencent à se délier.

Tu penses alors que l'ex va s'en prendre plein la gueule, que les révélations vont être autant de pics acérés dans le flanc des moments passés sacrés.

Et puis tu entends des phrases qui s'empilent comme : 

"Quand vous vous regardiez dans les yeux."
"Moi j'y croyais."
"Vous dégouliniez. Genre. Tout le temps."

Alors tu réponds calmement "Je sais pas ce que vous avez vu mais rien de tout ça n'était vrai. Il l'a dit."

Tu crois avoir résolu l'affaire quand la masse s'alourdit d'un :

"Tu sais, un soir, il s'est assis à côté de moi et il m'a dit "elle est bonne ma copine hein", il était fier et tout."

Tu essayes de retrouver ta gouaille et tu dis "Nan mais il parlait de son pote."

Tu as alors les mauvais flash. Déjà qu'il y a peu de mauvais moments auxquels se raccrocher, ce sont alors les bons qui abondent. 

Sauf que dans mon cerveau, il est impossible de passer d'un échange aussi radieux, plein & rare, à un rien, vide absolu, pour retourner à une solitude qui s'apparente à des roulades sur des bris de verre.

Tu prends conscience en les voyant qu'ils ne comprendront jamais. Tu prends conscience de pire, en fait, tu prends conscience qu'il y a quelque chose dans ta propre histoire que tu ne comprendras jamais.

Comment tu as pu croire - et comment il a pu faire croire à tous tes gens de confiance - que tu étais primordiale et comment du jour au lendemain, tu es redevenue poussière.

Tu en parleras sûrement bientôt à Oscar, car, à qui d'autre ?

Tes amis en commun t'ont plaquée sans oser te l'avouer ou refusent d'aborder le sujet. 

Alors oui, tu aligneras les lignes à destination d'Oscar W. et vous boirez, à 100 et quelques années d'écart, à la santé de l'absurde. A la santé de la déchirure. A la santé de l'inexpliqué. 

A la santé de l'inexplicable. 

mercredi 20 juin 2012

Saw the darkest hearts of men

[...And I saw myself staring back again] 

Je renais à peine de mes cendres (it's better to burn out than to fade away, right ?) et le réveil est dur.

Ce soir un de des derniers hommes de ma vie me quitte à son tour, me laissant avec mon troupeau de donzelles à surveiller. Et croyez moi, c'est le printemps, et c'est pas tous les jours facile de pas en perdre une au profit du grand méchant loup. 

Généralement, ma tête est un gigantesque bal costumé. Les jeux de cour de récré où on se prenait pour des personnages aux vies trépidantes se sont réfugiés dans mon imaginaire.

En ce moment, je suis dans ma période cowboys, la petite musique (très vengeresse) qui accompagne mes pas n'a rien à envier aux Black Keys (qui sont des cons). 

Je parlerai bientôt sur le blog de l'hormone des Hatfields et des McCoys, deux familles qui se sont entretuées à la fin du XIXe entre la Virginie et le Kentucky.

Je suis éberluée de voir qu'à Paris s'éteignait Oscar quand eux en étaient toujours à se courir après à cheval dans la montagne pour s'étriper à cause d'un cochon. 

Et pourtant, il en faut du cran pour voir mourir de mort violente un par un tous ses enfants, petits enfants, amis, et être à l'origine d'autant de morts violentes chez le voisin, et vivre, vivre avec ça. True grit, en somme. 

J'essaye de m'inspirer de ces gens (non, pas pour aller massacrer à la chevrotine mes voisins bruyants, les dealeurs en bas de ma fenêtre et le clodo musical sur la place) pour traverser la tête haute ce qui m'attend encore.

Je veux dire : j'en ai déjà vu énormément dans ma petite vie de middle-class de l'époque moderne. L'équivalent de s'entretuer au XIXe siècle, c'est peut-être les immenses le harcèlement, les haines silencieuses & les immenses batailles psychologiques. J'en ai menées de nombreuses, j'ai détruit des gens, fait pleurer des grands garçons, mais j'ai beaucoup pâti de ces guerres mentales incessantes.

J'ai un code de l'honneur de ce temps, un tempérament revanchard, jaloux, impulsif et rageur, 
j'aurais fait des ravages en ce temps là, dans les salons d'Oscar, ou sur un cheval dans les plaines américaines. Mais, à notre époque, on me regarde souvent comme une Antiquité. Les politiquement corrects me disent que je suis une vieille âme. J'ai juste un gros problème d'adaptation aux modes de pensées actuelles.

J'ai une soif de vérité et de justice qui ne s'achève que quand je l'ai décidé. Que quand je suis à nouveau en accord. Que quand c'est le moment pour moi de laisser les choses filer.

Parce qu'une chose soit claire : le prochain qui jette mon coeur à la poubelle parce qu'il ne le trouve plus assez saignant, je ne passerai pas un mois à le pleurer. Mais un mois à le faire chialer sa mère. Et pas seulement à coup de notes de blog.

lundi 18 juin 2012

Once bitten twice is shy



Maintenant que je me trimbale avec mon coeur dans mon sac à main, tout va mieux.
Tout va mieux parce que j'ai arrêté d'essayer de le recoller.


Dans Avenue Q, une sacré bien comédie musicale, Princeton, le héros, cherche son purpose (sa raison d'être, son but dans la vie*) inlassablement. 

Je crois que j'ai trouvé le mien :

Relever mes petits soldats qui se sont fait shooter par la vie.

J'ai la meilleure armée du monde, et, sans me vanter, je crois que je suis leur général. C'est pas qu'ils obéissent aux ordres mais, au moins, ils les écoutent.

Je m'en suis rendue compte dans un de mes endroits préférés. Quand j'ai vu un autre coeur brisé derrière un visage familier. Des larmes là où il ne devrait pas y en avoir.

Les miennes m'ont paru loin, très loin. 

J'ai fait ce que j'ai pu et je crois que je suis un peu plus douée à réparer les autres qu'à me réparer moi. Je crois que j'ai aidé, que je n'ai en tout cas rien empiré.

J'ai manipulé, tordu, et twisté la vie, pour l'amener dans ce même endroit et y reconstituer une cour de récré pour adultes où elle serait la reine. Juste pour lui faire comprendre que rien n'a changé. 

Les garçons me demandaient "Et vous travaillez où ?" et je répondais "Elle travaille chez."
Les garçons me demandaient "Et vous avez quel âge" et je répondais "Elle a."
Les garçons me demandaient "Et vous vous appelez comment ?" et je répondais "Elle c'est."

Et je m'éclipsais pour observer de loin son coeur se ressouder un peu à la flamme des yeux des garçons qui la dévoraient. Because it's my purpose.

Avant, je le faisais pour des gens qui ne le méritaient pas, et ça me rendait parfaitement malheureuse. Depuis que j'ai trouvé les femmes de ma vie, je pourrais le faire toutes les nuits, et rentrer seule, dans un bus de nuit. Et m'inquiéter, encore pour elle. Mais pas pour moi. Pas pour moi.

J'ai détesté plus encore ne pas être là pour elles que d'être malheureuse à en arrêter de respirer.

J'ai eu mon tour, une toute petite parcelle de bonheur, un oeil lancé derrière les rideaux avant qu'on ne me les referme dessus brusquement.

Si jamais mon coeur devait resservir, un garçon n'aurait qu'à fouiller dans mon sac et tenter de le replacer. On ne sait jamais. Ca pourrait marcher.

Mais pas maintenant.
Pas maintenant.








*Et d'ailleurs à force de le rechercher il passe complètement à côté de Kate Monster et la plaque un peu par dessus l'épaule pour se taper Lucy the slut, cela n'a, bien sûr, rien à voir avec des évènements ou personnes existants ou ayant existé. 
Bien sûr. Rien à voir.

vendredi 15 juin 2012

To the land of what might have been

Il a les seuls yeux marrons que je m'autorise à aimer : des yeux unicolores et pleins, chauds, caramel.

Comme sa peau. Comme sa bouche. 

Quand je l'ai connu, j'ai su. Et si je savais, je ne savais pas exactement ce que je savais.  

J'ai identifié cette sensation avec le Tinman, ce moment de fébrilité électrique quand tu réalises : I can have him if I want to.

Je l'ai revu il y a peu de temps, alors que je vivais les heures glorieuses de ma relation exclusive avec le Tinman. 

Il m'a présenté sa copine. J'ai été infiniment triste. 

Pas jalouse. Pas pleine de regrets. Juste triste pour lui. 

Égoïstement triste pour lui. 

Parce qu'elle est pataude, plutôt vilaine, pas très intéressante, ni drôle, ni fêtarde, ni rien qui aurait pu me la rendre sympathique - à part, justement, sa sympathie, la brave fille que tu ne peux pas détester par définition.

Je me suis dit woah mais tu méritais tellement

Ca avait l'air d'être du solide en plus. Et, à ce moment là, je m'estimais heureuse avec ma relation fraîche, qui revenait de très loin, avec un type inespéré. 

Mon coeur s'est serré pour ce type parce que je m'étais clairement dit "si j'avais été célibataire, j'aurais fait quelque chose, je lui aurais fait comprendre...". Cette envie de le sauver d'une fille banale, de lui offrir la grande vie, les portes qui claquent, Paris la nuit, mes robes et mes talons et mes sautes d'humeur. L'envie de lui épargner le job bien planqué pour rembourser le prêt de la maison et de la Kangoo pour caser les 3 enfants lors des week-ends chez les beaux parents. 

Je transpirais la confiance en moi.

Mais je ne lui ai rien dit, je ne l'ai même pas regardé, je ne l'ai pas approché. Je ne voulais pas qu'il entr’aperçoive ça et se retrouve à vouloir une fille qui, elle, ne quitterait pour rien au monde sa relation encore pleine d'illusions. 

Je l'ai croisé une première fois, une deuxième fois, quelque chose me dit que la troisième plantera le dernier clou dans le cercueil de notre might have been.

Et de mon côté, je m'habitue doucement à ne jamais avoir ce que j'ai entr'aperçu chez lui. La vie calme, heureuse, pleine de surprises et d'attentions, loin des tumultes de la ville, ses passions et sa passion.

mercredi 13 juin 2012

It's hard to dance with a devil on your back

Je me souviens qu'on était assis par terre tous les deux, ivres de sommeil, à jouer aux jeux ridicules sur mon portable qui était tout pourri et pourtant mieux que ce que qui que soit pouvait s'offrir dans ce lycée. 

On était seuls, à côté des bureaux de la direction de l'établissement. C'était calme. On finissait notre nuit en parlant de tout, surtout de rien, et en se plaignant beaucoup, et parfois, j'essayais de lui faire comprendre qu'il était gay, mais généralement ça ne finissait pas très bien. 

Un jour particulier, je me souviens, le proviseur est passé et nous a ordonné de nous relever d'un "on n'est pas sous les ponts à Paris ici.". 

Je me suis rappelée de ce moment sans raison pendant longtemps. Maintenant, je comprends que ce jour là, j'étais entre l'archétype de tout ce que j'aimais chez un garçon, le BFF : drôle, complice, reposant parce qu'il avait suivi toute ma vie, gay et plus intelligent que la moyenne ambiante & l'archétype de tout ce que je déteste chez l'homme, le proviseur : sorte de dictateur dont l'égo décolle devant les responsabilités qu'on lui a octroyées, violent verbalement, lapidaire, fermé, ça aurait pu être mon père s'il avait choisi l'éducation nationale. 

Les garçons ont toujours été un mystère pour moi.

Hier soir, je vidais une bouteille de Chardonnay ("Une bouteille entière ?" "Oui oui") avec une amie qui se pose beaucoup de questions sur les chromosomes Y également. Après l'inévitable "j'aime pas les garçons", j'ai répondu "j'aime les garçons, je n'aime pas dépendre d'eux.", ce qui équivaut à "I love you but you're bringing me down". 

J'ai remarqué alors à quel point on avait des œillères. A quel point les filles hétéro se focalisent sur leurs prétendants, sur les petits bourgeois qui ont toujours tout eu dans la vie, y compris les filles, y compris l'amour, et qui se permettent de les jeter comme des jouets décevant quand ils en ont fait le tour, sur les connard malfaisant et retors qui leur mettent le cerveau en vrac avec un seul coup de fil...

A quel point j'oublie vous autour. 

Les garçons spectateurs de ma vie. Qui me trouvent drôle, qui aiment bien me voir de temps en temps, avec qui je partage peu mais qui savent ce qui se passe. 

Ce sont eux - cette strate si précise et si étendue en fait de mes relations - qui m'ont le plus réconforté. 

Mes gays, ces doctorants de la rupture amoureuse, ingénieur en remontage de moral express, oui, mais pas que. L'ancien BFF qui revoyait dans mon histoire le début de la sienne. L'ami de twitter qui lâche ses compliments ciselés en frappes chirurgicales bienveillantes avec un timing parfait. Le bro' qui affronte à chaque mail le rollercoaster émotionnel de ma vie et sait toujours quoi dire et surtout comment le dire. Le barbu qui est sûrement un des seuls à pouvoir comprendre l'étendu de ma douleur à moi, qui a l'hypersensibilité nécessaire à une souffrance irraisonnée, à l'image de la mienne. L'étranger qui joue si bien l'amoureux transi obsédé sexuel que c'en est confondant. Les connaissances de deux ou trois soirs qui, pour une raison ou une autre, m'ont fait comprendre qu'ils n'étaient pas insensibles à ma douleur. J'en oublie forcément.

Il y a des garçons plein ma friendzone, et j'ai tendance à les considérer pour acquis un peu trop facilement. 

Alors à vous : sachez qu'un seul mot d'encouragement de votre part vaut peut-être mille discours de mes meilleures amies. Parce que je suis une fille à garçons. Parce que vous êtes mon soft spot. Vous m'êtes plus précieux que les quelques tocards et le gars bien que j'ai laissé entrer dans mon coeur. Vous avez été là. Vous êtes là. Et vous le serez, si la vie le veut. 


lundi 11 juin 2012

Late night tale

En fait non, rapport à la note d'en dessous : meurs dans un feu plutôt.

Breaking news : je ne me suis en fait pas fait plaquer parce que monsieur a changé d'avis ou n'arrivait pas à s'attacher mais parce que je n'étais plus assez méchante à son goût.

Attention les enfants, conte du soir, voilà ce qui s'est passé :

Le soir magique où on a fini dans une boîte lesbienne par former deux couples hétéros, j'avais fait très fort. En sentant une jeune fille fragile devenir le boulet de la soirée, j'ai monté un stratagème pour la virer malproprement. Une fois que la chose fut faite, tous les membres du festoiement ont dédié la soirée en mon honneur. J'ai donc bénéficié d'un droit de cuissage et, une semaine après, le garçon voulait de moi en contrat à durée indéterminé.

Cela se passait très bien. Je l'engueulais pour à peu près tout. Surtout pour n'importe quoi. Je faisais l'homme. Je l'empêchais de payer dans les restaus. J'hurlais sur mes amies. Avinée, je me ruais sur les chauffards pour les provoquer en duel.

Bref, j'étais hystérique.

C'est à peu près à ce moment que nos amis, plus au courant que moi du flux de pensées du jeune homme, commencèrent à m'entretenir de ses sentiments naissants pour moi.

Voyant la relation "sérieuse" venir, ils me mirent en garde : "cesse d'être une bitch, Johnsy Jones, ou ton prince filera avec une gentille princesse.". Je me dis qu'ils n'avaient pas tort, et que, fort bien, j'allais faire des efforts.

C'est alors que je commençais à écouter son coeur, ses mots, et que je commençais à lui rendre ses doux regards. En me disant "si je lui rends tout, peut-être que je m'attacherai aussi, et ainsi, nous serons heureux, tous les deux en choeur".

J'étais heureuse de ma trouvaille. C'est alors que le jeune homme s'est fait distant. Je me suis dis "ah, la malédiction dont mes fidèles sujets m'ont entretenu : je fus bitch, et maintenant il va aller vers d'autres contrées, plus vertes et moins grasses"

Rien ne fit, et le jeune homme m'abandonna sans un regard en arrière.

C'est dans le noir le plus total et l'incompréhension crasse que je naviguais dorénavant, avant qu'un messager  ne vienne me porter des nouvelles du prince fort fort lointain.

Celui-ci en fait, préférait la bitch à la nice Johns', la grenouille à la princesse, et c'était donc à cause de mes efforts qu'il avait quitté le fort, sans dire mot, sans poser question quant à mon drôle de changement.

Je compris alors la leçon : quand une princesse badass est dans une relation, aucun effort elle ne doit faire, maltraiter le garçon de toute ses forces, elle devra et, avec un peu de chance, si ses larmes ne font pas rouiller ses chaînes, il restera.

Bonne nuit les petits.

Et n'oubliez pas : les histoires d'amour finissent toujours bien.


The "blog" situation

Mon blog a toujours été le plus gros des boulets pour moi : indispensable à ma vie, il relate ce qui se passe dans ma tête au moment même où les idées se forment, alors que je n'ai pas eu le temps de les communiquer aux personnes concernées. D'où de gros gros drama. Tout le temps.

Ce lieu de refuge m'a aidé à traverser toutes les crises. Et celle de mon avant-dernière rupture avant toutes. Lorsque je suis revenue, ici, sur ma relation avec le Pervers Narcissique, celui-ci l'a tellement mal vécu qu'il m'a menacée physiquement en face de tous nos amis, lui qui avait jusqu'à lors si bien réussi à cacher sous le tapis le fait qu'il avait la main lourde...

Mais, si on m'avait demandé, je n'aurais jamais cru que mon blog ferait perdre son sang froid au Tinman.

Je ne pensais pas qu'il le lirait, parce qu'il ne lisait pas les choses longues, en règle générale.

Mais apparemment, on lui a intimé de venir ici et de s'imposer mes longues pages d'atermoiements.

Avec tout le respect que j'ai (et dieu sait que j'en ai...) pour nos amis en commun : il n'y avait pas pire à faire. C'est la double-peine : faire du mal à quelqu'un et devoir lire pages après pages ce qu'on lui a infligé.

Moi, j'ai arrêté d'aller visiter ses endroits dès que j'ai posé le pied à Paris. A New York, j'en avais besoin pour réaliser, pour donner un sens à ce qui venait de se passer... Pour comprendre. Et puis c'est devenu trop douloureux, alors je n'y suis plus allée.
A la place, j'ai déchargé ici tout le vrac dans ma tête.
Forcément, venir ici, c'est se prendre mon intériorité dans la gueule. C'est hyper violent. Et je comprends qu'on se blesse. Mais venir ici est avant tout un choix.

Je blesse mes amis qui me trouvent inconsolables malgré tout leurs efforts. Je blesse ma famille qui se rend compte que je suis encore plus une étrangère à leurs yeux qu'ils se l'imaginaient. Et je le blesse lui.


Surtout par le fait que j'interprète sa vision des choses et que je me trompe...
Mais, hey ! C'est le concept de la rupture : laisser l'autre se débrouiller seul, et ne plus lui donner accès à soi. Alors quoi faire ? Comprendre. Pour avancer. Et arrêter de gâcher ma vie pour quelque chose qui n'a existé que pour moi... que de mon côté, une fois de plus.
Alors on comble les blancs. On s'imagine pourquoi on s'est fait plaquer. Pourquoi on s'est fait plaquer comme ça. Pourquoi on s'est fait plaquer comme ça à ce moment là. Pourquoi, un type bien, avec qui on avait cru vivre quelque chose de vrai, brise tout, brise tout sans me regarder en face, brise tout sans me regarder en face deux jours avant le voyage de ma vie.


Il s'est confié à quelqu'un qui a joué bien malgré lui le rôle du troisième homme dans notre relation, et mes oreilles ont beau être paralysées (kikoo virus !)(kikoo somatisation du choc émotionnel !), c'est bien arrivé jusqu'à moi.

Mais ça n'était que la première partie du message. La deuxième, c'est qu'il ne se sent pas du tout coupable.

Si c'est vrai, il se parjure. Il rompt et annule la dernière promesse faite, la dernière ligne du mail (!) de rupture, mot pour mot.

Si c'est vrai, ça veut dire que tout est vrai, et qu'il n'a en effet jamais rien ressenti pour moi, puisqu'il ne ressent rien pour personne, et que ce que j'ai vu dans ses yeux, ce soir là à Montmartre, je l'ai inventé. Et comme j'ai beaucoup d'imagination, ce ne serait ni la première fois, ni la dernière.

Si c'est vrai, je suis contente. Parce que ça ne sert à rien de souffrir à deux. Surtout quand on sait que je souffre pour deux.

Si c'est faux (examinons toutes les options, pour ne vexer personne en interprétant leurs pensées et en se trompant), je trouve ça un peu bas, et beneath him.

Je n'ai pas demandé de ses nouvelles. Je ne tenais pas à en avoir. Ca me déchire déjà tous les membres de voir son nom s'afficher automatiquement dans des suites de messages. Ca m'étrangle de savoir qu'il existe encore. Que je ne peux pas vivre sans lui, au sens propre du terme. Que ça ne peut pas être "fini" parce qu'il partage encore une partie de ma vie, des gens que l'on a en commun, des endroits, une ville. 

Si c'est faux, je ne veux pas le savoir. Parce que si c'est faux, il s'est fait autant de mal qu'à moi, et je ne souhaite ça à personne.


Si c'est vrai, il faut arrêter de venir ici : ce n'est qu'un mouroir à tristesse, ça n'est pas censé déclencher une culpabilité qui n'existe pas.

Si c'est faux, il faut arrêter de venir ici : je sais que c'est public, je sais que tu crois que ça parle de toi. Mais ça ne parle que de moi. Je faisais ça avant toi, j'ai arrêté pendant que tu étais là, c'est vrai, mais tu es parti, et le blog est revenu. Maintenant ce n'est plus toi et moi. C'est le blog et moi. C'est moi et moi.

C'est triste, c'est pitoyable, c'est lamentable, c'est énervant, je ne sais pas ce que c'est. C'est comme ça ?


Et permettez moi, honnêtes 30 gens qui vous coltinez ma vie depuis 8 ans, de conclure en citant une personne qui suit ce que j'écris ici pour les bonnes raisons : "s'il n'est pas capable de comprendre POURQUOI tu as ce blog alors il n'y a même pas à regretter son absence"

mercredi 6 juin 2012

Parading your heroes so far

Quand je suis revenue de mon voyage, je me suis allongée, déshydratée, comateuse, dépressive, les muscles presque déchirés et déjà deux trois bleus un peu partout.

Je me suis dit "And now, what ?", et ma petite voix (cette connasse que j'arrive pas à faire taire souvent, mais qui m'aide fort, parfois) a répondu "Carl.". Du coup je lui ai dit "hein ?" et elle a dit "Carl Carl Carl Carl !!!!". Alors j'ai "Woh !". Alors elle a dit "bah, tu m'as demandé, tu sais bien ce que je réponds toujours."

Et, ouais, inexplicablement. Je n'avais pas envie de baguette, je n'avais pas envie de xanax, je n'avais pas envie de raser la tête de mon ex à la serpe : j'avais envie de voir Carl B. 

A ce moment là, je n'avais aucune idée qu'il était justement en jupette à Paris. J'avais vaguement vu des affiches pour Pop'pea mais je n'avais vu que le nom de Biolay, j'avais dit "No Fucking Way" et j'avais tracé (entendons nous bien, j'aime certaines chansons de B.B. passionnément, mais il ne faut absolument pas qu'il soit là, qu'il commente, qu'il parle, ou qu'il se déplace dans l'espace, j'ai une forme d'allergie). 

Et puis Vikler (ma co host du Blog de l'hormone) m'a sonné les cloches et je suis allée voir Carl sur scène, au Châtelet, moi sous Xanax + bière + somni + tout ce qui me passe sous la main, et lui sous ses substances habituelles, les vrais savent. 

Le résultat a été un mélange de "WTF" et de "Why Carl, Why ?" et de "Woah." et de "Han." et de "Ooooh god.". Brainfuck, en un mot. 

C'était indispensable de voir ça pour moi, ma construction panthéonique personnelle, et mes futures conversations de converties (enfin, quoi que, je ne connais plus personne qui m'ait connu dans mon époque backstage / soirées privées / Carl B. encore toi ? Mais que fais tu toujours dans la même queue pour les toilettes que moi ?), mais je ne conseillerai ça à personne. C'était foutraque. Et, qu'on aime Broadway ou pas, je sortais de trois spectacles parfaitement rodés / placés / techniquement carrés, la différence m'a fait penser à la scène d'ouverture de Moulin Rouge ! comme s'ils créaient le truc sous nos yeux. C'était une expérience. Je ne regrette pas. Et je comprends la démarche. Et je ne crie pas à la trahison. Non. Et puis, je me lamentais déjà assez comme ça. 

Je suis allée chez ma soeur en Normandie, et, quand je me suis retrouvée seule devant mon ordi, vers minuit, est apparu la photographie de ma vie. L'image qui boucle la boucle. Le truc qui m'a fait pousser un gémissement de mi-joie mi-douleur mi-soulagement mi-bondieu-j'avaisraison-c'estvraimentsaréincarnation. Cette image :


Là encore, il faut me suivre depuis un bail pour comprendre la charge émotionnelle du truc. Il faut me connaître par coeur pour s'imaginer un dixième de la bombe atomique lâchée sur moi à la découverte de ça.

Une poignée saura, et sourira.
Et c'est ça que m'a rappelé cette photo. Je suis une histoire. Une trajectoire. Pas seulement le mois dernier. Et dans des décennies, j'aurais oublié ce garçon double-face, mais Oscar, Carl B. et la poignée seront là.
Ils seront toujours là.

lundi 4 juin 2012

There's a fine, fine line

... between love
And a waste of time


Ce qui est assez ironique avec cette histoire d'erratum relationnel, c'est que s'il ne m'avait pas sorti le grand jeu du "I want you" les yeux dans les yeux*, je ne me serai jamais attachée.

(*et c'était pas pour du sexe)(et c'était après une semaine de réflexion)(et c'est ce que je lui reproche, mainly)

Parce que si je m'attache à tout ce qui passe - je ne jette jamais rien, je prends tout en photo, je note tout... - je ne crois fondamentalement pas en le couple.

Je n'ai que des exemples de gens malheureux en couple autour de moi. Ou moins heureux. Des couples qui durent, durent, durent, et ne veulent se séparer alors que l'évidence est là. 

Si je me suis exilée à Paris, si je n'ai jamais obtenu mon permis, si j'ai tout fait pour avoir un boulot qu'on ne peut pas faire à la campagne, c'est parce que je voulais échapper au schéma "bon bah, j'fais quoi maintenant ? Faut bien que je me mette en couple et que je fasse un enfant, ou deux, pour faire comme tout le monde.". Au piège de la maison à la campagne à rembourser. Où tu es coincée financièrement avec une personne. 

Si jamais je dois habiter un jour avec un garçon, j'exigerai une alternative à la chambre commune. Parce que j'ai un besoin de solitude monumental. Parce que j'ai besoin de faire l'étoile de mer (dans un contexte non sexuel) sur un lit deux places en regardant le plafond et en faisant un bilan de ce qu'il ne faut pas oublier.

Donc si le garçon ne s'était pas emballé en premier, je serai restée de marbre. Heureuse, mais de marbre. Car si je suis très exigeante sur l'exclusivité des choses (je suis trop jalouse pour autre chose, et je pars du principe que si le garçon veut voir ailleurs, il le dit et on en tire les conséquences), je suis plutôt la dernière pour tout ce qui est des autres engagements.

Les présentations aux parents. La cohabitation. LES ENFANTS.

Si jamais je dépasse les uns ou deux ans de relation avec un garçon un jour, ça sera très dur pour lui de me faire démordre de quoi que ce soit. J'ai toujours cherché un orphelin pour cette raison, d'ailleurs. Et s'il pouvait être stérile, ça nous débarrasserait de bien des discussions.

Je ne crois pas en l'amour qui dure. Et je ne voyais clairement pas notre relation dépasser la rentrée prochaine, anyway. Sauf si ça roulait vraiment bien. 

Ce qui m'a clairement blessé c'est le déni total de ce qui s'est passé quand on s'est mis ensemble. On ne peut pas rassembler tous les ingrédients d'une comédie romantique pour se mettre avec une fille qui repoussait tous les garçons d'un revers de la main depuis 5 ans et dire ensuite "nan, en fait j'm'a gourré, j'avais pas vraiment envie.".

Je pense qu'avec la vie qui s'allonge, nos vies sentimentales seront de plus en plus une accumulation de CDD amoureux - on m'a d'ailleurs sorti l'expression "ah bah, c'est juste que t'as pas passé la période d'essai, meuf". On sait tous plus ou moins quand ça s'arrêtera : quand l'autre aura sa mutation, quand il ira faire son tour du monde à dos d'autruche ou quand il voudra des enfants, moi je savais que ça s'arrêterait soit avec son départ pour une autre ville, soit avec mon départ pour un autre pays. Et rien ne me fera renier ce qui s'est passé. 
Ca s'est passé.

Je ne supporte pas cette mentalité représentative de tout ce que je vois dans ma génération de ne pas laisser leurs chances aux choses, de ne pas leur laisser finir le cours naturel de leur vie. Le remplacement hâtif des gens par les autres alors qu'on n'a même pas atteint la vitesse de croisière. Qu'on n'a même pas essayé de faire fonctionner quelque chose qui valait le coup - puisque rien que le fait de se trouver ici et maintenant & de se mettre d'accord relève du miracle.

Je n'aime pas les gens frileux & blasés. Et, si j'avais connu cet aspect de sa personnalité, je l'aurai repoussé comme les autres quand lui a mis son coeur sur le comptoir. Mais, on ne sait jamais avant d'avoir vécu. Et il a préféré arrêter les choses avant de savoir où ça nous mènerait. Un manque de curiosité en totale incompatibilité avec ma personnalité, si on regarde bien.

Alors oui, ce qui me fait chier aussi, c'est qu'il était également, par certains aspect, une erreur.

Et je ne fais jamais d'erreurs.