jeudi 27 novembre 2014

So much for my happy ending



Ce moment où tu regardes ton deuxième mojito dans les yeux et où tu te demandes combien de fruits et légumes ça fait. Parce qu'en tout et pour tout, c'est tout ce que tu as et que tu vas manger de la journée. No wait: depuis 48h.

Tu écoutes ton estomac, qui te dit "No passaran motherfucker" et tu hoches la tête, bien d'accord avec lui.

Légèrement tremblante, tu regardes le monde derrière ta paille, tu sais pas trop si c'est la faim, ou le choc, ou le manque. Ou les trois. 

Le choc quand les lumières se rallument sur la salle et que tu vois ce type, et que tu le reconnais, et que tu te retrouve propulsée sur la barrière, parce que tu sais que si ce type est là, l'autre type est là aussi, sûrement. THE type qui en une nuit et quelques backstage a tout envoyé voler dans ta vie de tout juste vingtenaire. Calcul de probabilité. Tu formules en même temps à Little one "Y a machin. Sois discrète.", Little one voit alors tes yeux, ton immobilisme et à peu près les 3 dernières années de ta vie défiler en même temps que toi, parce que oui, il est là. De ses petits doigts, elle se saisit de ta main. C'est surprenant, dans ma tête il aurait fallu une grue, au moins, pour me dessouder, mais non. Je la suis. 
Non sans avoir effectué une tentative de eye contact. Est-ce qu'il se souvient ? Non. Ou alors il fait bien semblant de pas. Déjà la foule est partout. Je suis dedans. Il est loin. Cette foule dans laquelle une énième rockstar s'est jetée pour venir jusqu'à nous. Directement sur nous. Pas sûre que je le regrette.

Je commence à être fatiguée.
Comme cette impression d'être une superhéroïne qui maîtrise plus trop bien ses pouvoirs. 
Son pouvoir bien débile de rockstar magnet.

Ils vont finir par me bousiller le coeur à force d'apparaître inopinément, tels des pokémons, à chacun de mes pas.
C'est un peu comme si vous faisiez la queue derrière David Bowie pour acheter votre baguette. Sauf que ça arrive tout le temps dans ma vie. Tout le temps.

Et le pire, c'est que je cherche pas. Ils ne sont pas spécialement mon type, JE suis leur type.
Et forcément, il faut que je sois le type uniquement de gens qui ne posent pas plus que quelques heures dans un endroit, et puis 6 mois dans un autre, et puis mille ans, une vie, loin. 
Des comètes et des mirages qui sont mon réel, mon shoot de bonheur, un truc hypra éphémère qu'il faut beaucoup d'entraînement pour saisir. Le point de concentration de ma vie. Ce qui me rend parfois inaccessible pour les gens qui sont là. Bien là. Pour ceux qui ne bougent pas, et qui parfois, attendent.

Johnson-Spoiled-Brat qui touche des étoiles et arrive à en faire quelque chose de négatif. Fuck me
Mais la solitude est telle, quand tu restes sur le bas côté du tourbus. Quand tu fais pas partie du groupe. De ce groupe. D'un groupe. 

Quand tu rentres regarder ton plafond, le chat roulé sur l'estomac. Quand tu sais avec qui tu échangerais bien le chat. Que c'est à portée de main, mais que, comme toujours, rien n'est simple, et tout coince. 

What would We are Scientists do? Well, I guess: "I'd like to know what it's like to finally get what I want / But if it's not worth doin' it right, let's not do it at all."

A ce moment-là tu te ressaisis (ou pas) et tu te souviens que l'important, c'est ceux qui restent. Pas les jolies comètes. Ceux qui sont là. Ceux qui finissent toujours par te ramasser et t'emmener te nourrir de mojitos, même si c'est pas hyper sain. Ceux qui te servent du jus de fruit quand ton maquillage a coulé pendant la nuit. Ceux qui mettent tout de côté pour t'écouter geindre et te dire des trucs de base "Respire." "Vas prendre ta douche." "Communique.". 

Entre mes amis badass, les paroles de We are Scientists et Oscar Wilde, je ne peux pas ne pas m'en sortir.
J'ai beaucoup trop de chance pour en avoir le droit.

mardi 4 novembre 2014

Chamber of Reflection




Un bras sous le crâne, je me suis demandée horizontalement depuis combien de temps je n'avais pas ri comme ça.
Puis je me suis dit "Damned, comment t'en es venue à te demander depuis combien de temps tu n'avais pas ri ?"

Ca ne rit pas souvent une Johnson. Ca fait des blagues qui généralement sont reçues avec une grimace et un secouage de tête et un commentaire du genre "Non mais sérieux ?!". 

Je perds régulièrement ma personne à fou-rire (l'équivalent d'un excellent partenaire sexuel, mais pour les blagues, celui qui sait exactement quelle partition jouer pour vous faire partir au quart de tour). Puis elle revient. Mais cette année, c'est une année sans lui. 

Du coup, voilà. Je me suis retrouvée bien malgré moi empêtrée dans une toile d'araignée d'émotions contradictoires.

Parce que je me suis sentie vachement bien, grâce à d'autres gens. Et que je me laisse jamais avoir à ce jeu là. Parce qu'on s'y habitue vite. Et quand ils partent, on se retrouve un peu sur le bord de la route, comme un chien moche. 

Je me suis sentie chez moi pas chez moi. Et ça faisait un bail. Je me suis sentie en confiance avec des gens tout juste rencontrés, à l'échelle d'une vie comme à l'échelle d'une semaine de vie parisienne.

J'ai été prise d'une fièvre teenage. Assez poussée pour que je me dise "Fuck je rentre pas chez moi ce soir." "Rien à foutre du boulot." "Boire/Manger/Dormir/Rire, depuis quand le reste m'importe ?".

L'après a été dur à gérer. N'avoir personne sous la main avec qui prolonger l'effet hilarant. Ne pas être capable, ne pas être câblée de la bonne façon humainement parlant, pour exprimer ma gratitude. Etre tout juste capable de tirer symboliquement sur la manche des gens pour leur dire "Encore ?". 

Je me retrouve un peu quand je parle à des jolis inconnus sans baisser les yeux, quand je chante fort sans me soucier des regards noirs, quand je dis ce que je pense au moment où je le pense et que ça ne provoque aucun tsunami. 

Je crois que, pour résumer : je ne suis pas très très habituée à être heureuse.