lundi 25 octobre 2010

All Saints

C'est la saison des cimetières, alors vous allez en bouffer en photo d'illustration de mes notes à venir, c'est écrit, c'est la loi. 

L'automne pour les amateurs de pierres tombales, c'est un peu comme Nowel pour tout commerçant. C'est l'euphorie grandiose. La fête de la feuille morte. La glissade party généralisée. Les vieux et les jeunes united. The All-saints power (pas le groupe, le jour)(les Take That reviennent mais c'est pas une raison pour que tous les girls/boysband trépassés les suivent dans la zombiefication)

Qu'est-ce que je fous dans ces cimetières à la fin ? Vous me posez cette question souvent (sauf sur formspring, bizarrement...) et bien déjà, au lieu de chercher des coins à champignon, je cherche des coins à chat. 
J'ai pas mal de chats intérimaires ou de chats-friends-with-benefits si vous préférez, que je ne vois que lorsque j'ai un gros manque d'affection, mais bon, faut pouvoir les trouver les bestioles.

Hier, à Montmartre, à peine deux pas et pouf, deux yeux perçants m'interpellent et je trouve ce chat touffu dans un buisson : 

(si, c'est un chat, je le maintiens)

Tout comme ceci est un corbeau :
Tout comme ceci n'est pas une... hum.
Et puis, vous savez, le jeu de l'annuaire, quand vous étiez gosse, à chercher les noms à la con que vos voisins pouvaient avoir ? Et bien dans un cimetière, vous avez la même chose sur des hectares et des hectares, et en plus en plein air.

Par exemple, sauras-tu trouver à quel jeu de mot à la con à base de Rockstar bien aimée de moi ai-je pensé devant cette tombe ?



Parfois, on tombe juste sur des trucs qui devraient pas être là, qui t'attrapent l'oeil et te font sourire pour rien :


Et à un moment, une vieille dame anglaise t'interpellera et te demandera : 

"Sorry Miss, do you know where is Staïndowl ?"
Alors que tu restes comme une moule sur ton rocher à la dévisager en souriant comme une dinde, tu réfléchis deux secondes et tu t'apprêtes à répondre :
"oh. Stendahl, yes. It's because it's not his real name, it's Henri Beyle, and he's just behind that tree, that's why nobody sees him"
mais une vieille (française cette fois) t'interromps et se jette sur l'anglaise pour lui demander 
"Jean-Claude Brialy ?"
"Staïndowl ?"
"JEAN-CLAUDEUH BRIALY"
"Sorry I don't speak French. Where is Staïndowl ?"
"Oui. Mais et Jean-Claude Brialy ?"

A ce moment là j'ai fui par le premier escalier de secours (c'est pourquoi Montmartre est plus facile pour fuir que le Père-Lachaise), pour tomber quelques mètres après sur la tombe de Jean Ledrut, compositeur du Procès d'Orson Welles, je souris et repense à mon bac L, avant de grimper encore plus haut.



Et de tomber sur THE coin à chats. Dont voilà mon préféré. Parce que si je décide, un jour, de passer en CDI avec un félin autre part que chez mes parents, ce sera un chat noir qui s'appellera Marlowe. Kitty Marlowwe.

samedi 23 octobre 2010

Water over Wine

 [Modigliawine]

C'est tout moi. Je me trouve la meilleure coloc au monde et elle repart au Japon dans 15 jours, et de Paris mercredi. Du coup je vais jouer à la poétesse maudite entre les pavés du Père-Lachaise, aussi humide que mes yeux pleinnns de laaaarmes (ok, on abandonne cette histoire de poétesse...) et voir Oscar, parce que long time no see. 

Alors pour les newbie (je vous aime quand même/surtout) le Père-Lachaise, j'y ai écrit un dictionnaire, j'y visite régulièrement Jim, Amedeo et Oscar, of course, j'y ai apprivoisé et approvisionné un chat écaille de tortue, et j'y ai même bu du rosé, et surtout, il a le bon goût d'être à deux pas trois quart de chez moi.

Tout ça pour en venir au fait qu'un crime de l'humanité a été commis :

Oui, c'est la tombe d'Oscar, non ce n'est pas sale, et à vous de trouver l'intrus.
Ouais.

Bon, sinon les dégradations sur son sphinx me font toujours le même effet de fussoir. 
A savoir : BORDEL ECRIVEZ SANS FAUTES C'EST UNE TOMBE PAS UN SKYBLOG et C'est quand même formidable la cosmopolanité produite par une même oeuvre. C'est beau la littérature.

Dont preuves :












Et une patate en forme de coeur, aussi.




Et des roses, qui ne sont pas les miennes et dont je
jalouse le poseur.


Et un reminder universel :

Surtout quand on est, comme moi, à une petite semaine du chômage.

jeudi 21 octobre 2010

Schrödinger

[1/ Ce chat n'est pas MORT. 2/ Il s'appelle Sacha le chat du parc Récamier 3/ Si vous le croisez dites lui bonjour de ma part]

Moi, depuis que je me prends 50 nouveaux followers dans la  gueule en une nuit sur Twitter et des graphiques exponentiels sur mon google analytics, je me permets d'avoir les chevilles qui gonflent et de mettre des photos de chat. Histoire d'être putassière, démago et attractive. Voila. Mais je garde la Heightsy touch en mettant des titres incompréhensibles pour 99,9% de mon lectorat élargi.

Tout cela pour vous dire que je me suis toujours méfiée des garçons (si tu veux une transition, t'as qu'à l'écrire toi même). 
Je me suis même méfiée de Jim Morrison, la première fois que je l'ai vu quand j'avais 9/10 ans, position Jesus Christ, torse nu, les boucles au vent et surtout : accroché sur un mur. Sorte d'idole enluminée particulièrement païenne. 

J'avais une drôle d'impression. La même qu'on a quand on tombe sur un programme interdit aux moins de 16 ans et qu'on ne sait pas exactement pourquoi mais on sent que c'est mal.

Et puis j'ai fait comme avec tous mes blocages : je me suis forcée à la confrontation. Avec Jim, ça m'a conduit à une fanattitude irrépressible et une nostalgie incurable : celle de ne jamais pouvoir le voir sur scène. 

Concernant les autres garçons de ma vie, ils ont nettement moins de talent que Jimmy (sorry guys)(sauf peut-être toi là, si seulement tu te sortais les doigts du cul), et donc je reste au stade méfiance/confrontation.

1/2 ne comprend pas pourquoi je les regarde en chien de faïence, essayant de deviner à travers leur carcasse corporelle s'ils sont bons ou mauvais. 1/3 fuit lorsque je commence à leur balancer des bombes verbales à la face, histoire de tester leur imperméabilité à mes sautes d'humeur. 1/4 passe le dernier test et s'installe dans ma vie, souvent comme pote, plus rarement comme ami, quasiment jamais comme lover boy.

Sauf que. Comme je n'ai pas la démarche habituelle d'une fille apprenant à connaître un garçon (qui est, soyons honnête : sourire niais, rire abondant & décolleté ou jambes)(oui, le combo décolleté ET jambes est vulgaire), ils me considèrent donc comme un alien. Un truc pas tout à fait sexué. Un pote à nichons. Une meuf devant laquelle ils peuvent se lâcher. Et ils se lâchent. Grand dieux, qu'ils se lâchent.

Ils me parlent comme parlent les filles. Ils me parlent donc de filles. De détails que je n'aurais jamais voulu connaître, surtout pas en mangeant, surtout pas quand ils se sont tapés des copines à moi. 

Ils me parlent parfois de leurs sentiments, surtout quand j'ai, moi même des sentiments pour eux, sinon c'est pas drôle, et me demandent tout plein de conseils. Je suis passée maître ès réparage d'intériorité de garçons.

Je les case. Je les entremets. Je les fais rire quand ils ronchonnent. Je les engueule quand ils baissent les bras. Je les fais boire quand tout va bien et quand tout va mal. Je me prends des "tu es une mère pour moi" "tu vraiment à part, un peu comme un casque bleu" ou le dernier en date "Il n'y a que les robots et toi qui me fuient pas, sûrement parce que t'es un monstre".
Une fois que j'ai fait le ménage, je reste avec les dépôts et les ordures ménagères de leur vie retapée, je suis le Kokopelli de ces messieurs, qui, c'est dans leur nature, me tournent le dos dès que ça va mieux. Ou sont beaucoup trop radieux pour que ça m'intéresse. Alors je reste dans mon coin à digérer leurs atermoiements. Et puis vient un moment où on me hèle/où le téléphone sonne/où une fenêtre internet clignote :

"Johnson ?
_ Présente.
_ Tu sais garder un secret ? / Tu peux m'aider ? / J'ai besoin d'un conseil, là maintenant.
_ J'arrive."

mardi 19 octobre 2010

Free All Angels*

J'ai retrouvé un de ses seuls éléments stables de ma vie depuis quelques années. Mon roc, que dis-je ma péninsule (?). Bref. Elle. Qui a pour principal défaut d'habiter loin mais qui va passer les 10 prochains jours tout près tout près.

En rentrant d'un afterwork arrosé, hier, j'entends une voix qui s'élève dans le métro, et je ne fais pas attention. Les gens parlent au téléphone constamment. Alors que je regarde la dite personne, qui s'exprime fort (et en ancien français), je ne réalise pas qu'elle n'a pas de téléphone. C'est mon roc et ma péninsule, bref : elle qui me fera signe.

La personne s'exprimant à tue tête lit le Misanthrope (oui, de Molière, oui, c'est écrit en haut). Mon amie essaye de trouver une raison raisonnable à cette éberlueation de la nature. Et moi je m'interroge. A force de vivre à Paris, un tel comportement m'a paru normal, je ne l'ai même pas relevé.

Quand la folie devient normalité. La fille est jeune. Pas moche. Et je trouve ça triste, quand elle glose à voix haute sur des écrits centenaires avec des phrases pleines de tocs.

La folie est sûrement ce qui me fait le plus peur**, avec être enterrée vivante et les mocassins à gland. Mais c'est une autre histoire.

Ma plus grande mission, dans la vie, à part limiter ma période de chômage et devenir the next Oscar Wilde (si, on y croit tous) ce sera de ne jamais devenir folle.

Ou au moins, de pas choisir le Misanthrope. Quitte à être cinglée, autant réciter un mash-up d'Artaud et de Beckett. Beaucoup plus crédible.

Et puis, tout le monde sait que si j'en étais réduite à Molière, ce serait sur L'Avare que je palabrerai, perdue quelque part sur la Ligne 3.




*Free All Angels est un album culte du groupe ASH, souvent sous-estimé (l'album ET le groupe), écoutez-le & mangez-en. C'est bien.

**J'aime pas trop trop les araignées non plus, mais les faucheuses ça passe.

dimanche 17 octobre 2010

They made me do it


Nous sommes en octobre, c’est donc l’heure de Donnie Darko.

« T’es bizarre.
_ Je suis désolé.
_ Non, c’était un compliment. »

Peut-on vraiment être pris au sérieux lorsqu’on s’appelle Donald – même pas Don, ni Draper – et aussi Donnie.

Donnie Darko sort de son bus scolaire comme d’un corbillard. Préfigurant ainsi une mort certaine – puisque, après tout, c’est l’apocalypse – puisque, après tout, c’est un type avec un masque de lapin à la Barry Flanagan qui le dit. Frank, le lapin.

Sam écrit des histoires de licorne.

Et puis il y a Gretchen :
« Chouette, j’ai des problèmes émotionnels moi aussi. Quel genre de problèmes émotionnels ?
_ Il a poignardé ma mère quatre fois dans la poitrine.
_ Ah… »

La peur et l’amour. Si la peur et l’amour sont un segment, alors l’éternité n’existe pas. L’existence est limitée. Intrinsèquement.

Est-ce que le docteur connaît quelque chose aux voyages dans le temps ?
 There’s no such thing as a coincidence

« Elle baise pas la schtroumphette » y compris à Middlesex. Et c’est pas la peine d’attendre une lettre, la vieille, elle viendra jamais.

Graham Greene & The destructors se bat contre Bush Senior, ou serait-ce Dukakis ?
Frank, met pas ta patte sur le miroir, c’est pas toi qui fait les vitres.

Patrick Swayze lui, sera toujours Patrick Swayze, dans tous ses films. Et pourtant, je l’estime bon acteur, même s’il n’arrive pas à faire oublier qu’il est Patrick Swayze. Même lorsqu’il est l’antéchrist.

« La quête de Dieu est absurde si tout le monde meurt seul. »
« J’ai pas envie d’être seul. »
« Je ne me rappelle pas avoir jamais entendu parler d’un lapin. » « Une hallucination consciente. »
« Et les médicaments, nous sommes pour. »

« Frank recherchait toujours l’amour au mauvais endroit. »
Mais qu’un garçon vous court après et c’est le meilleur moment pour un premier baiser.

Let’s party, it’s Halloween.

« Pourquoi portes-tu ce déguisement de lapin ridicule ?
_ Pourquoi portes-tu ce déguisement d’homme ridicule ? 
_ Enlève-le. »

C’est le feu, en fait, qui révèle la vérité.

Et si j’avais dormi tout le film ? Non. Parce que je l’ai vue, moi, la citrouille en forme de Lapin-Flanagan-Frank.

« J’imagine qu’il y a des gens qui naissent avec la tragédie dans le sang. »

Et qu’à la fin, il faut simplement rentrer chez soi.

Mad World

vendredi 15 octobre 2010

Crazy in Live...

...I was born to live you, baby, Live at first sight & Live is all, Live is evil, of course. Ca marche aussi.

Mais bon, contentons nous du programme de Fall in Live, qu'il est bien, et qu'il commence en Novembre et qu'il finit en Novembre aussi, puisque rappelons le : 2 filles - 30 jours - 30 concerts. Voila Voila :

  • Lundi 1 :
  • Mardi 2 : Golden Gate Quartet au Casino de Paris
  • Mercredi 3 : Tis au Pop In
  • Jeudi 4 : Young Michelin au Pop In
  • Vendredi 5 : Black XS Festival à  La cigale avec Carl Barât, The Drums, Free Energy & Surfer Blood
  • Samedi 6 : Sylvain Vannot à la Bibliothèque de Clignancourt
  • Dimanche 7 :
  • Lundi 8 : Puggy au Bataclan
  • Mardi 9 : Roland Tchakounté & Eric McFadden au New Morning
  • Mercredi 10 : Kaolin au Café de la danse
  • Jeudi 11 :
  • Vendredi 12 : Jimmy Eat World à La Flèche d'or
  • Samedi 13 : We are scientists à La Flèche d'or
  • Dimanche 14 : Tony Tixier - La Halle aux oliviers à La Bellevilloise
  • Lundi 15 :
  • Mardi 16 :
  • Mercredi 17 : Theodore Paul & Gabriel, Hopsy & Mr John Lewis / Nuits Capitales à l'OPA
  • Jeudi 18 :  Ipod Battle / Nuits Capitales au Bar Ourcq
  • Vendredi 19 : Radiosofa / Nuits Capitales à L'international
  • Samedi 20 :  Lionel Langlais / Guillaume Bongiraud au Théâtre Darius Milhaud
  • Dimanche 21 :  Rigolus Band / Nuits Capitales à L'alimentation Générale
  • Lundi 22 :
  • Mardi 23 :
  • Mercredi 24 : [Date réservée mais incertaine]
  • Jeudi 25 :
  • Vendredi 26 :
  • Samedi 27 : Neïmo à la Flèche d'Or
  • Dimanche 28 :
  • Lundi 29 :
  • Mardi 30 :  Robert Francis à La Cigale 

Vous voyez, on a encore besoin de vos suggestions et/ou invitations pour les dates qui restent à combler !
Dans les nouveaux noms, je dois vous dire que je suis particulièrement excited de voir un des groupes qui a forgé mon adolescence (mais oui, toi même tu sais, quand on écoutait des mauvais stream de Radioblog tout en se lamentant sur notre absence de vie culturelle, le cul vissé dans notre province natale), j'ai nommé : Jimmy Eat World

Comme dirait le Mr "Donne moi mon ticket" de la Fnac des Halles "Jimmy... mange... le monde ?". Ouais. C'est ça. Mais c'est surtout Pain - The Middle - Hear you me. Triade capitoline de mes teenage sautes d'humeur.

Ensuite je tiens à saluer la représentation Normande dans notre programme, en la présence de Radiosofa, des Rouennais que je snobais fortement à l'époque (j'étais dans la team Tahiti80, et aveuglée par leur rayonnement universel) et que je découvre un peu mieux maintenant que j'ai les deux pieds à Paris. Loin des terrasses du Jeudi et autres 14 juillets dans les jardins de l'hôtel de ville (Wesh 7-6, represent, t'as vu).

Et enfin, Young Michelin, qui ont intérêt d'être bons VU qu'ils ont gagné CQFD (ceux qu'il faut découvrir), le concours marathon des Inrocks. Même si, avec Hélo, on aurait préféré que ce soit Wagner, une de nos découvertes de l'année passée qui devient archi-top-trendy maintenant qu'il ouvre pour Goldfrapp et Air (d'ailleurs si vous avez deux invits pour nous pour Goldfrapp le 22 au Trianon , et bien vous devenez mon dieu, mon roi, mon conseiller pôle emploi, tout ça à la fois).

Maintenant que je vous ai bien cassé les yeux à parler musique sur mon blog perso (et plus sur Naamb, dieu ait son âme), je m'apprête à affronter un TRAIN, ou un TRAIN, en ce jour de grève, au risque de me retrouver en compression de César et à pleurer ma mère parce que je suis coincée entre un gros qui transpire, une poussette et un chiale qui môme. Ou l'inverse.

mercredi 13 octobre 2010

I'm probably makin' this up

Oui. C'est bon. Je suis là. Calmez vos nerfs. Et j'ai un cadeau.

Vous savez Fall in Live, ce petit concept sympathique de 2 filles 30 jours 30 concerts qui commence en Novembre ? J'en avais parlé .

Et bien, voila :

(Lien à faire tourner : http://www.dailymotion.com/video/xf5vi3_bande-annonce-fall-in-live_music)

Sinon, en ce moment, à part monter des vidéos pixellisées, je rewrite des histoires d'anges et de vampires qui ont des prénoms un peu gênant, rapport à ma vie amoureuse passée, c'est ça aussi, les risques du métier.

Et puis un poisson a enfin mordu à l'hameçon, sous la forme d'un entretien pour un CDI demain. Entretien dont je n'attends absolument rien et qui m'éloignerait un temps de l'édition pure pour faire gonfler mon carnet d'adresses. On verra.

Lundi débarque ma great friend Tokyoïte avant qu'elle ne reparte pour ses vertes contrées en novembre et vu qu'on va probablement mettre le feu au tout Paris pendant 10 jours, il y a des risques pour que vous n'entendiez pas parler de moi, ou alors par bribes monosyllabiques sur Facebook ou Twitter sur les coups de 3h du mat'.

Mais bon. Vous commencez à avoir l'habitude, right ?

PS : Vous aussi, achetez des actions Fall in Live : on Facebook.

vendredi 8 octobre 2010

Black Pearl

"Editor" n'est pas seulement le nom d'un de mes groupes préférés de la Terre et du moment. C'est aussi ma future carrière (enfin, si je me perds pas dans les entrailles de la traduction voire de la librairie durant ma prochaine période de chômage).

C'est un métier qui fait fantasmer, et beaucoup de gens de l'intérieur entretiennent ce fantasme, un peu comme un clown ne se montre jamais sans maquillage. Nous sommes un mythe. Une image d'épinal. Des marionnettes qui servent à détourner l'attention du fait qu'on a, nous aussi, pour la plupart, des actionnaires, des fusions/acquisitions et des comptes d'exploitation prévisionnels serrés serrés. 

Alors démystifions. Parce que vous êtes mes lecteurs, que vous n'êtes pas des bourriques, et que j'ai un peu l'impression de me foutre de votre gueule en vous faisant croire que je suis une sorte de médecin accoucheur pour auteurs touchés par la grâce.

Première étape dans "Les questions que je reçois toujours", le fameux coup du  :

Vous les lisez les manuscrits reçus par la poste ?

"Vous" signifiant "les décisionnaires" je répondrai : Non. Les stagiaires lisent les manuscrits reçus par la poste. Après, si vous avez un bon gros CV d'auteur publié ça aide à être transmis directement à l'éditeur et si, dans votre lettre d'accompagnement, vous citez deux trois noms susceptibles de revenir en mémoire du responsable de la collection, y'a moyen que vous sortiez du tas de boue.
Le stagiaire lecteur, lui, n'a que ça à faire, pratiquement, de lire les dizaines de manuscrits reçus par jour. Alors vous pensez bien qu'il est en quête de la perle rare. Et c'est possible, la preuve, ça m'est arrivé. Certes, il a fallu que je me tape la collection Septembre/Juin de manuscrits reçus par la poste, soit, au rythme de 5 par jours, 5 jours par semaines, pendant 10 mois à peu près 1000 manuscrits reçus. Autant vous dire que non, je n'ai pas eu le temps de tous les lire et cela vous explique par la même occasion pourquoi il y a jusqu'à 6 mois d'attente pour obtenir votre lettre de refus réponse.
La méthode c'est d'abord d'examiner le paratexte : est-ce que l'auteur est connu ? est-ce que le manuscrit correspond à la collection ? (Sinon, il va directement dans la collection du voisin, ça s'appelle balancer la patate chaude à ses co-stagiaires, et au pire s'il ne correspond à rien et que l'auteur a envoyé son recueil de poésie abstraite à la collection de science-fiction par pur désespoir, c'est retour à l'envoyeur)(Il y a déjà peu de chances qu'on vous remarque et qu'on vous publie alors on ne va pas créer une collection juste pour vous). Ensuite, presque le plus important : la lettre d'accompagnement.

Il faut que le synopsis soit engageant. Sinon le stagiaire qui s'est tapé 12 paquets de photocopies, 3 livres à scanner, et deux manuscrits pédo-zoo-cradophiles avant de lire votre bébé, il risque d'être d'encore plus mauvaise humeur. Ensuite, c'est toujours bien de préciser que vous connaissez bien la collection et pourquoi vos écrits à vous correspondent à notre ligne à nous. Ca s'appelle nous mâcher le travail, mais c'est apprécié.

Ensuite deux écoles : celle des directeurs de collection psychorigides qui exigent une fiche de lecture pour chaque manuscrits et celle de ceux qui n'ont pas le temps de lire une page résumant 500 pages et qui vous demandent de ne résumer que la crème de la crème.
Fiche de lecture, wtf ?

C'est vrai, c'est quoi ? Un truc genre le résumé de La Guerre des Boutons comme on vous avait demandé en 5ème ? Ouais. Non.

C'est un résumé oui, mais donnant l'idée la plus précise possible de l'intérieur du bouquin en une demi-page tops. Sachant que dans ma spécialité, l'imaginaire, les auteurs aiment bien faire du 1000 pages. En 5 tomes. La tâche est ardue. La deuxième partie de la fiche = le passage à la moulinette de votre bouquin.

Il a beau être bien écrit et chatoyant, s'il est invendable il sera renvoyé avec une lettre d'encouragement et basta. Il faut donc préciser la cible susceptible d'être enjouée par l'achat du dit bouquin, femme/homme, ado, enfants, quel âge ? etc.
Il faut surtout assembler des bouquins allant dans le sens de votre conclusion personnelle, car la dite fiche de lecture se terminera irrémédiablement par "Avis favorable à la publication" ou "Avis défavorable à la publication". 

Suivant les maisons les mots choisis peuvent être plus crus. 

Ensuite, lorsque le directeur de collection daignera t'accorder de son précieux temps, entre ses réunions, ses rendez-vous, ses coups de gueules envers la fab/le studio graphique / le marketing / les commerciaux et son frotti-frotta avec les journalistes/ ses collègues directeurs de collection / les libraires, tu auras 10 minutes pour lui présenter ton travail de la semaine. En gros entre 5 et 10 fiches de lectures sur la trentaine de manuscrits balayés. Soit entre 2 et 1 minute d'attention par fiche. 

Ensuite, si un des manuscrits a retenu son attention, le directeur de collection transmettra la bestiole à son lecteur chouchou attitré (et surtout payé), qui démontra une fois sur deux ce que vous avez présélectionner, parce que faut pas déconner. Etre lecteur payé c'est pas être un bisounours. Les places sont chères dans les collections et il faut faire du vide. 

Voila. Si le lecteur payé donne un avis positif, peut-être qu'enfin le décisionnaire en chef ouvrira votre bébé et en lira les 15 premières pages avant de dire "mais, c'est quoi cette merde ? Vous avez fumé quoi tous les deux ?"

C'est alors qu'il faut l'implorer afin qu'il pousse sa lecture plus loin, et, parfois, si les astres sont alignés et que l'économie repart à la hausse, la perle finit par être publiée. 

(La mienne, en l'occurrence, 3 ans après sa découverte, alors conseil suprême : auteurs, soyez patients !)

Ps : Les tâches stagariales décrites ici correspondent au poste très officiel de stagiaire éditorial lecteur. Il existe plein de races et de missions différentes pour le stagiaire futur-éditeur, dont le stagiaire éditorial pas que lecteur, ou le stagiaire attaché de presse, ou encore le stagiaire com', ou encore le stagiaire machine-à-café-plante-verte.

Et la prochaine fois, on verra "Mais cette couverture correspond pas du tout à ce qu'il y a dans le livre, ils les lisent au moins les illustrateurs ?", mais bon, vous vous doutez déjà sûrement de la réponse.